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Hotaru et ses princes charmants Makoto et Takano |
S'il fallait une excuse
pour lire du shojo, je pourrais invoquer le fait qu'on y apprend pas
mal de choses sur la société japonaise. C'est un peu le cas avec
Hotaru no hikari, qui malgré un scénario de départ assez atypique
dans l'univers tout sucre tout rose du shojo, finit bien vite -hélas-
par perdre son originalité. Cela dit, il permet de se poser de
sérieuses questions sur la wonderwoman moderne, version tokyoïte...
...puisqu'ici on se
penche sur son antithèse : l'Himono-onna (traduction : poisson
séché). Hotaru, OL (comprendre office lady) le jour bien
habillée-bien pomponnée, le soir se transforme en loque paressant
en jogging dans un appart en bordel tout en buvant des bières. Et
bien entendu, à l'âge canonique de 27 ans, elle n'est pas mariée.
Même si la situation du couple a évolué ces dernières années,
qui a lu «Stupeur et tremblements» (1999) ou vu l'étrange «Omoïde
poroporo» de Miazaki («souvenirs goutte à goutte», 1991)
comprendra que la situation d'Hotaru sent la morue. L'omaï (mariage
arrangé) pourrait être la planche de salut...
Mais par un petit tour
scénaristique totalement capillotracté, Hotaru se retrouve à
partager sa maison avec Takano, 40 ans, fraichement séparé de sa
femme, aussi fun qu'un mérou dépressif et accessoirement son boss
au bureau. Une cohabitation s'installe, basée sur la gentille
maladresse d'Hotaru et sur l'organisation flegmatique et les conseils
avisés du quadragénaire. Ce qui va permettre à la jeune femme de
sortir avec le garçon de ses rêves Makoto, frétillant designer de
23 ans. Sans surprise : bien sûr elle est trop cruche pour avouer à
Makoto qu'elle vit avec Takano et oui çà sent le triangle amoureux,
figure de style éculée obligatoire dans l'aquarium shojo. A
première vue, on a l'impression que ce manga s'adresse à de jeunes
adultes en faisant passer le décors du lycée au bureau et en
changeant le cosplay, mais finalement c'est la même histoire, les
mêmes ficelles, les mêmes personnages.
Hotaru est totalement
dépourvue d'ambition ou de caractères. Au travail elle fait des
photocopies, du café, astique les meubles et la moindre de ses
initiatives se transforment en catastrophes. On retombe sur le cliché
de la fille incompétente mais dont le caractère ouvert et joyeux
suffit à ferrer le chaland – toujours des mecs plus gradés, plus
beaux, plus intelligents. Mais bien sûr il faut transformer
l'«Himono» en «Lovely lady».
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AoÎ dans Bleu indigo : la femme parfaite |
Bref, l'histoire se corse
: la femme à le choix entre un boulot sans responsabilité ni
reconnaissance, redevenir le «grillon du foyer», ou alors une
vieille morue. Pas très engageant tout çà? Certes on n'est pas
tout à fait dans le «gaman» (voie de la résignation) mais la
question au cœur du manga est tout de même peut on être paresseuse
et heureuse en amour! Le pire est qu'Hotaru est souvent présentée
comme anormale par ce qu'elle laisse trainer ses chaussettes. Certes
la série n'est pas terminée, on ne peut donc pas savoir quelle
réponse choisi l'auteure, mais çà n'a pas l'air très drôle
d'être OL au pays du soleil levant.
Pour compléter cette chronique, je viens de découvrir qu'à peu pret le même scénario est utilisé dans switch girl, la version lycée d'Hotaru no hikari. Comme quoi l'idée de filles menant une double vie de beauty outside lazzy inside semble à la mode!
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