lundi 20 août 2012

Hotaru no hikari


Hotaru et ses princes charmants Makoto et Takano
S'il fallait une excuse pour lire du shojo, je pourrais invoquer le fait qu'on y apprend pas mal de choses sur la société japonaise. C'est un peu le cas avec Hotaru no hikari, qui malgré un scénario de départ assez atypique dans l'univers tout sucre tout rose du shojo, finit bien vite -hélas- par perdre son originalité. Cela dit, il permet de se poser de sérieuses questions sur la wonderwoman moderne, version tokyoïte...

...puisqu'ici on se penche sur son antithèse : l'Himono-onna (traduction : poisson séché). Hotaru, OL (comprendre office lady) le jour bien habillée-bien pomponnée, le soir se transforme en loque paressant en jogging dans un appart en bordel tout en buvant des bières. Et bien entendu, à l'âge canonique de 27 ans, elle n'est pas mariée. Même si la situation du couple a évolué ces dernières années, qui a lu «Stupeur et tremblements» (1999) ou vu l'étrange «Omoïde poroporo» de Miazaki («souvenirs goutte à goutte», 1991) comprendra que la situation d'Hotaru sent la morue. L'omaï (mariage arrangé) pourrait être la planche de salut...
Mais par un petit tour scénaristique totalement capillotracté, Hotaru se retrouve à partager sa maison avec Takano, 40 ans, fraichement séparé de sa femme, aussi fun qu'un mérou dépressif et accessoirement son boss au bureau. Une cohabitation s'installe, basée sur la gentille maladresse d'Hotaru et sur l'organisation flegmatique et les conseils avisés du quadragénaire. Ce qui va permettre à la jeune femme de sortir avec le garçon de ses rêves Makoto, frétillant designer de 23 ans. Sans surprise : bien sûr elle est trop cruche pour avouer à Makoto qu'elle vit avec Takano et oui çà sent le triangle amoureux, figure de style éculée obligatoire dans l'aquarium shojo. A première vue, on a l'impression que ce manga s'adresse à de jeunes adultes en faisant passer le décors du lycée au bureau et en changeant le cosplay, mais finalement c'est la même histoire, les mêmes ficelles, les mêmes personnages.

Hotaru est totalement dépourvue d'ambition ou de caractères. Au travail elle fait des photocopies, du café, astique les meubles et la moindre de ses initiatives se transforment en catastrophes. On retombe sur le cliché de la fille incompétente mais dont le caractère ouvert et joyeux suffit à ferrer le chaland – toujours des mecs plus gradés, plus beaux, plus intelligents. Mais bien sûr il faut transformer l'«Himono» en «Lovely lady».

AoÎ dans Bleu indigo : la femme parfaite
Puisque la femme idéale qu'elle cherche lamentablement à devenir pour accéder au graal -le mariage- se lève à 4 heures du matin pour pratiquer l'Ikebana (arrangement floral japonais), travaille, cuisine, s'habille à la perfection, et a beaucoup de tact. Mais qu'est ce que le tact pour une femme japonaise? On l'apprend dans Ai yori aoshi (bleu indigo en français), qui vaudrait bien une chronique à elle toute seule sur le machine quotidien. Aoï, belle et élevée dans une richissime famille traditionnelle, décide à tout prix d'épouser son fiancé d'enfance depuis déshérité – Kaoru- et de devenir femme au foyer. Mais revenons à nos moutons (de poussière) : avoir du tact c'est être capable de faire en sorte que le bain de son époux soit à la bonne température juste après lui avoir servi son diner. Cependant, ce tour de force n'implique pas forcément un dédoublement puisqu'on apprend dans Hotaru no hikari que les baignoires japonaises sont pourvues de «furo no futa» (couverture à baignoire sisi).
le furo no futa


Bref, l'histoire se corse : la femme à le choix entre un boulot sans responsabilité ni reconnaissance, redevenir le «grillon du foyer», ou alors une vieille morue. Pas très engageant tout çà? Certes on n'est pas tout à fait dans le «gaman» (voie de la résignation) mais la question au cœur du manga est tout de même peut on être paresseuse et heureuse en amour! Le pire est qu'Hotaru est souvent présentée comme anormale par ce qu'elle laisse trainer ses chaussettes. Certes la série n'est pas terminée, on ne peut donc pas savoir quelle réponse choisi l'auteure, mais çà n'a pas l'air très drôle d'être OL au pays du soleil levant.

1 commentaire:

  1. Pour compléter cette chronique, je viens de découvrir qu'à peu pret le même scénario est utilisé dans switch girl, la version lycée d'Hotaru no hikari. Comme quoi l'idée de filles menant une double vie de beauty outside lazzy inside semble à la mode!
    http://nippo-family.over-blog.com/article-drama-switch-girl-08-vostfr-dl-prochainement-09-108764120.html

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