dimanche 20 novembre 2011

La culture

Désemparée, je suis arrivée au Virgin des champs sans plus avoir de sf à me mettre sans la dent : fini Asimov, Zelazny, Holdstock, Simmons... Or ce magasin abrite un trésor au dernier étage : un vendeur passionné. Il m'oriente vers Iain Banks et son cycle de la Culture.


C'est du space opéra avec tous les ingrédients : vaisseaux spatiaux de tailles continentales; robots aux facultés démultipliées; races étranges qui se croisent aux confins des galaxies... La grande originalité du cycle est la civilisation imaginée avec beaucoup de détails par Banks. La Culture est une société qui dérive à bord de bâtiments aussi grands que des planètes, d'une tolérance sans limite; sans politique particulière, prise de pouvoirs, conflits, ou argent; où les êtres vivants, organiques ou mécanique, travaillent éventuellement pour le plaisir mais sans nécessité; le tout étant administré par les Mentaux, sorte de machines aux capacités de calcul infinies. Alors qu'elle dérive tranquillement dans l'univers, la Culture absorbe peu à peu d'autres sociétés, suffisamment ouvertes et évoluées. Dans le processus, la Culture fait intervenir son unité Contact, qui prépare le terrain et protège les secrets de la Culture. C'est là que le masque de société idéale laisse entrapercevoir un aspect plus cynique, où des drones légèrement psychopathes et des mercenaires peu scrupuleux infiltrent des mondes avec pour mission de les faire pencher «dans la bonne direction». Ce irrite les espèces les plus fières et belliqueuses et mène aux différentes évènements relatés dans chacun des 8 tomes du cycle.

Pour l'instant, je n'ai lu que le tome 1 (l'homme des jeux) et je suis dans le 3 (une sorte de guerre).

L'homme des jeux raconte comment un expert en jeux un peu blasé accepte d'intégrer Contact pour participer à un tournois dans l'empire d'Azad. Ces derniers ont eu le raffinement de créer le jeux le plus complexe jamais imaginer, tout en cultivant des mœurs sadiques. Le roman met en balance le champion de la culture, Gurgeh; et le monde d'Azad extrêmement hiérarchisé.

Une sorte de guerre adopte le point de vue d'un ennemi, un des derniers métamorphes, qui se range au coté des Idirans dans la guerre qu'il les oppose à la culture, et a pour mission de récupérer un Mental qui s'est échappé sur l'intouchable planète de morts.

Je suis un peu mitigée sur le cycle : le fond de l'histoire est fascinant, les scénarios bien pensés et les personnages intéressants; mais j'ai du mal avec le style assez lent de l'auteur. De plus, je n'arrive pas toujours à traduire ses descriptions en paysages mentaux et à me laisser emporter dans l'action. Çà vaut le coup d'essayer et de voir si la plume de l'auteur convient à sa sensibilité. Un grand avantage, il semble que chaque livre peut se lire indépendamment.

Kimi wa petto


Il y a quelques jours une amie me conseillait ce manga. Hélas c'est sans compter ma nature légèrement obsessionnelle qui fait que je me suis depuis avalée toute la série télé depuis et entamé les bd. Kimi wa petto se classe à la limite du shojo (certes, je le déconseille à ceux qui n'aiment pas avoir des petits cœurs en sucre sur leur cup-cake) et du manga de société.
L'héroïne se distingue radicalement des petites lycéennes en marinière qui ont besoin d'un prince charmant pour faire le moindre pas dehors. Sumire est grande (du haut de ses 1m72 elle dépasse tout le monde d'une tête); elle est belle (les gens dans la rue la prenne pour un mannequin); elle est intelligente (sort de la meilleure université du japon et a étudié à l'étranger) et elle mène une brillante carrière de journaliste (qui lui bouffe tout son temps). On pourrait se dire qu'elle a tout. Mais les choses ne sont pas aussi simples dans un monde où les rapports hommes-femmes sont en pleine mutation. Elle doit se montrer ferme et distante pour que ses collègues masculins la prenne au sérieux. Elle impressionne tellement les hommes qu'ils finissent par fuir dans les bras de jolies petites créatures zézayantes qui opinent sagement à tout. Elle ne sait pas s'attirer la sympathie des autres puisqu'elle préfère serrer les dents et travailler dur plutôt que de se mettre à pleurnicher comme ses collègues féminines. Au final, Sumire est très seule, incapable d'exprimer ses frustrations et ses désirs.
Jusqu'au jour où elle trouve au bas de son immeuble un carton avec dedans un jeune garçon blessé et endormi. Elle le sauve, le soigne, le nourri et quand le jeune garçon décide de rester vivre avec elle, elle accepte à condition qu'il devienne son animal de compagnie : une présence avec qui elle peut être elle même, qu'elle cajole, sans qu'il ne lui demande rien et qui obéit à toutes ses demandes. C'est ainsi que le garçon devient Momo. Bien entendu, on soupçonne tout de suite le potentiel cocasse de la situation.
La série est pas mal; bien sur çà reste du soap, mais c'est du soap japonais (la version coréenne est de bien moins bonne qualité). Pour l'instant je la préfère au manga papier parce qu'elle laisse la situation s'évoluer naturellement entre Sumire et Momo et l'actrice est juste magnifique. Ensuite la série est courte : 10 épisodes. C'est une chronique moderne sur la vie au Japon, avec des personnages très attachants.

jeudi 27 octobre 2011

Maliki

Maliki, au départ petit webcomic créé par un jeune infographiste, est en train de devenir une série de BD culte !

Pourquoi un tel engouement ?



1) Les chats !
Véritables stars de la série, au grand désespoir de l'auteur/dessinateur d'ailleurs, les deux chats qui font partie des personnages principaux sont souvent dépeints dans leurs facéties quotidiennes, provoquant une identification du lecteur envers le personnage de leur pauvre "humain de compagnie" (pour reprendre l'expression d'une amie), Maliki.

Illustration : Instinctus felis


2) Génération Club Do
Encore un point qui agace l'auteur, mais une autre raison de son succès est très certainement le style de dessin inspiré par les mangas et les nombreuses références aux dessins animés d'enfance de notre génération d'adulescents geeks.

Illustration : Otakus au taquet


3) Quotidien surréaliste
Un style d'humour que j'apprécie tout particulièrement et qui est très présent chez Maliki, c'est l'exagération surréaliste des péripéties du quotidien et des souvenirs d'enfance, laquelle entraîne à nouveau l'identification du lecteur, renforçant l'accorche des points 1) et 2).

Illustration : Poste mortem


4) Une pointe de cynisme social
La touche finale : un regard à la fois aigri et lucide sur notre espèce et les dysfonctionnements de notre société, d'où renforcement des points d'accroche 1), 2) et 3).

Illustration : Karma Express

Avec tout cela, on en oublie parfois que le personnage a les cheveux roses...


Alors, accros ?


Site officiel : http://maliki.com

BD : 5 tomes publiés à ce jour chez Ankama Editions

samedi 15 octobre 2011

Le Horla/Closevent

Chronique rapide pour faire d'une pierre deux coups:

Nous avons été voir le Horla au théâtre grâce à Closevent.

Adaptée de la nouvelle fantastique de Maupassant, la pièce reprend la troisième et dernière version de cette nouvelle (ie celle qui revêt la forme d'un journal intime). Durant ce monologue minimaliste d'une heure et quart environ, on voit l'interprète (1) sombrer, lentement et magistralement, dans les eaux troubles du doute: est-il fou ou un être surnaturel s'abreuve-t-il nuitamment de sa vie, sapant ainsi sa volonté?. 
Moi qui ne suis pas un grand fan de théâtre à la base, dont je trouve les scénarios souvent abscons, les interactions alambiquées et les interprétations surjouées, j'ai ici été subjugué, ravi, comblé! D'autant que les places ne nous ont pas coûté bien cher: nous étions invités...

Non non, ne vous faites pas d'idée, ce n'est pas notre statut de blogueurs superstars qui nous ouvre les portes du monde du show business et de la jetset...c'est la magie de Closevent.com. Ce site web offre des invitations pour des pièces de théâtre, des concerts, des expos, des ballets etc... gratuitement! L'inscription se fait après invitation et votre serviteur de Crapoto est déjà dans la place ;) (2) Seul bémol: ça reste très parisien comme site, même si les places de ciné sont pour toute la France et que le site propose une régionalisation aussi fine que les indicatifs téléphoniques (IdF, NO, NE, SE, SO).

(1) Florent Aumaitre, que l'on essayera de retrouver dans des pièces futures, tant son interprétation était fine et juste. Malheureusement, mesdemoiselles, il ne ressemble pas trop à la peinture utilisée pour l'affiche.

(2) pour les invitations, envoyez moi un email cf la rubrique contact

dimanche 25 septembre 2011

Melancholia

Un film de Lars Van Trier.

Synopsis : À l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård) donnent une somptueuse réception dans la maison de Claire (Charlotte Gainsbourg), la soeur de Justine, et de John, le très riche mari de Claire. Alors que les relations familiales se dégradent peu à peu et que le mariage tombe à l'eau, la planète Melancholia se rapproche lentement de la Terre…

Le début, avant le générique, est long, même si les images sont belles et marquantes, c'est trop long, ce qui enlève en grande partie le charme. Heureusement la suite nous a laissé une impression plus positive. Ce n'est toujours pas un film pour se remonter le moral (décidément, il faut que j'aille voir une bonne comédie !), il est sombre et pessimiste (enfin surtout pour l'espèce humaine), il met parfois mal à l'aise, comme tous les films de Lars Van Trier mais ne va pas trop loin à mon goût. Il s'ajoute aux ambiances de ses films précédents une touche de fantastique assez poétique qui change. J'ai beaucoup aimé les personnages principaux. On s’interroge sur la joie de vivre, la dépression, le tout sur un fond de fin du monde et d'influence planétaire. Mais, encore une fois, pas de grande révélation, la balance entre les deux personnalités féminines est comme souvent très manichéenne.
En bref pas dans les pires mais pas dans les meilleurs non plus et je ne suis pas déçue d'être allée le voir. 

La piel que habito

Un film de Pedro Almodovar d'après le roman Mygale de Thierry Jonquet. 
Synopsis : Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau : sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable cuirasse contre toute agression, tant externe qu’interne, dont est victime l’organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu’offre la thérapie cellulaire. Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé, il en est tout simplement dénué. Marilia, la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye… 

Des personnages complexes et bien joués, fidèles au style d'Almadavar. 
Une histoire irréelle où un homme met en pratique ses désirs les plus fous. 
Une réflexion sur l'enfermement, l'identité, la folie... 
Un film qui m'a laissé une impression un peu dérangeante et glauque mais mérite d'être vu. 
Par contre n'y allez pas pour vous remonter le moral !

samedi 17 septembre 2011

Portal, again

Vous vous souvenez, Portal, je vous en avais déjà parlé ...

Juste une petite brève pour ceux qui hésitaient toujours à franchir le pas de jouer à Portal: Valve le rend gratuit au téléchargement jusqu'au 20 septembre! (Et ce, sans rire, à des fins éducatives, le détail de l'initiative ici)

Et pour Portal 2, les résultats du concours de clip pour la chanson des National (Exile Vilify) sont dispo...certains de ces clips réalisés par des amateurs sont d'une incroyable facture, et pourtant gratuits! C'est là.

And don't forget...the cake is a lie!

vendredi 16 septembre 2011

Bref

Bref est la nouvelle série courte de Canal+ qui raconte à tout le monde, et à la première personne, les aventures ordinaires d'un homme moyen: passer un entretien d'embauche, draguer une fille, aller chez le psy etc...

Bien que ça ait l'intensité scénaristique d'un blog BD à la Pénélope Jolicoeur pour , elle se regarde avec plaisir tant c'est raconté de façon drôle et dynamique, filmé avec punch comme un clip, et bien joué par le narrateur (qui est aussi acteur, co-réalisateur et scénariste a priori).

En bref, Bref est une bonne série, dispo sur le net pour ceux qui n'ont pas de télé.
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3848-c-bref.html

dimanche 4 septembre 2011

Quelques lectures de cet été

Et oui, les vacances s'achèvent, ce merveilleux moment pour lutter contre la pile de bouquins qui s'empilent sur les étagères. Quelques livres dont je n'ai pas eu le temps de parler :


L'erreur est humaine : très très drôle. Woody Allen écrit avec beaucoup d'humour, de tendresse et d'acidité. Ses nouvelles prennent place dans des mondes un peu décalés qui font ressortir les défauts et les névroses qui sont les nôtres... enfin plutôt les siennes... mais qui nous font beaucoup rire.



Vie et mort de la population mondiale : on entend un tas de chiffres effrayant à propos de l'évolution de la population de la Terre : d'ici 2050, nous serons 9 milliard, la planète ne tiendra pas à ce rythme... Effectivement, c'est angoissant. Ce livre, écrit par Hervé le Bras, directeur du laboratoire de démographie historique de l'EHESS, replace ces chiffres dans une science : la démographie. Comment ces prévisions sont-elles construites? Existe-t-il plusieurs modèles? On comprend que derrière une notion abstraite (population mondiale) se cachent d'autres problèmes plus précis (ex : quid de la part de l'agriculture dévolue au carburant/alimentation humaine; la baisse de fécondité estelle partout la même...). Un livre très bien écrit et très intéressant, même pour un néophyte comme moi.


La plus belle histoires des plantes : une catastrophe! En fait, je me suis arrêtée très vite. Ce bouquin parle de l'évolution des plantes. Le style interview est désagréable. Ensuite, il est bourré d'inexactitudes, voire il est tellement mal écrit que l'on comprend certaines choses de travers (genre : les plantes et les animaux évoluent, mais pas les bactéries : hé banane, comment on arrive aux souches multi-résistantes?). Il n'y a pas une page où je n'ai pas froncé les sourcils (je suis peut être injuste, n'étant pas non plus une spécialiste d'évolution végétale et ne l'ayant pas terminé, mais vraiment... c'est mauvais). A ne PAS lire.


Cro-magnon toi même : celui-là par contre est très chouette. On a tendance à penser que l'évolution s'est arrêtée avec l'homme et que nous avons substitué la raison aux nécessités de la survie. Que nenni, il reste bien en nous une petite part de cro-magnon, qui pourrait expliquer bien des choses. Michel Raymond, biologiste de l'évolution, pose des questions d'apparence légère comme : pourquoi y-a-t-il de plus en plus de myopes? Pourquoi la crise de l'adolescence? Comment adapter notre régime alimentaire à notre génome? Tout ça de manière claire et ludique. Des tonnes d'illustrations fascinantes sur l'évolution de notre espèce.




La série des True Blood (la communauté du Sud): oui! J'avoue! Et j'ai aimé. Les scénarios sont peut être mieux construits que pour la série, vu que l'auteur n'a pas l'obligation de finir sur un cliff-hanger (paroxysme de suspense) toutes les dix pages. Toutefois, c'est centré sur Sookie, et on perd des personnages jubilatoires comme Lafayette. Pour les fans.



Chrono-minets : pour (re)découvrir Asimov. Ce patronyme évoque de longs space-opéras (Fondation) ou des romans sur les Robots. C'est oublier qu'à ses débuts, Asimov écrivait de petites nouvelles, pour des revues spécialisées de SF afin de financer ses études de biochimie. Chrono-minets reprend certains de ces titres, réunis pour une première ré-édition dans les années 60-70 avec des notes de l'auteur (on sent une inflation de l'ego, mais en même temps, il a de quoi). Les nouvelles sont inégales, mais certaines sont des perles de SF, datant d'avant la seconde guerre mondiale et les commentaires d'Asimov permettent de mieux se représenter sa vie à cette époque. A lire comme des friandises.

mercredi 31 août 2011

Un secret vosgien bien gardé


Culturophage gourmand, gourmet et carnivore, je suis ici pour dénoncer un complot honteux ourdi contre ton palais délicat et ton estomac affamé de découverte: dans les lointaines et montagneuses forêts des Vosges se cache l'un des plats les plus savoureux de l'hexagone. Pourtant qui a jamais entendu parlé de « pièce fumée »? Hein! Hein??! Voilà! Comme si en Quercy, on avait décidé de se mettre de coté le foie gras (certes qui serait une invention juive, à voir cet excellent Ted talks), comme si les japonais avaient jalousement conservé leurs sushis, comme si la pomme de terre n'avait jamais traversé l'atlantique. Pourtant leurs voisins alsaciens ont bien exporté leur choucroute, avec toutes les conséquences post-digestives déplorables qu'elle engendre, mais je soupçonne que c'était pour mieux détourner l'attention de ce secret culinaire. Car rien que son fumet me ferait saliver autant que tous les sujets de Pavlov réunis et c'est l'une des raisons qui me garde de devenir végétarienne pour de bon.
De quoi s'agit il?
D'épaule ou palette de porc fumées et légèrement saumurées.
Comment cela se prépare?
Le plus simplement du monde, on balance la viande, quelques légumes (carottes, navets, patates) et quelques aromates (laurier, quelques clou de girofle plantés dans un oignon) dans une cocotte minute, on recouvre d'eau, on referme et on attend. Plus on attend, mieux c'est; et alors que la cuisine embaume, l'attente se transforme en exercice de maîtrise de soi sialagogue. Quand la viande tombe toute seule de l'os (après au minimum 2 heures, mais les plus stoïques peuvent faire durer la torture jusqu'à 4h et plus), c'est parfait. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette viande n'est pas grasse. Le bouillon peut être réutiliser à loisir pour faire cuire de pâtes, préparer des soupes...
Ô rage, ô désespoir, je n'ai jamais croisé de pièce fumée sur les étals des boucheries parisiennes et me contente d'en récupérer quand je vais faire un tour dans les Vosges. Mais si jamais la chance vous sourit, n'hésitez pas!
La photo vient de

lundi 29 août 2011

Après Emily, Charlotte


Continuons dans notre lancée victorienne.

Jane Eyre, publié en 1847, est l'un des romans anglais les plus populaires et étudiés de nos jours. Jane, orpheline, passe une enfance malheureuse. Elevée chez une tante qui la traite comme une inférieure et martyrisée par ses cousins, elle finit par se rebeller. Elle est envoyée dans une pension pour jeunes filles pauvres, Lowood, où l'éducation est stricte et les conditions sanitaires déplorables. Cependant, après qu'une épidémie décime la moitié du pensionnat, les conditions de vie s'améliorent sensiblement. Jane devient un modèle victorien de jeune fille, modeste et appliquée, lissant son caractère rebelle et impétueux. Elle passe 8 ans à Lowood et finit par y tenir le rôle de professeur. Elle a 18 ans quand elle décide de se frotter au monde et d'accepter un poste d'institutrice auprès d'Adèle, la pupille d'un certain Rochester. Sa vie se déroule paisiblement jusqu'à ce que le maître des lieux fasse irruption à Thornfield. L'attirance de Jane pour Rochester, un homme sauvage et solaire, se développe peu à peu malgré leur différence d'âge (il a 20 ans de plus qu'elle) et de conditions sociales (il est riche, elle est pauvre). Cependant, une menace plane sur Thornfield, tout d'abord en la présence de Blanche Ingram, belle et de bonne famille, que Rochester semble vouloir épouser; mais surtout, le château abrite un secret. On entend parfois un rire terrifiant, venant d'appartements fermés à clef et Grace Poole, la servante qui y loge, est pour le moins étrange. Jane Eyre est une nuit réveillée par ce rire maléfique et trouve la chambre de son maître incendiée. Malgré cela, Grace Poole n'est pas inquiétée...

Si ce mélodrame est bien construit et se lit agréablement, je ne comprends pas trop pourquoi ce roman a eu tant de succès. Le style est inégal (la fin est bien mieux écrite que le début) et les personnages finissent par « rentrer dans le moule ». D'après les analyses que j'en ai lues, une clef de ce roman est le fait que Charlotte confronte des valeurs sincères (amour profond; vrai sentiment religieux) et des « masques » (amour de convenance, mariage de raison, appariement convenables entre des jeunes gens de même classes sociales...; lois religieuses). Si certains tabous (la bigamie, les relations parents-enfants, les conditions de vie dans les pensionnats, les barrières de classes) sont abordés, on est loin du tumulte enragé et des sentiments destructeurs des Hauts des Hurlevents. C'est un peu comme comparer une meute de chihuahua avec la chevauchée de Walpurgis. Attention, ça ne signifie pas dire que je ne l'ai pas lu d'une traite pour autant. Surtout, il donne une vision assez effarante de la position féminine de l'époque. Ainsi la description d'Adèle adulte, devenue une compagne idéale : "obligeante, docile, de bon caractère et sérieuse" résume bien les qualités qu'on attend d'une femme!

Charlotte s'inspire de sa propre existence. Le physique de l'héroïne en témoigne : petite (le cercueil de Charlotte Brontë mesurait 1m45), ses traits fades et irréguliers. Ensuite, il y a Rochester, un hybride entre Branwell, le frère débauché (ce qui rappelle les écarts de conduite de Rochester pendant sa jeunesse) et Constantin Heger, le pédagogue bruxellois et marié, dont Charlotte tombe désespérément amoureuse. On retrouve les thèmes de la déception sentimentale, de la séparation, de la différence d'âge et de statut, de l'homme inatteignable. Tout donne l'impression que Jane Eyre est une façon de vivre par procuration cet amour impossible.
Ci dessus un portrait de Charlotte, d'après description (sur Wiki)
A noter pour les adaptations cinématographique une version en 1996 avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Jane Eyre (choix judicieux) et Anna Paquin (ouioui, la jolie blonde de True blood) qui incarne l'héroïne jeune; et une version vaudou librement inspirée en 1943 (I walked with a zombie).

Surtout après tout çà, je conseille « L'affaire Jane Eyre », le roman loufoque de Jasper Fforde!

mardi 23 août 2011

Orgueil et préjugés et zombies


Après m'être régalée de l'original « Orgueil et préjugés » de Jane Austen (Merci encore Pangoline qui m'a mis l'eau à la bouche ici et ), voilà que je tombe sur cette BD parodique écrite par Seth Grahame-Smith et illustrée par Cliff Richards. Mon chéri étant fan de zombies, j'ai été plus qu'intriguée et attirée et l'ai ramenée à la maison.

Les moins :
Le graphisme est plus ou moins travaillé selon les vignettes et on a du coup parfois du mal à reconnaître les personnages féminins.

Les plus :
Je suis une fan de tout ce qui est combats à l'épée version asiatique donc j'ai été servie. (en plus ce sont des femmes !)
Le graphisme est vraiment agréable.
On retrouve bien le ton féministe, ironique et novateur de l’œuvre originale.

Plus et moins :
La parodie est beaucoup plus trash et sanglante (âmes sensibles s'abstenir même si les dessins en noir et blanc rendent l'hémoglobine moins visible), on perd donc bien sûr en finesse et en subtilité. Certaines scènes et intentions des personnages paraissent alors dénaturées mais n'est-ce pas le principe de cette parodie ? ;-)

En bref j'ai bien aimé pour ce que c'est, c'est à dire une parodie et donc loin derrière le roman original. J'ai appris peu de temps après qu'en fait l'auteur Seth Grahame-Smith en avait d'abord fait un roman. J'ai beaucoup aimé la BD mais je ne suis pas sûre que ce soit au point d'en lire le roman...

Je pense que cet interview de l'auteur éclaire un peu ses intentions...


L'homme qui voulait être heureux


Comme beaucoup, je me suis laissée prendre par un des bestsellers de l'été. Très facile et rapide à lire. On se laisse aller au grès d'une histoire pas vraiment novatrice mais agréable et qui porte bien les idées que veut faire passer l'auteur, Laurent Gounelle.
Notre homme est un enseignant en vacances à Bali. Il est déjà tout de même un peu hors normes : il n'a pas choisit les vacances en voyage organisé où on court d'un monument à l'autre et on dort dans des grands hôtels pour touristes en croyant avoir tout vu du pays. Il loue une petite case sur une plage très peu fréquentée et part à la rencontre de lui-même et des gens.
Plusieurs personnes lui ont conseillé d'aller voir un guérisseur local. Il n'est pas malade mais tout de même intrigué et y va. Le diagnostic tombe : il n'est pas heureux !
Commence alors un petit parcours initiatique où le sympathique guérisseur lui propose des épreuves/exercices pour redécouvrir les vraies valeurs de la vie et peut-être le bonheur, pour sortir de toutes ces croyances quotidiennes dans lesquelles il s'enferme.
Je ne suis pas sûre que les références scientifiques soient très sures mais l'ensemble philosophique et psychologique du livre fait office d'une bonne piqûre de rappel de certaines vérités que l'on connait mais que l'on a du mal à avoir tout le temps en tête et encore plus à appliquer...

lundi 22 août 2011

Princess Crêpes

Attention, si vous êtes allergiques à l'attraction Small world de Disney land, ce message risque de vous laisser des séquelles importantes.


Par un chaud après midi d'été, nous avions rendez-vous au Loir dans la théière, un salon de thé du Marais (auquel une prochaine chronique sera immanquablement dédiée un jour au l'autre). Arrivés à destination, nous trouvâmes porte close, la cuisine étant en rénovation jusqu'à la fin du mois.




Nous nous rabattîmes donc sur Princess Crêpes, échoppe kawaii s'il en est, sise au 3 rue des écouffes, dans le 4ème. Au menu, des crêpes, curieusement. Mais pas n'importe quelles crêpes: des crêpes avec des morceaux de fruits, de glace, de chocolat, de cheesecake etc.... Dit comme ça, ça semble indigeste, mais les petites fées japonaises qui font le service réussissent le tour de force de rendre le tout goûteux et pas lourd du tout...pour avoir tester la crêpe "Princess" avec un peu de tout (oui, glace+cheesecake+chantilly+fruits).



Les prix sont tout à fait raisonnables (de 3 à 6€ la crêpe), les crêpes sont bonnes, ainsi que leurs ingrédients, quant au lieu...Les photos vous montrent à quoi ça ressemble, mes mots ne sauraient rendre grâce à cette effusion de rose kawaiinesse tout droit sortie d'Hello Kitty.


Verdict: si j'ai de nouveau une petite faim quand je suis du coté de St Paul, je retourne me prendre une crêpe là bas!

jeudi 18 août 2011

Mes infidélités avec Emily Brönte

Comme d'habitude, je viens à la littérature par des chemins détournés. Après les zombies pour Jane Austen (ici et ), je suis venue à la jeune sœur Brönte par Jasper Fforde et sa série délicieusement absurde « Thursday Next ». J'ai bien ri dans la scène de « anger management » des hurlevents et j'étais intriguée par de Heathcliff, décrit comme un épicentre du sex appeal trash de la littérature anglaise 19ème. Je fus bien obligée de m'y atteler... et ne fus pas déçue du voyage (malgré mon insomnie de cette nuit, vu que je n'ai lâché le bouquin qu'à 3h du mat et encore à contre cœur).

J'ai adoré détester Heathcliff et vice et versa. J'ai lu ici qu'il fallait « dégothiser » les hauts des Hurlevents ; pourtant, l'ambiance graphique s'y prête à merveille : la lande glacée et inhospitalière, la sinistre demeure, la meute de chiens sauvages qui y règne, les fantômes et surtout (!!!) le regard noir de Heathcliff. Mais le fond est une saga où comment le désir, la violence et surtout un manque flagrant de communication entraînent deux familles dans une spirale de haine.

Le roman est raconté par une femme de charge sympathique et prolixe, Ellen, à un étranger, Loockwood, qui se décrit lui-même comme un asocial. Loockwood loue une maison dans ce pays montagneux pour s'éloigner du monde et doit revisiter sa définition de la misanthropie quand il rencontre son propriétaire, le despotique Heathcliff. En réalité, l'histoire commence 30 ans plus tôt, quand Earnshaw ramène en sa demeure des Hurlevents un orphelin, qu'il nomme Heathcliff. Si le fils ainé, Hindley rejète violemment cet usurpateur, favori du père; sa sœur, une petite chipie qui répond au nom de Catherine, l'adopte et devient son alliée. A la mort de Earnshaw, Heathcliff est dégradé en valet de ferme mais conserve l'affection tendre de Catherine. Les deux sauvageons parcourent la lande et se moquent du monde. Mais l'enfance s'achève et l'écart se creuse entre eux. Catherine se transforme en belle jeune fille, manipulatrice et égoïste, alors que Heathcliff avili par sa position sociale, devient de plus en plus rustre. Quand elle est courtisée par Linton un jeune notable, blond et sensible, Heathcliff ne peut le supporter. Il s'enfuit et décide de se venger de Hindley qui l'a réduit à la misère et des Lintons. Et question vengeance, on peut dire que Monté Cristo est bien enfoncé.

On est surpris par la noirceur des caractères d'Emily Brönte et par l'amour sado-masochiste entre Catherine et Heathcliff, particulièrement quand on pense que le roman a été écrit par une fille de pasteur dans l'Angleterre victorienne. Pourtant je me suis laissée entrainer par cette histoire macabre et complexe, par les descriptions magnifiques des paysages et les sentiments extrêmes des personnages.

A noter qu'il y eut beaucoup d'adaptations cinématographiques, dont une transposition dans les années 30, une au Mexique (par Bunuel) ou encore une version dans le japon médiéval... En cours d'exploration.

(photo ici)

samedi 13 août 2011

Bio ou pas Bio tome I : l'émission d'Arrêt sur Images


Il y a quelques jours, je regardais l'émission « Arrêt sur images » sur le scandale de E. coli dans les graines germées mortelles. Les journaux, qui ont pondu des titres dignes de séries Z de science-fiction (rappelez vous des «concombres tueurs espagnols ») se sont calmés quand les autorités sanitaires sont remontées à une ferme bio germanique modèle.
Sur le plateau, ou plutôt le ring, le pro et l'anti-bio (sans mauvais jeux de mots... enfin si, je assume).

J'ai été globalement déçue par l'émission. Tout d'abord parce que l'anti, remonté comme un zébulon, insistait mille fois sur des points expliqués plus tôt et faisait tenir son argumentation sur une pile de citations d'opinions. Si des citations peuvent appuyer une argumentation, l'important reste la justesse de sa démonstration. En tant que scientifique, le résultat m'importe, pas l'opinion. Dommage, car il avait commencé de manière percutante par énumérer les questions que les journalistes avaient omis de poser dans l'histoire des graines germées. De l'autre coté, le pro opposait résistance molle. Mais le plus décevant, en dehors de ce match sans surprise, a été que le débat s'est trop éloigné du traitement médiatique du bio (pourtant, l'équipe de l'émission avait fourni du matériel a discussion), pour virer sur l'intérêt du bio: le bio est-il plus savoureux? meilleur pour la santé?
C'est là que ma machine à bulles s'est mise en branle, parce que je trouve ces questions peu logiques.

Quelles sont les motivations pour manger bio? La question a été posé à des consommateurs Anglais, Irlandais, Norvégiens ou Australiens et sans surprise, les mêmes préoccupations sont citées. .../...

Bio ou Pas bio II : quelques idées en vrac


Attention, ce qui suit traduit une opinion personnelle, en aucun cas un avis d'expert.


Savoureux ou pas savoureux? Il y a du bio très savoureux et du bio dégueulasse (pensée pour les nouilles pâteuses et sucrées testées la semaine dernière). De même pour le conventionnel. Bien sûr, si l'on compare les produits de son maraîcher bio et les premiers prix d'un discount, la différence risque d'être évidente et sévère. Soyons honnêtes, ce que l'on compare, c'est la somme d'argent qu'un consommateur consent à investir dans un produit. Plus cette somme est importante, plus l'attente de qualité croît. Donc le meilleur n'est pas forcément un bon argument.

Local. Même chose, c'est idiot. Dans mon supermarché, on a des kiwis bio qui viennent d'Afrique du sud. Ce qui montre bien que l'on a amalgamé les labels sans réfléchir.

Pour être mince. On peut manger de la pizza bio et de l'hamburger bio avec des frites bio et du soda bio. Cependant, le consommateur bio, qui fait un choix couteux, est généralement dans une démarche qui inclut un aspect diététique. Mais on peut tout à fait être obèse et manger bio.

Meilleur pour la santé. Ici le problème prend du relief. Dans l'émission sus-citée, l'anti-bio insiste sur le fait que certaines bactéries, qui sont éliminées dans la filière conventionnelle (par traitement au chlore ou chauffage), passent au travers du filet dans le bio. Argument intéressant. Cependant on peut se demander combien de morts sont à imputer aux pesticides. Il n'existe peut être pas d'étude claire, en santé humaine, reliant un meilleur état santé et une alimentation bio, donc avec moins de produits chimiques (et encore, à fouiller). C'est difficile quand il s'agit de maladies multifactorielles comme le cancer, l'obésité, le diabète.
En premier lieu, peut-on réellement comparer ces deux populations? Comme le montre cette étude néo-zélandaise (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095032939700044X), l'alimentation bio est une part d'un mode de vie généralement plus sain pour une clientèle plus soucieuse de son indice de masse corporelle et de sa santé en général. Donc a priori, non.
Mais le problème est-il vraiment là? J'ai le sentiment que nous avons l'impression qu'il existe une justice mystique dans la maladie. Combien de fois ai-je entendu :« si tu fumes, tu auras un cancer ». Non : fumer augmente grandement les risques de cancer. Ca, c'est une vérité (affichée derrière les paquets de cigarettes). Nous parlons de statistiques. Or le cancer frappe même des non fumeurs-non buveurs qui mangent bio et font du sport. Il n'y a pas de sauf-conduit que l'on peut acheter par un bon comportement. A l'échelle de la population, ça marche. Mais quand la maladie est là, on sort des statistiques -inapplicables à l'individu, n'est ce pas Asimov?- et c'est toujours un drame. Donc, on peut manger bio et être malade.


Alors, pourquoi manger bio? Un premier argument (certes un peu léger) est la diversité des produits bio. On trouve des déclinaisons de céréales, de tofus, de légumes rarement offertes dans les produits issus de l'alimentation conventionnelle (et pour avoir un régime flexitarien et un gros faible pour les topinambours, je suis bien contente d'avoir un magasin bio pas loin). Donc pour sortir de l'ordinaire.
Mais surtout, surtout, pour l'environnement. Ma pomme? Je vis dans une ville polluée, j'ai fumé pendant 10 ans, j'ai fait des boulots stressants et je mange du saumon fumé. Je ne me fais pas trop d'illusions sur mon capital cancer, qui vivra verra. Mais par contre, les effets désastreux des pesticides sur la flore, la faune, la vie dans les sous-sols, la biodiversité... ont été démontrés. Pas la peine d'attendre. Or, on en fait déjà suffisamment baver à notre planète comme ça. Comme le montre la carte ci-dessous, on peut mieux faire.




Pour plus d'infos :
voici un livre assez académique sur le sujet : Agricultural pollution de Merrington et al (en anglais) à feuilleter sur google books.
Même le gouvernement chinois, qui semble privilégier le développement économique à l'écologie, est préoccupé par les conséquences sur la qualité de l'eau, comme le montre cet article (source : site du ministère français de l'agriculture) :
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Note_veille_35.pdf

mercredi 10 août 2011

The cake is a lie!

Les aficionados du jeu vidéo l'auront déjà deviné, cette chronique est dédiée à la franchise "Portal", de Valve, la société qui nous avait déjà offert la série des Half-life et des Team Fortress Classic.


Pour ceux qui n'ont rien reconnu à cette avalanche de name dropping, dont on pourrait croire qu'il s'agit des paroles du dernier Vincent Delerm, voilà le pitch:


Portal est un jeu vidéo de type casse-tête, plus au sens puzzle qu'au sens massue de troll. L'idée est que vous devez aller de l'entrée d'une salle de test à sa sortie, mais qu'en chemin, vous devez éviter les gouffres trop larges pour les enjamber, des grilles au maillage trop étroit pour être traversé, des tourelles qui tirent à balles réelles et autres lasers tranchants. Pour vous aider à survivre: une paire de bottes qui amortissent vos chutes quelle qu'en soit la hauteur et surtout un double générateur de portail, d'où le nom.


L'idée c'est que si vous entrez dans le portail bleu, vous ressortez par le rouge et vice-versa, comme si vous marchiez à travers une porte entre 2 pièces. Du coup, ça vous permet de contourner les obstacles sus-mentionnés. 


Mais là où c'est fort, c'est que ça conserve le moment (ie le produit de la masse par la vitesse). Je m'explique: si vous quittez une pièce en courant, vous n'entrez pas dans la pièce suivante en marchant...ici, de la même façon, si vous entrez dans un portail avec une certaine vitesse, vous sortez de l'autre portail avec la même vitesse, ce qui vous permet, dans certaines configurations, de gagner de la vitesse pour vous projeter ensuite! Le trailer est super explicatif à ce sujet.


Pour vous entraîner à "penser avec des portails", vous pouvez essayer le petit jeu en Flash localisé disponible gratuitement sur le net. Si ça vous a plu, je vous conseille de jouer au reste, qui utilise les mêmes principes mais se déroule dans un univers complètement 3D, régi par le moteur de réalité physique Havok, utilisé par Valve dans ses autres jeux (cf supra). Sont disponibles Portal 1 et Portal 2, et la prequel non officielle (mais de qualité) Portal Prelude, qui se déroule avant Portal 1. Personnellement, j'ai fait Portal 2, 1 puis prélude, et c'est tout à fait faisable comme ça, mais pour mieux comprendre certaines allusions du 2, il vaut mieux commencer par le 1 (parce que oui, y'a des scénarios en plus :) ). Par contre, gardez dans tous les cas Portal Prelude pour la fin, parce qu'il est beaucoup plus difficile que les deux autres.


Jeu par jeu les points forts et les points faibles


Portal, Flash version
+ Gratuit
+ Bonne façon de tester l'univers de portail
- Graphisme sommaire
- 2D


Portal prelude
+ Gratuit
+ Scénario bien construit et salles diversifiées
- Plus de dextérité et moins de réflexion que les autres


Portal 1 (Il y a une démo jouable du 1 si vous voulez)
+ Pas cher (8,99€ en téléchargement direct via Steam, la plateform logicielle de Valve)
+ Novateur
+ Super ludique, puzzles bien conçus
- Rapide à finir en solo (moins de deux heures pour moi)
- Scénario léger par rapport au 2


Portal 2
+ Campagne solo plus longue, très bien scénarisée, au rendu graphique somptueux
+ De nouveaux éléments de jeu avec lesquels interagir (ponts de lumière, tube d'énergie, gel répulsif, propulsif etc...) et différentes époques
+ Mode coopération pour jouer avec un(e) pote
- Plus récent donc plus cher (29.99€)
- Très linéaire


Et pour finir: possibilité d'acheter le 1 et le 2 en bundle (~35€ au lieu de 39), un comics en ligne pour comprendre certaines salles cachées du 1 et du 2, les bandes-son du 2 disponible en ligne...


Bref, un univers complet, des jeux super bien conçus...du bonheur de gamer!


PS: et maintenant, vous pouvez comprender ça!

mercredi 3 août 2011

Troll Hunter


Voici le meilleur film dans son genre... en fait probablement le seul. La fiction-documentaire-horreur-troll. Et pour tout dire, on est sorti du film d'excellente humeur. On s'attendait à voir un film d'horreur avec des monstres norvégiens; mais on s'est vite rendu compte qu'il s'agit d'un faux documentaire; filmé à la blair witch par des étudiants en journalisme (ce qui a l'indicible avantage qu'ils savent tenir une caméra); mais on passe également par la théorie du complot ou le drame écologique. Cette mixture scandinave est, contre toute attente, drôle.

L'histoire : des journalistes en herbe suspectent un bonhomme solitaire de braconner des ours. Or cette chasse est strictement réglementée en Norvège. Lors de pitoyables tentatives d'interviews, les trois acolytes se heurtent au silence buté du chasseur qui les envoie paître. Mais les gamins sont têtus; ils décident d'observer ses habitudes, planquent un micro dans sa caravane, le filent lors de ses sorties nocturnes. C'est lors de l'une d'elles que les choses basculent. Une bête énorme et non identifiée mord l'un des étudiants et ils retrouvent leur voiture complètement défoncée. Clairement, un ours ne peut pas faire ça. Alors???



Les trolls sont connus dans la péninsule scandinave. Ces géants de silice, qui se divisent en trolls des bois et trolls des montagnes, fertilisent l'imagination de tous les petits norvégiens. Un peu comme nos garous, nos ankou, nos sorcières. Mais voilà, si ces créatures mythiques décidaient de se dégourdir les pattes en dehors des livres pour enfants, on n'en mènerait pas large.
Commençons par les quelques défauts du métrage. Effectivement, le scénario tient sur un mouchoir de poche replié mais, en fait c'est pas grave, parce que l'exercice ici est de prendre une idée simple et de l'exploiter, de la développer, aussi loin que possible et de manière originale. Ce qui conduit au deuxième défaut du film, la première demi-heure peut sembler un peu longuette.
Après, le casting est génial, surtout Hans, la chasseur bourru, sérieux et imperturbable joué par Otto Jespersen qui poursuit sa mission tout en râlant après la couverture sociale miteuse de son job de chasseur de trolls et la bureaucratie; il doit être le cousin germain d'un autre Hans, éminent chercheur tyrolien spécialiste de l'écologie du Dahut (voir ici pour en savoir plus http://www.youtube.com/watch?v=BDtvzCgPlEc ). Les effets spéciaux de Troll Hunter sont inégaux (les ours, qui ressemblent à une descente de lit), mais les effets sonores sont hallucinants. Avis spécial, si vous vous décidez a voir ce film -ce que je conseille- optez pour une salle avec une bonne balance sonore, pour profiter pleinement.
En bref, un film qui rend l'ordinaire extraordinaire et vice et versa.
et pour ceux qui veulent en savoir plus sur les mœurs de trolls : http://www.squidoo.com/troll-of-norway

dimanche 31 juillet 2011

Univers post-apocalyptiques

Sujet du jour: les univers post-apocalyptiques. Vous avez 3 heures.

Plutôt que 3 heures, je vais prendre 3 exemples, parce qu'il semblerait que les mêmes thèmes reviennent dans ce genre de situation.
A ma gauche, une suite de romans et quelques nouvelles, écrites par un des piliers de la littérature de science-fiction du XXème siècle, Philip José Farmer: Riverworld.
A ma droite, une bande dessinée, encore en cours de production, avec plein de vrais bouts de zombies dedans (et qui a été adaptée récemment en série à l'écran): the Walking Dead.
A ma...f***... mon autre droite, une autre série télévisée: Jericho.

Petit pitch pour qu'on voit de quoi on parle ici:

  • dans Riverworld, l'intégralité de l'humanité, des néanderthaliens aux "sapiens" de 1983, quelque soit leur langue ou leur religion de leur vivant, est ressuscitée le long des rives d'un grand fleuve au fond d'une vallée encaissée. Le fleuve et la vallée zigzaguent sur la totalité de la surface de la planète. Et dans une région donnée, 80% des gens viennent de la même époque et 20% de tout et n'importe quoi, ie 80% d'égyptiens du moyen empire, plus des traders de ManHatten fin du XXème siècle, des révolutionnaires français et des néanderthaliens pour le reste...
  • dans the Walking Dead, on suit les tribulations d'un groupe de survivants américains, des inconnus regroupés par la force des chose du coté d'Atlanta début XXIème siècle, alors que (ou puisque) la quasi totalité de l'espèce humaine a été transformée en zombies.
  • dans Jericho, l'époque est la même, mais le focus est pointé sur une communauté rurale du Kansas, alors que les 23 principales villes américaines viennent d'être anéanties par des explosions nucléaires.
Planète extra terrestre, zombies et attaque nucléaires,  à première vue, les thèmes pourraient difficilement être plus éloignés (quoiqu'il semblerait que les zombies puissent avoir droit de cité chez Jane Austen). Cependant, même si l'habillage est différent, il sert à explorer les mêmes questions, ou en tout cas, de nombreuses questions communes:
  • comment évolue l'humain en situation de stress ou dans des situations auxquelles il n'a pas été préparé: devient-il un héros ou un bourreau ou reste-t-il avant tout le même. S'il change, est-ce à cause de son environnement, ou son environnement ne fait-il que révéler des comportements latents, que la civilisation actuelle avait réussi à domestiquer ou dissimuler?

  • comment évolue les interactions sociales: retourne-t-on a des systèmes tribaux ou claniques, est-il plus avantageux de créer des grands groupes ou de petites unités, sédentaires ou nomades, la démocratie reste-t-elle un système possible ou pas dans ces circonstances, la source de danger principale provient-elle de l'environnement sauvage (menace nucléaire, zombie, monstres extra-terrestres) ou des humains censés être civilisés?

  • l'arrivée dans ces histoires se fait toujours in medias res, il y a donc aussi toujours une quête du sens: comment en est-on arrivé là, qui est/qu'est la main invisible à l'origine de cette situation exotique (complot politique, expérience scientifique, phénomène religieux, catastrophe naturelle...). Les différents protagonistes sont utilisés pour tester les différentes postures de pensée: acceptation aveugle, remise en question forcenée, dénis etc...


Je pourrais donner des exemples de comment chacune de ces séries répond à ces questions, mais toutes 3 sont trop bonnes pour que je vous gâche le plaisir, alors mon conseil, plongez dedans!

PS: Il y a au moins deux adaptations série TV de Riverworld, mais comme il le fut dit à Odile Deray en son temps: "Madame, je n'écrirai rien sur votre film c'est une merde". Ben là, c'est pareil.

Misfits

Les séries anglaises offrent des scénarios surprenants, comme dans "Neverwhere" déjà mentionné ici, ou une version moderne de "Jekyll", le plus connu "coupling" ou le génial "IT crowd" (ode à la geekitude). Bien sur il faut s'habituer aux effets spéciaux un peu kitch et, parfois, à l'accent cockney, qui arrache le fond du pavillon auditif. Mais on échappe aux physiques calibrés sur les standards hollywoodiens et aux effets de modes scénaristiques (sur ce point, nous avons parlé des vampires mais que dire des émules de CSI, ou de l'étude comparée des séries hospitalières qui suivirent avec plus ou moins d'imagination Urgence).

Nous avons tenté Misfit (ici le trailer http://www.youtube.com/watch?v=wNjSP9DsYJc&feature=related ): des jeunes complètement paumés se retrouvent à faire des travaux d'intérêts généraux. On croise une star déchue du sprint, une jeune allumeuse, une bagarreuse au grand coeur, la mouche du coche qui se croit drôle, un gamin psycothique... On pourrais croire que l'on a à faire à une série pré-carcérale sur fond de béton londonien, jusqu'à ce qu'une tempête éclate, que des grêlons de la taille de boule de booling s'écrase sur le paysage et que nos petits amis se retrouvent frappés par la foudre. De là, la situation devient de plus en plus étrange. L'agent de probation se transforme en tueur psychotique et certains développent des pouvoirs paranormaux. C'est une série très réaliste, qui sous des dehors vaguement fantastiques, parle de post-adolescents à la dérive, dans un monde achromatique. Si les acteurs sont convaincants et les pouvoirs originaux (révèlant les troubles de l'individu), le scénario s'essouffle vite. Fin de la première saison (qui ne dure que 6 épisodes), on doute qu'il y ait encore un pilote dans le scénar. Donc, même si la série n'est pas inintéressante, on a laissé tomber. Pour plus d'infos, le site officiel : http://www.misfits.com/

mercredi 27 juillet 2011

Le manga dans tous ses états


Je me souviens des réflexions acerbes de ma mère alors que, petite, je regardais récréA2 ou le club Dorothée : « ce dessin est moche, ils se ressemblent tous. Mais c'est hyper-violent! Comment peux-tu aimer ça? ». Elle ne comprenait pas. Moi je me régalais chaque semaine de Candy, de Juliette je t'aime, de Dragon Ball, de Pat labor et autres héros aux yeux démesurés. C'est le point de départ de Jean-Marie Bouissou. Universitaire, connaisseur de la société et de l'histoire japonaise, le chercheur met sa plume au service d'un genre qu'il a toujours aimé : le Manga. Et il en parle de manière docte, pertinente et bigrement intéressante.

Pourquoi Akira est-il un tel succès? Pourquoi certains dessinateurs n'utilisent que d'infimes variations pour distinguer les personnages (comme une boucle d'oreille, ou une coupe de cheveux)? Existe-t-il un manga féministe? Le « Gaman » (ou voie de la persévérance) est il la seule alternative pour les jeunes japonaises? Pourquoi les éléments féeriques, comme les Yôkais et les Tengus, se mêlent si facilement aux quotidiens des japonais, alors que le contemporain et féerique sont deux mondes clairement séparés en Occident? Comment se reflète la société japonaise au travers du manga au court de ces 70 dernières années?
Ces questions et bien d'autres trouvent des éléments de réponse dans ce livre qui s'appuient sur de nombreux mangas : du dieu Tezuka (père d'Astroboy, de princesse saphir, de Black Jack...) au programme complet de nos après-midis d'adolescence (ragma ½, Ken le survivant, La rose de Versailles -ou Lady Oscar-; Sailor Moon...) en passant par les opus modernes (Inugami, Death Note, 20th century boys...), ce qui permet d'allier un doux sentiment de nostalgie à une meilleure compréhension de cet univers riche et fascinant. Très très bon bouquin.

No one knows about the persian cats.


Les chats persans sont parmi les plus chers et les plus prisés au monde. Pourtant, en Iran, dont ils sont originaires, ils sont considérés comme impurs par le régime islamiste et confinés à l'intérieur des maisons. De même qu'une jeune génération de musiciens. C'est le parallèle pertinent que fait Baham Gobadi dans son film, dont le titre français est « les chats persans ».

Ashkan et Negar sont deux jeunes musiciens qui, une fois sortis de prison, décident de partir d'Iran pour pouvoir librement s'exprimer. Pour cela, ils doivent monter un groupe, récupérer des visas et des passeports, réunir de l'argent. Les suivre dans ces quêtes au travers de Téhéran nous donne l'occasion de croiser une scène musicale underground (littéralement), de nous faufiler dans les studio d'enregistrements clandestins et de croiser toute une série de personnages haut-en-couleurs. Le film montre l'espoir de cette génération courageuse et passionnée; mais également l'urgence et l'angoisse de leur situation.
Le film lui même a été tourné sans autorisation, en 17 jours; la plupart des acteurs y jouent leur propre rôle, en commençant par les protagonistes principaux (qui forment le groupe « take it easy hospital »). Il a reçu le prix « un certain regard » du festival de Cannes, en 2009. J'ai vraiment aimé ce film poignant, drôle, intéressant, à la fois musical et politique.