samedi 30 avril 2011

Valencia!

Valence! Pas la préfecture de la Drôme, mais la 3ème ville espagnole, berceau de la Paella et de la Horchata (ou orxata de chuffa pour les valenciens, sorte de lait végétal sucrée élaborée à partir de tubercule de souchet, si si on n'invente pas).

Cathédrale, de nuit.
La ville, située à 2h de Paris en avion (comptez autour de 100-150€ aller-retour), résulte d'une intégration harmonieuse de 20 siècles d'histoire. Fondée à l'époque romaine (dont les restes sont admirablement exposés dans la ville sous les glaces), elle a ensuite connue 
  • une période chrétienne (d'où la multitudes des édifices religieux), 
  • l'hégémonie musulmane sur Al-Andalus (dont il reste quelques touches çà et là, comme les thermes médiévales),
  • la Reconquista (la ville a été reprise par le Cid, oui, celui qui a du cœur), 
  • la Renaissance (qui forme l'essentiel du corpus architectural) et la Révolution industrielle. 
On y croise également des bâtiments Art Nouveau, Art Déco et des construction typiques XXIIème siècle (au moins), comme la cité des Arts et des Sciences. Idéal donc pour les fondus d'architecture.

Extraterrestre allant nourir le parc-mètre pour son vaisseau spatial.
Officiellement, ce vaisseau spatial est le musée des beaux arts,
 mais nous ne sommes pas dupe
Les amateurs de nature seront aussi servis, puisque, du nord de la vieille ville à l'hypermoderne cité des Arts et des Sciences, serpentent des jardins, installés dans l'ancien lit de la Turia, détournée après la grande inondation de 1957. Ceux-ci rappelle la tradition Maure, où tous les sens sont ravis : bruit des fontaines pour l'ouïe, variétés des espèces végétales pour la vue, feuilles soyeuses ou lisses pour le touché, arbres fruitiers pour le goût et enfin multitudes d'essences odorantes pour le nez (fleur d'oranger, une fantastique roseraie...).



Baños del Almirante
Si vous n'aimez ni architecture ni verdure, mais que vous avez un fouet, un chapeau de cowboy et que vous détestez les nazis, vous pouvez explorer la cathédrale. Vous y trouverez sans trop de problème un des potentiels Graal. Si vous pensez qu'une coupe aussi richement ornée était un peu hors du budget d'un charpentier, vous pouvez toujours grimper les 63m de la tour (le Micalet) pour profiter d'une vue sur l'intégralité de la vieille ville. De là, à 10 minutes à pieds, le marché de la soie, le marché central, les anciens bains (Baños del Almirante) ou les fouilles des ruines de la valence romaine. Valencia est également une ville de culture avec de nombreuses expositions, dont une en ce moment très complète sur les labyrinthes (jusqu'à fin mai).

Crapahuter dans la ville en long en large et en travers, ça creuse et ça donne soif... ça tombe bien, c'est le pays de l'orxata et des tapas, la charcuterie est juste fabuleuse (mention spéciale pour les jambons serrano et iberico). A ce propos, une très bonne adresse découverte par hasard, juste en dehors de la vieille ville: la Tableria. On y commande des assortiments de tapas, de fromages, de charcuterie servis sur des planches ( pour 2 à 6 personnes) à des prix très abordables. On peut ensuite finir dans l'un bars branchouilles et concepts de la Conde de Altea.

Une très bonne excursion pour un long weekend, où chacun pourra trouver de quoi satisfaire ses envies sans se ruiner.

Ellroy et les femmes


Ceux qui ont lu ou vu « le Dahlia noir » ou « L.A. confidential » se doute bien du fait que Ellroy, monument du roman noir américain, a quelques menus problèmes avec le beau sexe. Dans ces œuvres, les femmes, fragiles et fatales, sont soumises à la violence et aux désirs des hommes. Si leurs tripes (comme celles du Dahlia) ou leurs fesses (les prostituées de luxe de LA) sont bien en évidence, leurs cœurs restent éternellement insondables, hors de la portée des hommes.

Et bien en lisant « Ma part d'ombre », on comprend pourquoi. Jean Ellroy, mère de James, a été découverte le matin du 22 juin 1958 étranglée avec son bas dans la petite bourgade d'El Monte, à quelques km de L.A. L'auteur n'a alors qu'une dizaine d'année. Ma part d'ombre est le récit de l'histoire de Jean et de James. Le noyau d'une vie est là, dans le cliché noir et blanche du corps d'une femme « quarante ans/rousse/yeux noisette/ 1m67/60kg » retrouvée sur les abords d'un terrain de sport. Bonjour l'œdipe.

Le livre se scinde en plusieurs parties. Tout d'abord, l'enquête de 1958, précise et chronologique. Pas d'internet pour trouver les suspects, pas de tests ADN, l'enquête revient à user ses chaussures et les témoignages forment l'essentiel des preuves. On retrace les dernières heures de « la Rouquine ». Pourtant, on ne trouvera jamais de suspects convenables.

La deuxième partie retrace la descente aux enfers de James Ellroy, qui avant d'être écrivain à succès fut fils de divorcée, orphelin de mère, voleur à la petite semaine, menteur, tocard, voyeur, obsédé sexuel, drogué, fou pour finir contre toute attente en cadi dans les golfs chic de LA. Les romans policiers et les meurtres sordides de femmes deviennent une véritable obsession, une drogue, qui le rattache à sa mère tout en lui permettant de la désincarner. Le récit est cru, sale.

Enfin, Ellroy raconte l'enquête qu'il a mené en 1994 avec Bill Stoner de la criminelle. Les deux hommes ont repris entièrement le dossier Jean Ellroy. L'occasion pour l'auteur de confronter enfin le fantôme de sa mère et de s'y fondre.

Il m'a fallut un temps infini pour lire ce livre; il est long, très long, pour moi trop long. La première partie est très intéressante. Le style haché et froid permet de contempler ces meurtres de façon chirurgicale, sans pathos et c'est tant mieux. Mais le dernier chapitre (qui couvre 250 pages), on se perd dans une multitude de noms, de témoins, de retour à 0, de répétition. Si cela mime très efficacement les frustrations d'une enquête (qui dure plusieurs mois), j'ai eu du mal à rester accroché.

Un voyage très noir et sans complaisance au cœur d'une certaine Amérique de la fin des années 50, où le rêve se fissure.

Monsieur Lapin

Ce matin, un lapin, a ... été proprement préparé pour me servir de repas. Enfin pas ce matin, mais hier matin. Parce que hier, c'était mon anniversaire et qu'il m'a été offert, ma foi, un fort bon repas.

Chez Monsieur Lapin.

Comme le nom l'indique, leur spécialité est le Lapin (oui, c'est vrai, vous aviez une chance sur deux, ça aurait pu être du Monsieur, mais je ne mange pas de ce pain-là, je mange du là-pain, suivez un peu!).

Menu et carte sont accessibles, mais le menu vaut vraiment le coup (et le coût): à la carte, ça vous reviendra très cher et les portions sont congrues. Par contre, le menu (38€ en soirée) vous rassasiera juste ce qu'il faut, et c'est tant mieux: je préfère cent fois avoir les papilles qui baignent dans un éblouissement organoleptique que les dents du fond dans la friture.

Commençons par le commencement, avec les entrées, ce qui nous permettra d'aller crescendo dans le plaisir éprouvé. Leurs entrées sont assez basiques: asperges poêlées au jambon serrano pour moi, et petits escargots pour notre pangoline. Rien d'exceptionnel ici, passons à la suite (pour ceux qui suivent et qui se disent: c'est pas très lapinesque tout ça, sachez qu'une terrine de lapin était aussi dans les choix possibles).

Arrivent les plats. Et là, attachez vos ceintures parce que c'est tout bonnement succulent. Mon tajine de lapin aux citrons confits et olives violettes était magnifiquement accompagné de délicats beignets de pommes de terre. Très bon plat en tant que tel, il a été littéralement éclipsé par la somptuosité gustative du croustillant de lapin...une viande parfaitement préparée, servie dans une sauce grandiose qui la met en valeur sans la faire disparaître, le tout dans une sorte de crêpe dentelle....FA-MEUX!

Cependant, ne croyez pas en être en reste après ces plats splendides parce que voilà les desserts. La pangoline, qui lorgnait sur le plateau de fromage en exergue à l'entrée, ne se fit pas prier pour déguster 3 lichettes, se pâmant à chaque bouchée, alors que votre serviteur, du haut de la sagesse conférée par son âge vénérable, fit le choix judicieux du gâteau au chocolat... Une pure merveille..mousseux et onctueux, goûteux sans être écoeurant, accompagné d'un caramel maison très réussi et d'une glace pralinée comme je n'en ai jamais mangée, nous nous sommes régalés!

Bref, un très bon restaurant thématique, un peu cher certes, à la déco un brin surannée (c'est le terme qu'ils emploieraient dans ce restaurant pour dire kitschouille), au service classe sans être pincé et à la bouffe fabuleuse. 

Verdict: on y retournera dans le futur, le midi pour contenter nos papilles sans que notre porte-monnaie ne nous tire (trop) la tête!

11 Rue Raymond Losserand - 75014 Paris 

Incendies

Si vous avez aimé Valse avec Bachir, que vous vous trouvez d'humeur un peu trop guillerette, ce film est fait pour vous.

A la mort de leur mère, originaire du Liban, deux faux-jumeaux canadiens se voient investis d'une étrange mission: retrouver leur père, qu'ils croyaient mort pendant la guerre du Liban (oui, celle relatée dans Valse avec Bachir) et leur frère, dont ils n'avaient jamais entendu parler.

Malgré leur relation conflictuelle avec leur mère, ils accèdent à son souhait et tentent de retracer son parcours à travers cette terrible période, levant le voile sur sa jeunesse dont ils ignoraient tout.

A travers cette quête personnelle, c'est l'histoire douloureuse du Liban que l'on revisite, grâce à un film au scénario bien construit, aux acteurs très convaincants et à la photographie travaillée. Cependant, le coeur de l'histoire implique un personnage au destin cruellement tragique, personnification du Liban de cette époque et cela risque de vous plomber le moral pendant un bon bout de temps.

Bref, un film très bon mais très dur, qu'il vaut le coup d'aller voir mais en y étant préparer.

Verdict: si je voyage dans le passé, je me l'offre en DVD, pour permettre à mes co-spectateurs de se faire des pauses kawaï entre deux.

Japon royaume des personnages

Si comme moi vous ne passez par le Champ de Mars que lors de la visite de la grand tante Praxède ou celle d'un correspondant allemand, vous n'allez pas souvent à la maison de la culture du Japon à Paris. Et c'est bien dommage.
En ce moment s'y tient une exposition gratuite sur les personnages dans la culture japonaise. Ils sont omniprésents depuis la naissance dans les années 50-60 de Astro-boy et d'Ultraman. Que l'on collectionne les Pokemons, que l'on se transforme en créature rose à paillete à l'adolescence (Kawaï), que l'on tombe amoureux d'une taie d'oreiller à l'effigie de Sailor Moon ou que l'on élise la mascotte de sa province, les personnages remplissent la vie des japonais, toutes tranches d'âge confondues. Plusieurs d'entre eux (les Pokemons, Albator...) sont devenus des ambassadeurs de la culture japonaise à l'étranger au travers des mangas, exportés en Occident (en particulier en France) depuis le début des années 80.
Cette expo se propose dans une première partie de retracer l'apparition de personnages clefs dans les différentes décennies, de brosser un tableau culturel succin du Japon de l'époque et d'expliquer un lien entre les deux. Par exemple, suite à l'explosion de la bulle économique (dans les années 90), on voit émerger des personnages « mous » (dans le texte) et plus rassurants comme cet adorable-trop-kawaï-je-craque-complètement-oui-je-suis-une-fille « Tare Panda » (littéralement panda paresseux). Puis on a l'occasion de regarder quelques des courts métrages amateurs diffusés sur internet et des clichés de l'intégration des personnages dans la vie quotidienne des japonais.
Maintenant l'expo est très courte (compter 30 mn), il ne faut pas s'attendre à y voir déballer une analyse socio-culturelle complète du phénomène. Elle se termine le 21 mai et les portes sont ouvertes de 12h à 19h du mardi au samedi, sauf le jeudi où ils font nocturnes jusqu'à 20h. C'est également ouvert jusqu'à 23h pour la nuit des musées (14 mai).
C'est peut être également l'occasion, pour mes confrères toqués de culture japonaise, de jeter un coup d'œil à leur programmation cinématographique (entrée 2-4euro, donc beaucoup plus abordable qu'une séance de ciné classique, qui veut venir avec moi au « Japan horreur »?) ou encore à leur cycle de conférences.

mardi 26 avril 2011

Gougères


J'ai découvert ce plat grâce à ma belle famille, c'est une longue histoire mais j'en suis maintenant une adepte que ce soit en repas le soir, en apéro ou...
Certainement que mon goût pour le fromage y est pour beaucoup.

Je les conjugue sous plein de formes : anneau, boule, mini, géante... Et je les agrémente avec tout ce qui me passe par la tête : herbes, paprika, pavot, lard...

La recette de base, c'est tout simplement la recette de la pâte à choux :

Faire chauffer 115g d'eau, un peu de sel, 20g de sucre (à enlever pour les préparations salées comme les gougères) et 100g de beurre.
Au moment de l'ébullition, jeter 125g de farine d'un seul coup.
Faire sécher à feu doux en tournant sans arrêt.
La pâte ne doit pas cuire mais former une boule se détachant bien de la casserole.
Incorporer 4 oeufs entiers l'un après l'autre hors du feu.
Pour les choux, laisser refroidir puis répartir sur une plaque beurrée en fonction de la recette choisie.

Pour les gougères, ajouter alors une partie des 125g de fromage rapé (gruyère ou comté). Répartir comme désiré sur une plaque et saupoudrer avec le reste de fromage rapé.(et autres aromates)
Faire cuire 30 minutes à 200°.

dimanche 17 avril 2011

Le Prédicateur de Camilla Läckberg

Le "magazine littéraire" ne s'y est pas trompé : le polar nordique est prolifique. Est ce un héritage des sagas? Le temps est-il tellement pourri en Suède qu'il ne reste qu'à écrire, comme le suggère les musiciens pop de Mando Diao? Quoi qu'il en soit encore un roman d'acte Sud : le prédicateur.
Les policiers de Tanumshede sont plus habitués aux conduites en état d'ivresse qu'aux meurtres. Alors que la bourgade touristique croule sous la canicule (et oui, même la Suède est concernée par le réchauffement climatique), voilà que l'on retrouve le cadavre d'une jeune touriste allemande, perché dans les rochers de Fjällbacka. Pour épaissir encore le mystère, le corps est disposé sur 2 squelettes de femme vieux de 20 ans. Les trois corps portent les mêmes marques de brutalité. Cette histoire n'est pas pour aider le tourisme ni l'humeur du chef de brigade. L'inspecteur Hedström se voit contraint de laisser tomber ses vacances et accessoirement sa femme enceinte jusqu'au cou pour déterrer de vieilles affaires de disparition et à se plonger dans les sales histoires de la famille Hult. Puisqu'il y a de la saga familiale à foison : du grand père magnétiseur de foules aux frères ennemis, rivalités, héritage, suicide, duperies sont au rende- vous...
Cet opus est moins bon que les autres : les personnages manquent de substance, spéciale mention à la femme enceinte capricieuse et insupportable, au chef de service absentéiste et fat, au flic décidé et intègre, blablabla... Les clichés nuisent à l'enquête, les abîmes vertigineuses de la famille Hult ne suffisent pas à compenser.

Versailles (Tome 1)

Aaaaaaaaaaaah, la France! La tour Eiffel, les petites femmes, le vin et le fromage, un type en marinière avec un béret sur la tête et une baguette sous le bras... et bien sur Versailles! Mais où vont-ils chercher tout çà? En bonne parisienne (soit, d'adoption), je ne connais rien de ce tralala touristique. Finalement, au premier rayon de soleil dans l'hiver encore frais, nous nous sommes dit qu'il était temps de combler cette lacune culturelle et de rendre visite au légendaire Roi éponyme.
Première bonne surprise, c'est tout proche : un petit quart d'heure en partant de Montparnasse, autant dire rien du tout, quand on pense aux 2,29h qu'il fallait au minimum aux chevaux d'un quelconque Louis pour couvrir au pas les quelques 16km qui séparent Versailles de Paris. Et encore, à vol d'oiseaux... enfin de Pégase... euh... Deuxième bonne surprise, c'est gratuit en-dessous de 18 ans; ça reste gratuit jusqu'à 25 ans pour les ressortissants de l'Union Européenne; et même après, c'est toujours gratuit pour les profs & les chômeurs... Une belle occasion de sortir donc!

Il faut bien l'avouer, la vision du château dans la perspective de l'avenue, avec sa ligne continue de voitures et son flot bidirectionnel de touristes n'est pas aussi romantique que le suggère Lady Oscar. Il faut arriver jusqu'à la statue monumentale de Louis XIV pour prendre un peu la mesure de l'immensité des bâtiments, ou plutôt de leur démesure, qui donne un peu l'échelle de l'ego d'un Roi de France. Pour les amoureux des jardins, ne pas choisir début mars, où les baquets vides exhibent leur ventre boueux, mais plutôt attendre les floraisons d'avril-mai. Car le parc est absolument gigantesque. Il y en a pour tous les goûts : des bords de fontaines en barque, des allées d'arbres immenses et bien alignés, quelques endroits qui donnent une impression fouillis (que je soupçonne être aussi savamment négligé que le chignon d'une étudiante en psycho). Bref, ici la nature est en ordre et met en valeur le large château perché sur sa colline. D'ailleurs, intéressons nous d'un peu plus prêt à ce dernier.
Tout commence avec le pavillon de chasse de Louis XIII, puis Louis XIV comprend qu'il vaut mieux avoir ses courtisans à ses bottes et les entretenir avec des bals, du vin et des friandises à s'en faire péter la panse plutôt qu'au loin à fomenter des coups d'Etat : « garde tes amis près de toi, tes ennemis encore plus près » (dixit le parrain). Mais pour distraire des hommes d'armes et les transformer en ballerines à favoris bouclés, il faut un décor imposant: Versailles ou le symbole de la monarchie absolue, « l'incarnation du classicisme français » (comme le dit le site du château de Versailles). Le Roi et sa cour délaissent le Louvre et s'installent à Versailles de façon permanente le 6 mai 1682, et ce jusqu'à la révolution. Bien entendu on ne peut que rester bouche bée devant la débauche de luxe des chambres surchargées de dorures et de broderies, de sculptures et de plafond peints de figures antiques, … c'est magnifique et lourd, comme une forêt noire. Pas moins de 6 pièces constituent les appartements du Roi (chambre, antichambre, salon, salle de garde...). Mais Versailles, ce ne sont pas que des murs. Ce sont également des meubles magnifiques, dispersés à la Révolution puis réunis avec le temps, grâce à l'habileté des conservateurs qui cherchent à reconstituer au mieux les pièces comme à l'époque (un vrai travail d'enquête à partir de tableaux, de descriptions, de commandes) et à des moyens substantiels que je n'ose même pas chiffrer en pensée. On trouve également nombres de peintures classiques qui raviront les amateurs.
Et surtout, au milieux de ce clinquant, il y a … la merveille... la galerie des glaces : 73m de long; 10,5 m de large; 400 miroirs répartis en 17 panneaux; d'un coté une vue sur les jardins, de l'autre de splendides miroirs qui démultiplient l'espace de façon onirique : c'est la dimension des bals fastueux et des portes dérobées. Ok l'imagination s'emballe un peu.
Le château de Versailles est un lieux officiel. Mais le Roi ne tarde pas à faire construire une demeure un peu plus reculée, le Grand Trianon, ou Trianon de marbre, dans une style plus italien. Louis XIV en fait sa résidence privée et y loge avec Mme de Maintenon. Le château se caractérise par ses nombreuses colonnes et se fait un échos du classicisme du château principal. On note une magnifique galerie à la sortie du château qui donne sur les bassins et les jardins. Louis XV s'était désintéressé des lieux et Marie-Antoinette lui préférait le Petit Trianon (dont nous parlerons bientôt). La Révolution laisse le château totalement délabré, c'est pendant l'Empire qu'il sera restauré.
Globalement, pour les parfaits néophytes qui en ont un peu plein les pieds après le château de Versailles, je conseillerai de se rendre directement au Petit Trianon, dont le style tranche bien plus nettement sur celui du reste des bâtisses.

Hérissonne et Pangoline

Versailles (tome 2)

Après les fastes du château, avec ses dorures, et du grand Trianon, avec ses marbres, nous avons été heureusement surprises par le petit Trianon offert à Marie Antoinette en 1774.
Dans des proportions toutes relatives (on reste dans un domaine royal), tout redevient plus humain. La pierre de taille et le bois remplacent les marbres et les dorures. De petites ouvertures arrondies adoucissent la lumière des couloirs. L'escalier central reste bien sûr majestueux avec sa rampe en fer forgé mais on se faufile aussi par de petits passages dans des pièces aux plafonds plus bas. Les planchers s'ornementent de petits motifs, les couleurs sont plus sombres et plus douces. De petits meubles : dessertes, tables, coiffeuses, disposées entre les fenêtres. Dans une vaste salle à manger, un grand chauffe-plat pour réchauffer les repas confectionnés dans les cuisines du château. Un salon convivial et chaleureux pour l'accueil des amis autour d'instruments de musique et de tables de jeux. On est surpris par le pièce aux miroirs mouvants qui pouvaient recouvrir les fenêtres et créer un jeu de reflets. Elle a été rajoutée par l'architecte J. T. Merklein et 1776. La chapelle est plus simple que celle du château.
Nous sommes sorties du petit Trianon par un petite promenade abritée à l'ambiance de cloître.
Nous avons pris, au grès de nos envies et des indications, des petits chemins traversant des jardins plus « sauvages » faits de vastes pelouses agrémentées de grands arbres plus ou moins tortueux et de petits ponts en pierres ou en fer forgé.
Ils nous ont menées au Hameau de la Reine, d'inspiration normande, qui fut conçu par l'architecte Richard Mique. Si on met de côté la taille des bâtiments, on se croirait dans un vrai petit village plein de charme.
Nous sommes d'abord passées devant le moulin en pleine restauration qui mêle briques, pierres, bois et chaume. Nous avons contourné la maison de la reine couverte, elle, de tuiles pour passer devant le réchauffoir et d'autres maisonnettes (dont le boudoir qui accueillait la garde-robe de la reine) mêlant toujours le bois des colombages avec les briques, les pierres, des enduis chaleureux et le chaume des toitures. Quelques détails de la maison de la reine ont plus attiré notre attention : l'escalier d'accès entièrement en bois et formant une belle spirale ; et la série d'arcades en pierres surmontée d'une promenade en bois reliant deux parties de la maison. La vue du lac artificiel au travers des arcades (si on se place derrière la maison de la reine) est remarquable elle-aussi. Nous avons ensuite rejoint le colombier refuge des pigeons, colombes, poules et autres volailles et enfin la laiterie (couverte de tuiles comme la maison des gardiens) accompagnée de la Tour de Marlborough avec son allure de phare qui servait de point de départ aux promenades sur l'eau mais aussi de point d'observation. Notre excursion s'est terminée près de le ferme accueillant encore oies, canards, poules, lapins, bœufs, vaches....

Hérissonne et Pangoline

mardi 12 avril 2011

Super green dans les assiettes 1

Attention, ce qui suit traduit une opinion personnelle, en aucun cas un avis d'expert. Pour commencer, chacun voit midi à sa porte (de frigo). Ces articles ne se veulent pas l'éloge d'un mode alimentaire, mais le reflet d'une série de recherches et de réflexions sur le sujet.

Je viens d'une famille où les lasagnes se construisent sur 7 étages, en building de viande, de tomate et de béchamel fumante, où on farcit les encornets de calamar à la chair à saucisse, où la maîtresse de maison ne craint pas de passer 3 heures à suer derrière les fourneaux pour le plaisir de voir ses plats en sauce et autres gâteries culinaires engloutis dans les gosiers de 3 gros oisillons affamés. Ma mère est la gardienne du temple de la gastronomie française; mes frères, les prêtres de la cochonnaille made in sud-ouest. Il a fallu que j'atteigne 18 ans pour que ma colocataire m'apprenne le goût d'un légume vapeur cuit sans sauce, sans fromage, sans graisse de canard.

Et c'était bon!

Sans renier mon héritage familial, je me suis appliquée au fur et à mesure des années à construire un style culinaire limitant les matières grasses. L'expérience fut poussée à son summum quand j'emménageais avec une végétarienne et une végétalienne, à Boston. Pour faire court, la végétarienne ne mange pas de viande, rouge ou blanche; la végétalienne évite tous produits de provenance animale : on rajoute les œufs, le lait, le fromage, le poisson, les crustacés... L'adaptation fut rapide. Tout d'abord, la cuisson du premier steak s'est transformée en barbecue intérieur, faisant passer l'une de mes colloc par toute les couleurs de l'arc en ciel et imprégnant pour plusieurs jours les coussins du salon. J'ai banni la friture et préféré, dès lors, préparer mes viandes en sauce ou en bouillon, substituant à l'odeur de graillon celle des herbes et des épices. Ensuite, comme j'ai grandi avec l'idée que la cuisine est au cœur du foyer, c'est naturellement que j'ai convié les deux jeunes femmes à partager régulièrement mes repas et donc à m'adapter à un régime végétarien. Ce fut un merveilleux moment pour explorer la cuisine indienne, dont je raffole.

Si j'ai pu facilement m'adapter au végétarisme, le végétalisme me paraît hors de portée. Comment faire des crêpes ou des gâteaux sans lait et sans oeufs? Comment me résoudre à ne plus manger que des yaourts au lait de soja? D'autant que cette diette est exigeante : il faut calculer la quantité de protéines ingérées, il existe peu de produits en supermarché et de restaurants purement végétaliens, des produits d'origine animale se cachent dans les denrées les plus inattendues (oeufs dans les pâtes, vessie pour filtrer le vin...). Il existe des solutions de substitution dans les magasins spécialisés, comme une poudre qui remplace les oeufs. On peut également explorer toute la diversité des laits (amande, riz...). C'est onéreux, compliqué et pas toujours très réussi. Après plusieurs essais de cookies décevants autant par le goût que par la texture, je retournais à ma bonne vieille recette 100% beurre. Le vrai végétalisme, ainsi que je l'ai appris auprès de mon amie, est un sport de combat. Si on n'aime pas faire la cuisine ou si on n'a pas le temps de se préparer ses lentilles et ses salades, le combat est perdu d'avance : on finit par bouffer des pommes et des crakers à longueur de journée et à cumuler de sérieuses carences.

Les avis d'experts divergent à ce sujet. L'association diététique américaine affirme qu'il est possible de suivre un régime végétalien à tous les stades de la vie, alors que les résultats de l'INPES (association nationale de prévoyance et d'éducation à la sante) montrent que si un régime ovo-lacto-végétarien peut être bien adapté, il n'en est pas de même pour le végétalisme qui peut se révéler dangereux en particulier pour les enfants, les ados et les femmes enceintes (http://www.inpes.sante.fr/). La vision de mon autre colocataire me paraissait beaucoup plus saine. Elle mangeait peu de poissons mais consommait des laitages; finalement la préparation de ses salades et de ses soupes n'excédaient pas tellement en temps celle qu'il faut pour réaliser un bon burger. Le végétarisme donc demande du bon sens et un peu de temps mais c'est pas insurmontable; avec un bon maraicher, un peu de patience et quelques épices, c'est un véritable jeu de cuisiner végétarien. Mais quels sont les enjeux?

Etre ou ne pas être végétarien? (Supergreen dans les assiettes 2)

Quels sont les avantages du végétarisme? Comme le résume Graham Hill très justement dans son talk (voir plus loin) : des raisons éthiques, de santé, et environnementales.
Les premières mobilisent les stars, en particulier aux US ou en Allemagne, et nombre d'adolescentes, tant et si bien que le végétarisme semble parfois se confondre avec un effet de mode. Certains lobbies utilisent l'arme de la culpabilité, tournant les mangeurs de viandes en monstres sanguinaires. Je veux bien être végétarienne : j'ai le métabolisme d'une couleuvre neurasthénique et je passe la plupart de mes journées assise dans des bureaux et des bibliothèques tempérés. Maintenant, je me vois mal expliquer à mon frangin qui soulève des centaines de kilos de goudron chaque semaine dans des conditions glaciales en hivers et torrides en été qu'il faut qu'il embarque des bottes de céleris et des babies carottes pour son déjeuner. De même, je trouve illogique de filer des croquettes à base de brocolis à son chien. C'est une question de besoin et d'activité.

Heureusement, la plupart des végétariens ne sont pas aussi extrêmes et se révèlent au contraire très tolérants. Jamais mes collocs ne m'ont fait de remarques à propos de mon sachet de jambon dans le frigo. Pourtant, l'élevage industriel est d'une cruauté sans nom. Nous sommes tous marqués par les images des poussins à qui on tranche le bec avant de les entasser dans des boites ou les vaches que l'on trimbale vivantes par une patte (comme le rappelle douloureusement cette vidéo de la Peta : http://www.dailymotion.com/video/x39x5l_le-vrai-visage-de-la-viande-peta_news#from=embed ). D'où la question, où trouver de la viande éthique? Cet article de forum féminin donne quelques éléments de réponse. En résumé, il existe une multitude de labels (rouge, d'origine contrôlée, traditionnel, bio, indication géographique, … ) qui sont des garanties de qualité pour le consommateur mais ne s'intéressent pas vraiment à l'animal (considéré comme un produit). En particulier, on ne sait rien des conditions d'abattage. Au milieu de la jungle des labels, j'en repère deux qui spécifient que l'animal a été élevé dans des conditions respectueuses : le bio et blanc-bleu-coeur (qui s'intéresse à l'alimentation des animaux). C'est plus facile de s'y retrouver pour la volaille avec la garantie élevé en plein air ou bio. Par contre, j'ai toujours autant de questions face à un steak. La solution? Connaître un petit producteur! Hélas pas évident quand on habite dans une grande ville. A ce propos, un site intéressant, que l'on peut creuser : http://www.bienvenue-a-la-ferme.com/
Coté santé, je préfère m'en remettre à des experts mieux informés que moi. Cependant il ne fait pas être devin pour voir un rapport entre le triple pontage de mon grand père et le fait qu'il était capable d'avaler 3 fois des lasagnes sus mentionnées.
Enfin, il y a le troisième aspect : l'écologie (voir le troisième effet kiss cool pour l'atmosphère)

Le troisième effet kiss cool pour l'atmosphère (supergreen dans les assiettes 3)

Enfin, un effet, et non des moindres, est l'impact écologique des deux modes d'alimentation. Ainsi on a vu fleurir récemment des estimations diverses, comme dans cet article qui établit qu'un cheeseburger conduit à l'émission de 766g (au mieux) à 3000g (au pire) de CO2. Si on compte l'ensemble des gaz à effets de serre on monte à 3.6-6.1 kg d'équivalent CO2 par burger (voir l'excellent site de David MacCandless ). Ok, mais à combien se monte l'ardoise d'un vegetarian burger? Environ 2.5 fois moins! L'article suivant, publié en 2006, http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/EI167.1 est cité régulièrement (pour ceux qui s'y frotteront, BTU veut dire bristish thermal unit, équivalent à 1 055.05585 Joules, c'est à dire l'énergie qu'il faut pour chauffer une livre d'eau de 1° Fahrenheit - oui on nage en plein babel unitaire). Les auteurs comparent les émissions de carbone dans différents types de régimes alimentaires théoriques : un américain moyen, un mangeur de viande rouge, blanche, de poisson, et un ovo-lacto-végétarien. Les rapports entre l'énergie obtenue (quantité de calories, output) sur l'énergie utilisée pour produire (énergie fossile, input, tableau 3) sont meilleurs dans le régime végétarien, suivi de près par la viande blanche. Les mangeurs de viandes rouges et de poissons sont bons derniers. Cette étude s'intéresse également aux autres gaz à effet de serre (méthane CH4, dioxyde d'azote NO2). Le plus important producteur de ces gaz est sans surprise l'élevage de viande de boeuf (9g d'équivalent CO2 pour produire 1kcalorie de boeuf). Après on trouve le porc (1.52g) et les produits laitiers (1.47g). Le poisson est exemplaire avec 0.00g d'équivalent CO2 pour le rejet de methane et de dioxyde d'azote. Qu'est ce que ça donne une fois qu'on a tout mis dans la balance (CO2, CH4 et NO2)? Et bien, c'est le régime à base de volaille qui s'en tire le mieux, suivi par les ovo-lacto végétariens et le mangeur de poissons (presque à égalité). Le mangeur de viande rouge lui émet 3 fois plus de gaz nocifs pour l'atmosphère que le mangeur de viande blanche.

Les choses sont elles aussi simples? Manger du thon péché au loin est couteux en énergie et il vaut mieux manger des tomates. Mais le saumon d'élevage est moins gourmand et des tomates produites sous serre en plein hiver demandent plus d'énergie des topinambours à la même saison. Mais comment nourrit-on le saumon d'élevage? etc... Nous avons fait l'expérience inverse en Islande, où le sol très pauvre et le climat rigoureux ne permet qu'une agriculture sous serre (cela dit alimentée par la géothermie). Autant dire qu'en Islande, on trouve plus facilement du poisson que des tomates.

Go green... bean! (supergreen dans les assiettes 4)



Après 1 an de vie en communauté, est-ce que mon régime alimentaire a durablement changé? Quelques points notables pour commencer
  1. la viande rouge ne m'a pas particulièrement manqué, je n'ai pas été plus fatiguée et n'ai pas vraiment perdu de poids (le végétarisme n'est pas un régime miracle)
  2. si la plupart des tofus n'ont absolument pas de goût à mon palais de carnivore, il y en a quelques-uns qui s'en tirent relativement bien, comme le tofu fumé qui a presque un goût de saucisse de Strasbourg; ou encore des paillettes de tofu surgelés (si si) dans le chili végétalien. Un délice.
  3. Malgré tout, l'idée de ne plus jamais planter ma fourchette dans un poulet rôti ou un coustellou (les occitans sauront de quoi je parle) me donne la larme à l'oeil. Je ne peux donc pas dire aujourd'hui que je souhaite devenir purement végétarienne. Par contre j'ai diminué ma consommation de viande. C'est l'idée que j'ai retrouvé par la suite dans ce TED Talk

Plus tard, j'ai appris qu'il y a un nom pour ça : le flexitarisme. Il y a même une entrée wikipédia. Un bénéfice alternatif de ce régime est que, vu que je mange moins de viande, je la prends de qualité. Bref, mieux pour mes papilles, pour mon porte-monnaie, et je l'espère pour les bébêtes qui finissent dans mon estomac.

lundi 11 avril 2011

Rubber

Ou quand Christine rencontre Electroma.

Pour ceux qui ne se souvienne pas de leurs jeunes années, Christine est un roman de Stephen King, adapté par la suite à l'écran, où une voiture, surnommée Christine, possède un embryon de conscience et des pouvoirs de régénération à la Wolverine, et, comme toute personne avec un cerveau sous-développé, a un certain penchant pour la violence.

Pour Electroma, c'est .

Et ben Rubber, c'est au milieu: c'est l'histoire, dans le désert, d'un pneu atteint d'une frénésie destructrice graduelle (bouteille en plastique, puis en verre, scorpion puis lapinou puis... être humain!).

Oui un pneu tueur en série. Et qui possède des pouvoirs psychiques aussi, pour faire exploser des trucs. Un pneu qui aime prendre des douches dans des motels sordides, dans le désert. Désert magnifiquement bien filmé, servi par une belle photographie et des acteurs pas mauvais, pour raconter l'épopée et la métamorphose de ce pneu...

Un pneu pourtant sans histoire à la base...et c'est là que le bât blesse: le film est lui aussi...sans histoire. A vouloir la jouer décaler genre "je fais un film dans le film sur le film", ça manque de pêche, même si la façon dont les spectateurs dans le film se comportent est une métaphore évidente de l'indifférence générale qui résulte de la spectacularisation de la société, par exemple.

Bref, c'est un film unique, une chose pas commune et que vous ne verrez pas chez tout le monde.  Et mes comparses de visionnage de répondre, tels Pierre Mortez: "Mais j'espère bien, Thérèse, j'espère bien". En effet, sur les 4 que nous étions dans la salle, je fus le seul à apprécier, les autres s'étant au mieux ennuyer.

Verdict: si je voyage dans le passé, je me le prête en DVD, pour le regarder tout seul dans mon coin, une fois ou deux, pas plus.

dimanche 10 avril 2011

Rango

J'abondais encore récemment dans le sens de mon ami le schtroumpf grognon qui me disait, verbatim "Moi, j'aime pas les Western". En effet, moi non plus je suis pas fan de ces films du far west où pleuvent les pruneaux, s'écharpent les bandes de gâteux et couinent les amants (à ne pas confondre avec le pays du phare ouest, où il pleut, avec ses gâteaux aux pruneaux, ses écharpes à bandes et ses kouigns amann).

Mais là, c'est différent.

Rango, c'est un western qui certes respecte les codes du western, mais qui le fait de façon délicieusement décalée: les bons, les brutes et les truands sont des animaux, ils ne se battent pas pour quelque dollars de plus mais pour quelques gouttes de pluie, leurs chevauchées fantastiques sont à dos de dindes et leur horde sauvage est une meute de taupes...même le nom de notre héros, Rango, est un hommage

L'histoire donc: un caméléon se retrouve, après un accident de la route causé par un tatou (suivez mon regard...), perdu en pleine vallée de la mort. Sa rencontre fortuite avec ce tatou le propulse dans une quête initiatique. Cette quête le conduira dans la ville de Dirt, menacée par la soif, les faucons, les vrais...habitants, les bandits et l'avarice...bref, une ville du Far West qui a ardemment besoin d'espoir et d'un shérif. Rango, dont l'imagination fertile a toujours été confinée par son terrarium, décide de se tailler un costume de héros sur mesure, qui le place par contre malgré lui dans le rôle du sauveur attendu par la ville en déréliction: mais n'est-il pas entrain d'enfiler des santiagues trop grandes pour lui? Sera-t-il capable de répondre aux attentes de la ville, ou sa duplicité ne fera-t-elle que précipiter la chute de Dirt?

Le tout est servi avec une qualité graphique parfaitement sublime: pour ceux qui n'auraient pas vu l'affiche ou la bande annonce, ou qui pourraient toujours penser, à leur âge, que ce sont des animaux dressés qui jouent tous les rôles et déclament leur texte, désolé, spoiler, mais non, tout est en 3D et de la meilleure facture (à part une ou deux incrustations de 3D dans des scènes filmées).

En résumé: un western classique, au scénario prévisible, mais léger, comique et très divertissant, magnifiquement servi par une 3D hors paire et un très bon doublage (dans la version originale en tout cas*).

Verdict: si je voyage dans le passé, je m'invite au ciné pour aller le voir!

* Mesdemoiselles, c'est le beau Johnny Depp qui prête sa voix à notre caméléon éponyme, ce qui est probablement la raison de tous les clins d'oeil à ses films (Las Vegas Parano, Arizona Dream, Lost in la mancha...)

mardi 5 avril 2011

auto bio


BD autobiographique et satirique de Cyril Pedrosa.
Le graphisme n'est pas vraiment à mon goût mais le ton et les situations m'ont beaucoup fait rire!
C'est l'histoire d'un trentenaire père de famille qui essaie d'avoir une vie engagée, respectueuse et surtout écolo. Pas facile en fait!
Cela sous la forme d'anecdotes d'une page ou deux qui se suivent et se lient très bien.
Le ton est agréable parce qu'empreint de vérité mais pas moralisateur.
En fait c'est bourré de situations que j'aurais pu tout à fait imaginer ou que j'ai vécues :

- Le propriétaire qui débarque avec le bidon de désherbant et du coup nous voilà à 4 pattes en train d'arracher l'herbe pour lui montrer qu'on peut faire autrement.
- « La voie non lactée » ou comment ne pas réussir à dire non au lait de vache et du coup aux fromages et autres dérivés ou encore au tarama ou...
- Les joies du tri sélectif ou la perplexité devant les poubelles « recyclables » et « autres » pour bien des emballages.
- Les enfants et leur franchise qui mettent parfois mal à l'aise. (Les voilà en train de réprimander un agriculteur qui brûle des pneus, de faire des remarques à d'autres membres de la famille...)
- Les réunions familiales et les confrontations (ou pas) de convictions.
- L'angoisse (mais où va la planète?!...) puis l'euphorie militante à la sortie d'un film et puis les doutes quant à comment faire passer le message.
Et j'en passe plein d'autres que je vous laisserai savourer si je vous ai convaincus.

P.S. : Merci beaucoup Nadia pour le prêt.