jeudi 17 mars 2011

Ma vie après votre mort... deuxième nouvelle!


Voici la 2ème nouvelle du recueil "ma vie après votre mort". Attention, elle est plus crue (...lle):

Il y a encore peu, j'ai découvert un lieu où la pègre établit ses règles, un endroit à cent lieues des clubs de strip-tease et autres casinos : un funérarium où le trafic va bon train.
Ce jour là, j'étais venu travailler en qualité de porteur de cercueil. J'étais alors loin d'imaginer que j'allais lever le voile sur un mystère qui aurait éveillé la curiosité inhérente à tout homme féru de polars, et ce sans même le vouloir.
Le matin était froid, et le vent perçant. Il s'infiltrait entre les fibres de mon costume, tel un millier de piranhas se jetant sur un veau tombé à l'eau, me mordant de ses petites dents gelées, sans que je ne puisse rien y faire. Des murs en brique rouge donnaient à ce funérarium une allure d'entrepôt, ou d'antique caserne de pompiers.
En m'approchant de l'entrée, j'aperçus un légiste en blouse, qui m'observait. Déchiré par le froid, je me dirigeai vers lui, alors qu'il finissait sa cigarette. Il m'invita à entrer, me faisant passer devant les salons de présentation. Il m'ouvrit la porte réservée au personnel, me présentant là le cliché type d'un film de maffieux : quatre gaillards en train de taper le carton autour d'une table d'autopsie.
Tous me jetèrent un regard plus glacial que le vent extérieur. Mon hôte les calma aussitôt, me présentant comme un gars du métier ; ce qu'il avait, selon lui, instantanément lu sur mon visage. Flatté, je me présentai rapidement.
Mon hôte légiste m'informa que j'avais bien une heure et demi d'avance. Ce à quoi je rétorquai que je devais faire face à des problèmes de déménagement en cours, et que, mon ancien propriétaire étant un vil connard, j'étais obligé de venir d'un peu plus loin que d'habitude. Que j'avais mal calculé mon coup pour être à l'heure, et que je lui réservais un chien de ma chienne.
Le légiste m'écouta attentivement, puis me dit, très tranquillement : « Si tu as un souci quelconque avec quelqu'un, nous formons une sorte de petit syndicat, ici... On aime se rendre service, de la main à la main. Pour pas grand chose, nous pouvons t'enlever une grosse épine du pied - même si ladite épine ressemble à s'y méprendre à ton ancien proprio. Pour mille euros, quelqu'un peut disparaître sans trace, sans que l'on ne retrouve jamais le corps... On a aussi un crématorium ici, tu sais... ? »
Je ne savais plus trop quoi dire et je n'en menais pas large. Mon légiste si sympathique venait de me proposer de réduire en cendres mon ancien proprio pour la modique somme de mille euros. Tout ça en se servant sereinement une tasse de café, et sans que ses collègues ne répliquent quoi que se soit. Je me dois d'avouer que l'idée d'incinérer ce crevard me séduisit. L'idée de meurtre, le film de mon crime, tout se mit en branle dans ma tête...
J'inviterais mon ancien proprio pour l'état des lieux, ou une autre peccadille du même ordre. Je l'installerais confortablement, lui offrant un café. Je prétexterais un besoin pressant et filerais dans la salle de bains, où je me saisirais d'une seringue, que je remplirais du premier produit d'entretien à portée de main. Je tirerais la chasse, m'emparerais d'une ceinture assez longue. En ressortant, je passerais derrière lui, injectant directement dans les veines de son cou de l'eau de javel, ou du shampooing. Je passerais la ceinture autour de lui, et serrerais jusqu'à ce qu'il arrête de se débattre. Puis je l'emmènerais dans sa voiture, le portant sur l'épaule. Prétextant au badaud lambda qu'il a trop bu, ce bon vieux tonton, je le conduirais directement au funérarium de mes nouveaux amis, et je leur laisserais la voiture en guise de paiement avec, en prime, 500 euros supplémentaires pour le dérangement...
Tandis que j'imaginais de multiples scénarios, et réglais certains détails de mon forfait, mon légiste me demanda si je voudrais garder un morceau en souvenir de ma victime.
Je sursautai :
« - Est ce possible?
- Bien sûr ! Beaucoup de nos « habitués » ont besoin de garder une relique de leurs victimes, une preuve... Par exemple, le cœur ou une main. Bien souvent, c'est un muscle... car quelques uns préfèrent déguster un morceau choisi de leur victime, le reste étant réduit en cendres. La viande est un peu chère, mais c'est assez vite rentabilisé.
- Rentabilisé ? Dois-je comprendre que vous complétez les horaires diurnes des boucheries du quartier ? Que s'il me faut un filet mignon, je peux passer par vous ?
- Précisément ! Vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe sur l'Ile de France un microcosme de cercles cannibales... »
Je restais abasourdi. L'idée de faire payer mon ancien proprio était séduisante, mais de là à aller le manger... Cette pensée m'ôta soudain toute envie meurtrière. Ce gros tas de saindoux serait probablement impropre à la consommation.
Le légiste m’enjoignit de le suivre, et me fis découvrir la salle des tiroirs, où était entreposée la matière première de son macabre commerce. Il me donna quelques conseils sur la question du choix du morceau, le temps de cuisson ; ainsi que le nom de quelques épices qui se marient très bien avec du mollet, ou de la paume de main. Il m'assura que la traçabilité était respectée, et que le choix du corps était fait judicieusement. Qu'il aurait toujours de la «viande fraîche» sous la main ; ce qui me parut logique, étant donné l'absence évidente de stocks permanents dans les frigos.
Je promis à mon Légiste-boucher, non sans une légère sensation de vertige, que j'allais y réfléchir, mais qu'en attendant mon équipe, je boirais bienun café en tapant le carton.
Je repasse souvent dans ce funérarium - pour des raisons professionnelles, bien entendu. Je ne connais toujours pas le goût de la chair humaine, et mon ancien proprio continu de fouler le sol de cette bonne vieille planète... Je ne suis pas rancunier.
par Lens O'Driscoll


Vous pourrez trouver le livre sur http://www.edkiro.fr/ma-vie-apres-votre-mort.html

mardi 15 mars 2011

Y a pas de Colin dans le poisson

Je sais, je me lâche peut-être un peu.
Mais je viens de tomber sur cette merveilleuse profession de foi culturelle dans laquelle je m'inscris totalement et il me semblait important de la partager ici!
Merci à nanou de l'avoir publiée sur son facebook et merci aux gens qui l'ont réalisée.

Ma vie après votre mort


Dans la vie, on fait parfois des rencontres et on se lie d'amitié avec des gens dont on aurait pas soupçonné la profession. C'est le cas avec Lens, l'auteur de cet ouvrage, un pote dont j'apprécie la discussion, autant que son levé de coude et son amour des belles choses (dans tous les sens du terme). Non content de cela, Lens a deux particularités supplémentaires:
- l'une ancienne, il a été croque-mort
- l'une récente, c'est un auteur publié, d'abord dans le magazine satirique "psykopate", désormais dans un recueil de ces nouvelles toutes vécues.

Je vous laisse juger de la prose de ses deux nouvelles (la deuxième paraîtra dans un prochains billet). Si vous aimez, le livre se retrouvera dans toutes les bonnes librairies début avril.
Moi perso je suis mort de rire à chaque fois que j'en lis une... haaa... monde cruel:

Les différents rôles dans le milieu funéraire sont définis selon l'expérience et le physique de chaque employé, étant donné qu'une cérémonie se déroule comme suit.
Les porteurs et le maître de cérémonie (également chauffeur) arrivent sur les lieux, habituellement un funérarium ou un hôpital. Ils organisent les diverses paperasses ; quand elle n'a pas été faite, ils effectuent ce que l'on appelle la mise en bière. Après avoir présenté à la famille son défunt, ils viennent à la fin du recueillement procéder à la fermeture du cercueil. Puis ils conduisent le défunt et sa famille au lieu de culte, s'il en a été défini un ; dans le cas contraire, ils se rendent directement au cimetière. Là, un dernier adieu est proposé à la famille autour de la sépulture, avant que l'équipe d'agents funéraires ne pratique l'inhumation. C'est seulement après cela que les marbriers scellent la dalle, ou rebouchent le trou. Pendant ce temps là, le maitre de cérémonie annonce la fin des obsèques, remet le registre de condoléances ainsi que tous les papiers nécessaires au représentant de la famille. Finalement, tout le monde regagne ses pénates, le cœur gros ou léger.
En tant que croque-mort, plusieurs habilitations nous sont proposées, bien que nous puissions cumuler les postes suivants.
Premièrement, celui de porteur de cercueil, qui pratique la mise en bière, porte le cercueil, inhume, et assiste le maitre de cérémonie.
Deuxièmement, celui de maître de cérémonie. Il est le lien entre la famille, les porteurs, et les marbriers. Il est le porte parole de sa maison de pompes funèbres, et prend en note les recommandations des familles, ainsi que celles de son équipe. Il prend la parole devant toute l'assistance pour donner à toute la famille, et aux amis de celle-ci, les diverses marches à suivre.
Troisièmement, les marbriers s'occupent de la maintenance des monuments funéraires. Ils creusent la terre, ou descellent une plaque de marbre afin que les agents funéraires puissent pratiquer l'inhumation.
Quoi qu'il en soit, les réquisitions peuvent être exécutées par n'importe qui, du moment qu'il ait le cœur bien accroché.
Mon premier jour commença par une réquisition. Drôle de nom, car avant ce jour, cela n'existait pour moi qu'au cinéma. J'imaginais un inspecteur new-yorkais, ou autre, se pointant un jour devant ma voiture en hurlant : « POLICE! JE REQUISITIONNE CE VEHICULE ! ». Eh bien non, pas du tout ! Les réquisitions ne se limitent pas à ça. Elles peuvent tout aussi bien consister à aller sur des lieux d'accidents dans le but de récupérer le cadavre de quelqu'un, mort loin de tout hôpital, ou maison de retraite. Puis prendre le corps tel quel ou le rassembler, cela dépend des cas. Ensuite l'emmener à l'IML - soit l'institutmedico-légal du coin, pour autopsie et autres examens d'identifications. Le plus délicat dans ce genre de cas est justement de ne pas être trop sensible, surtout si c'est votre premier jour.
Lorsque je pénétrai avec le légiste dans les lieux de ma toute première réquisition, une légère odeur de noisette me vint aux narines. Une femme désespérée, entourée de policiers, pleurait toutes les larmes de son corps. Et là, sur le tapis persan du salon, gisait mon premier « client ». J'eus du mal à m'en approcher. Mais, après un court moment d'observation, et quelques réserves de courage distillées dans ma lâcheté, je m'avançai vers le corps, tentant de reconstituer instinctivement les faits.
Comment un homme d'une quarantaine d'années avait-il bien pu s'électrocuter avec un interrupteur ? Il reposait sur le ventre, la tête tournée sur le côté, dans un angle qui aurait fait rougir des mathématiciens. En m'approchant, je m'aperçus que ce que je prenais pour de la purée de choux-fleurs était en réalité la cervelle du « client ». Le légiste, qui m'attendait penché sur la victime, me murmura : « Il est cuit à point ». Relevant la tête, je captai la conversation qui se tenait dans la cuisine adjacente, et je reconstituai la scène malgré moi.
Monsieur Séguran avait voulu démonter l'interrupteur, qui fonctionnait mal. S'abstenant de couper le disjoncteur car il était soucieux de suivre le match en cours à la télévision, il s'était efforcé de dévisser ledit interrupteur avec un tournevis. C'est par une infortune caractérisée qu'il s'est envoyé de l'index au cerveau 220 volts, et ce pendant près d'une demi-heure. L'entendant pousser d'effroyables hurlements, sa tendre épouse, en proie à la panique, chercha le disjoncteur dans toute la maison. Quand elle le trouva enfin dans une penderie, derrière un ramassis de manteaux et de vestes élimées, elle coupa immédiatement le courant. N'étant plus prisonnier de la fée électricité, Monsieur Séguran tomba en arrière, se retournant dans sa chute, et heurtant à la volée une chaise, qui lui pulvérisa la fontanelle, répandant toutes les idées qu'il aurait pu avoir sur le tapis du salon.
Ma première tâche fut de recueillir la matière grise de Monsieur Séguran, répandue en une coulée poisseuse sur le tapis. Et, bien que l'infernale odeur de noisette rance ne quittait pas mes narines, je raclai et ramassai les neurones de Monsieur Séguran, en me disant qu'après ça, je serais rôdé.
Ce fut au moment de mon premier haut-le-cœur que Madame Séguran,
accompagnée de deux policiers, s'invita au dessus de la dépouille de son époux. « Pourriez vous nettoyer mon tapis correctement, jeune homme ? Il a une valeur sentimentale, à présent. Je ne désire pas que le dernier souvenir que mon mari me laisse soit une tache douteuse sur mon tapis persan. »
Elle ne pleurait plus ; tant bien que mal, je m'exécutai en me serinant que c'était mon premier jour, que je ne devais pas la ramener, qu'il serait malvenu de rembarrer une néo-veuve de deux heures. Je m'empêchai de vomir en frottant, alors que Monsieur Séguran partait sur une civière dans une ambulance silencieuse. Je m'acharnais avec férocité sur la tache, quand mon légiste vint me délivrer, me soufflant comme une vérité universelle : « Tu veux faire carrière dans le pressing? Laisse ça, ils se débrouilleront. On nous attend. »
J'ai su quelques mois plus tard que Monsieur Séguran avait bel et bien coupé le courant avant de s'adonner au bricolage, et que Madame avait rebranché le disjoncteur, pendant que son mari réparait l'interrupteur. Après l'avoir littéralement laissé cuire, elle avait joué la scène de la femme éplorée et stupide, qui ne trouve pas le disjoncteur, en courant partout et hurlant pour donner le change à ses voisins. La police avait découvert qu'il n'y avait pas de match programmé à l'heure de ''l'accident''. Madame Séguran purge à présent une peine d'une dizaine d'années dans une prison française.
par Lens O'Driscoll

Vous pourrez trouver le livre sur : http://www.edkiro.fr/ma-vie-apres-votre-mort.html

dimanche 13 mars 2011

Crime et châtiments

Vous avez toujours voulu lire ce pilier de la littérature russe mais la perspective de vous enfiler plus de 700 pages refroidit vos ardeurs?

Alain Korkos a la solution pour vous: une adaptation de cette oeuvre de Dostoïevski en BD.

Bien que je sois un grand fan des chroniques d'Alain Korkos sur le site d'@rrêt sur images ou sur son blog la boîte à image, je dois bien avouer que je ne suis pas enthousiasmé outre mesure par son style graphique.

L'ouvrage, édité pour l'instant seulement en anglais, offre un bon résumé de l'oeuvre, sans être transcendant.

Verdict: si je voyage dans le passé, je me conseille d'aller le lire dans un Barnes & Nobles le temps d'un Frappucino mocha.


Crime and Punishment
Dostoïevski,Korkos, Mairowitz

samedi 12 mars 2011

The Lost Room


Voilà une série dont vous n'avez pas probablement entendu parler, et c'est bien dommage.

L'idée de cette chronique m'est venue en regardant Warehouse 13, qui me faisait penser à une série que j'avais énormément appréciée, un peu sur le même thème, aussi diffusée par SyFy aux US:

The Lost Room

Comme dans Warehouse 13, on retrouve des objets aux pouvoirs étranges: un ticket de bus qui vous expédie illico presto à Gallup, au nouveau Mexique, un coupe-papier qui vous fait tomber dans les vap', une flasque old-school qui vous étouffe, un stylo à bille qui projette des micro-ondes ou une clé de motel...

Cette dernière est particulièrement convoitée par les différents groupes antagonistes qui collectent ces artefacts, pour des raisons de religion, d'éthique ou pour des motivations purement personnelles. En effet, insérée dans n'importe quelle serrure, elle fait s'ouvrir la porte sur une chambre de motel qui fleure les années 60: comme toujours quand vous ouvrez la porte d'une chambre d’hôtel, elle est immaculée, le lit fait etc, comme si un reset s'opérait à chaque fois que vous ouvrez la porte. Si vous rentrez dans la pièce avec la clé et refermez derrière vous, lorsque vous décidez de sortir, la porte s'ouvre sur l'endroit que vous visualisez dans votre tête. N'importe quel endroit: aussi bien chez vous ou votre taf' que l'intérieur de n'importe quelle banque ou prison...vous comprenez pourquoi elle est l'objet de tant de convoitise!

Or au début de la série, elle atterrit entre les mains d'un policier dont la fille se retrouve enfermée sans la clé dans la chambre de motel: quand son père tente d'ouvrir à nouveau la porte, la chambre a subi un reset et la fillette a disparu! Le reste de la série (6 épisodes) sera la quête de ce père pour retrouver sa fille. Pour cela, il aura besoin de récupérer certains de ces objets mystérieux, de comprendre d'où ils viennent, qui sont les différents groupes qui tentent de se les approprier et pourquoi, afin de savoir quelles alliances conclure...

Bref, une série au scénario bien cadencé, avec un vrai début un vrai milieu et une vrai fin, bien écrite et bien jouée (pour le casting du policier et de sa fille: Peter Krause de 6 Feet Under et Dirty Sexy Money, Elle Fanning, que l'on retrouve dans Dirty Sexy Money dans le rôle de... sa fille!) qui exploite à fond toutes les possibilités d'une idée simple plutôt que de répéter sans fin un schéma bien huilé type "un épisode/un artéfact à retrouver".

Verdict: si je voyage dans le passé, je m'offre à nouveau les DVD, probablement en 2 exemplaires parce que je sais pas ce que j'ai fait du mien dans le présent.

vendredi 11 mars 2011

Petit cours d'autodéfense intellectuelle


Normand Baillargeon, éd. Lux, 2005

Vous avez toujours rêvé de devenir expert en décryptage médiatique, une fine lame du langage autant que des graphiques ? Canulars scientifiques et crédulité populaire vous horripilent autant qu'ils vous amusent ? Vous vous délectez autant des pensées de Chomsky que des illustrations de Charb ?

Ce "petit cours d'autodéfense intellectuelle" est fait pour vous !

mercredi 9 mars 2011

Nana



Nana est un manga de Ai Yazawa publié en français aux éditions Akata/Delcourt. Il comporte 21 volumes en date en France et au Japon. Il existe également un fanbook, intitulé Nana 7.8, qui s'insère entre les volumes 7 et 8 du manga, ainsi qu'un artbook intitulé Nana 1st illustrations, tous deux traduits et publiés par Delcourt.

Après mon côté cynique et sombre, voilà mon côté un peu, beaucoup fleur bleue, Nana est un vrai manga de filles.
L'histoire débute par une rencontre, dans un train pour Tokyo bloqué par la neige, de deux jeunes femmes qui n'ont que trois points communs : leur destination, leur âge (20 ans) et leur prénom. Nana Osaki est une brune au style gothique qui chante dans un groupe. Elle est montée dans ce train pour recommencer sa vie en réintégrant un groupe de musique et fuir le malaise laissé par sa rupture avec Ren, un musicien (mais quelle fuite? Puisqu'elle rejoint la ville où lui-même est parti 3 ans plus tôt...). Nana Komatsu a les cheveux châtain clair, elle est fragile, docile et superstitieuse. Elle est montée dans ce train pour rejoindre celui qu'elle aime et sa meilleure amie qui ont été pris dans une école d'art. Elle veut aussi se trouver un travail pour voler de ses propres ailes.
Tout oppose nos deux Nana : leurs origines, leurs caractères... Mais elles sont poussées par les mêmes moteurs : reconstruire, être indépendantes. C'est ainsi que leurs destins se recroisent alors qu'elles cherchent un logement et qu'elles deviennent colocataires dans l'appartement 707 (c'est une autre coïncidence, car leur prénom, Nana, signifie aussi le chiffre 7).
Et le duo marche finalement plutôt bien.
Un manga sur fond de romantisme, de rock et de mode qui traite surtout des relations affectives amoureuses et/ou amicales. Les personnages sont variés autant au niveau des caractères que des physiques ou encore de leurs histoires.
A dévorer quand on s'y laisse prendre mais bien sûr il faut aimer le style.

Remarque : je me suis aussi laissée prendre par l'adaptation filmographique mais je suis certaine que c'est parce que je suis fan...

Kurosagi livraison de cadavres


C'est un manga de Eiji Otsuka dessiné par Hosui Yamazaki qui est publié aux éditions Pika Edition.
14 volumes sont actuellement sortis au Japon, nous en sommes au 10ème en France.
Du même scénariste que MPD psycho et Lévianthan qui sont franchement déjantés et sombres, c'est un manga qui reste pour public averti mais plus léger et humoriste.
Karatsu Kuro est étudiant en dernière année dans une fac bouddhiste et il s'ennuie... alors le voilà à fureter du côté du panneau des petites annonces en tout genre. Sasaki, la présidente d'une association au nom très peu évocateur d'« Amicale des étudiants », l'aborde et l'emmène rejoindre les autres membres dans une forêt avoisinante.
Et ce n'est pas n'importe quel bois, c'est la forêt d'Aokigahara qui, selon un mythe urbain plus ou moins fondé, pullule de cadavres car elle est devenue le lieu de prédilection des gens qui ont envie d'en finir avec la vie. Cette forêt est située au nord-est du Mont Fuji et elle est le lieu de la plupart des suicides se déroulant dans la préfecture de Yamanashi soit 1 % des suicides au Japon dans cette préfecture. (Merci Wikipédia)
Mais revenons à Karatsu qui rencontre alors les autres membres du groupe, tous aussi bizarres les uns que les autres. Sasaki adore prendre en photo des cadavres et mettre ses œuvres sur internet. Numata est sourcier mais au lieu de repérer les sources souterraines, ce sont les cadavres que son pendule indique. Makino a étudié la thanatopraxie (techniques d'embaumement et de présentation des cadavres). Yata communique avec des extraterrestres grâce à une marionnette. Cérélès est une marionnette de ventriloque possédée par un extraterrestre et qui discute souvent avec Yata. Elle ne peut bouger et parler que lorsque ce dernier est éveillé. On peut croire à un numéro de ventriloque mais il s'agit bien d'un être doué de conscience qui pense et agit indépendamment de Yata. Et Karatsu dans tout ça? Il devrait s'enfuir en courant ou du moins paraître très étonné? Mais il n'en est rien car le hasard (ou le destin? Ou le scénario?) fait bien les choses et il a lui aussi un pouvoir : il peut entendre les dernières paroles des morts. On se demande d'ailleurs si ce talent ne serai pas dû à ce personnage inquiétant et énigmatique que l'on voit parfois au dessus de son épaule?
L'entrée de Karatsu dans le groupe va faire débuter l'aventure car les voilà embarqués dans une mission étrange pour exaucer les dernières paroles d'un cadavre. Ce qui donne des idées à Sasaki : monter une entreprise pour aider les morts à réaliser leurs dernières volontés. Et vous en connaissez déjà le nom : « Kurosagi livraison de cadavres ».
Le seul reproche que je ferai à cette série est dû à la construction du scénario. Mais c'est lié à mes goûts. Je préfère les séries qui ont un scénario construit sur l'ensemble des tomes et dont l'auteur connaît la fin et déroule l'intrigue pour y arriver, aux séries répétitives dont chaque tome est une intrigue indépendante et où seuls les personnages et leurs histoires personnelles lient les épisodes. Nous sommes là dans le second cas, chaque tome correspond à une ou plusieurs mini intrigues.

En résumé : le dessin est agréable mais cru (heureusement qu'il est en noir est blanc parce qu'il est assez sanglant), l'histoire mêle humour, cynisme et bizarrerie. Ce n'est pas du grand scénario mais je trouve ça très agréable et assez original.
J'attends avec impatience le tome suivant qui tarde à venir.

Remarque : Kurosagi est aussi une série télévisée japonaise inédite en France dont l'intrigue n'a rien à voir avec le manga papier.

mardi 8 mars 2011

Lorsqu'un sentiment de vertige vous envahit...


Une de mes nombreuses passions a toujours été la bande dessinée et, plus précisément, ces dernières années, le comics. Cependant, il me semblait injuste de parler de cette passion sans parler de ceux à qui je la dois...
A mon sens, ceux qui lui ont donné ses  lettres de noblesse sont les éditions Vertigo.

Depuis sa création (et même un peu avant), cette maison d'édition est à l'origine de certaines des plus belles œuvres graphiques jamais écrites ces 30 dernières années.

La vie de Vertigo est si fortement liée à celle de son éditrice, fondatrice (et directrice depuis la fondation officielle),  il me parait normal de commencer  en racontant très succinctement la carrière de cette dernière:

En 1979, Karen Berger est une jeune éditrice qui entre à DC comics (Batman, Superman, Wonderwoman... ). Très rapidement, elle part en Angleterre à la recherche de jeunes talents. Au cours de ses pérégrinations, elle réunit un groupe d'auteurs qu'elle a dénichés elle-même ou que certains de ses collègues lui auront conseillés (c'est ainsi qu'elle met la main sur Alan Moore). Tous ces artistes marqueront durablement le monde du comics : Grant Morrison, Jamie Delanoe, Alan Moore, Garth Ennis et Neil Gaiman.

Avec cette écurie, elle va monter une nouvelle sorte de comics: plus sombre, plus mordant, mais aussi plus irréel et féerique parfois... des œuvres qui, au final, ne s'adressent plus à des enfants. D'ailleurs depuis la fondation officielle, toutes les publications sont estampillées "suggested for mature reader" (la traduction la plus proche serait: "pour public averti"). Cette fine équipe rencontre un succès fort mérité et pour éviter la confusion des genres entre sa ligne éditoriale historique et celle de cette nouvelle pépinière, DC Comics fait fonder les éditions Vertigo en 1993. La consigne pour Karen Berger:  continuer dans cette ligne éditoriale et gérer la part du catalogue de DC comics pertinente pour cette veine éditoriale (d'où le "et même un peu avant" que vous lûtes plus haut).

L'autre élément important sur cette maison mature et sans contrainte est que les œuvres sont vraiment attachées ici à leurs auteurs: une fois le titre entamé, s'il peut arriver que le dessinateur change (mais cela reste quand même rare), l'auteur, quant à lui, reste du début a la fin! Cet attachement à reconnaître l'importance de la paternité de l'œuvre est, à mon sens, ce qui fait la force de Vertigo: donner les moyens à des auteurs d' avoir la liberté d'aller au bout de leur œuvres... une sorte de mariage parfait entre le dynamisme de la bande dessinée américaine et la qualité d'écriture européenne...

Les œuvres proposées sont parmi celles qui marquent notre époque, à l'image d'un Tintin ou d'un Blueberry en leur temps, voyez plutôt:

V for Vendetta, Sandman, Watchmen, The Swamp Thing , Hellblazer, Fable, Stardust, Tank girl, Transmetropolitan, Y the last man... et j'en oublie plein d'autres!

Prochainement, je ferai quelques billets sur les œuvres qui me marquent le plus, celles que je continue à suivre... donc continuez à lire et suivez la route de brique jaune!

dimanche 6 mars 2011

Et qui y a t'il sous les pavés de Londres?


Si vous aimez le fantastique, vous avez forcément croisé la route de Neil Gaiman. Cet auteur britannique a percé avec la nouvelle graphique « the Sandman » à la fin des années 80. Mais peut-être le connaissez-vous pour « Stardust » (avec De Niro) ou encore le film d'animation « Coraline »; ou bien pour sa collaboration avec le génialissime Terry Pratchett (qui mériterait qu'on invente un superlatif rien que pour lui) : « Good Omens ». Sinon faut sortir de votre grotte le Samedi. Romans, comics, nouvelles, scénarios de série télé ou adaptations cinématographiques, rien n'échappe à ce touche-à-tout. Il génère des univers personnels et envoutants : intégrant des données de notre quotidien et du rêve, détournant les codes du conte initiatique, construisant de nouvelles mythologies, oscillant du punk au fantastique, Neil Gaiman aime l'autre coté du miroir. J'ai décidé de commencer probablement pas par le meilleur mais par un ovni télé-romanesque : « Neverwhere », exemple quasi-académique du « fantaisie urbaine ». Pour tout dire, c'est le premier du genre traduit en France; c'était en 1998.
Neverwhere est tout d'abord une mini série télé anglaise en 6 épisodes, sortie en 1996. D'après le site fluctua-net; l'auteur, déçu du résultat, écrivit le roman quelques années plus tard.
Un synopsis tout d'abord. Vous êtes vous déjà demandé ce que faisaient les gens qui murmurent bizarrement dans le métro? Où vont les rames sombres qui filent à vive allure sans s'arrêter à quai? Comment on entre dans une station désaffectée? Où vivent les souris qui courent entre les rails? Comment les mendiants en sont arrivés là? Toutes ces questions trouvent leurs réponses dans « le Londres d'en bas », une ville miroir tentaculaire qui se développe entre les égouts, les couloirs du métro, les failles de notre réalité. C'est là que vivent ceux que « le monde d'en haut » a oublié. C'est ce Londres d'en bas que Richard découvre bien malgré lui. Il vit jusque là une existence monotone d'homo-urbanis; quand un soir, il récupère une jeune fille aux abois, sale et dépenaillée, qui semble sortir de nul part. Dès lors, sa vie se délite : sa fiancée le quitte, ses collègues ne le reconnaissent plus, sa carte de crédit ne fonctionne pas... Il ne lui reste qu'une seule solution : retrouver la jeune fille « Porte » et l'aider dans sa quête pour découvrir l'assassin de ses parents (de gauche à droite : Porte, Chasseur, Richard).
Malgré un scénario en béton, des rebondissements ingénieux et des personnages hauts-en-couleur (spéciale dédicace au Marquis de Carabas), la série pêche un peu. Et c'est justement ce que j'aime. Ce projet BBC aurait mérité un budget 3 fois supérieur, particulièrement pour les décors. Mais il ne fait pas oublier que nous sommes en 1996, les sommes allouées aux séries ne dépassaient pas encore le PNB d'un pays en voie de développement. En premier lieux, il y a ce grain caméra « typiquement british », genre DV. Ensuite, le jeu des acteurs est parfois tangent, avec un coté déclamatoire qui n'est pas sans rappeler les pièces de fin d'année du club de théâtre; même si pour le physique, le casting colle à merveille (oui Marquis, celle-là aussi est pour toi). Mais zut, tant pis, au bout de deux épisodes, on oublie tout pour plonger dans cette intrigue originale.
Enfin, Neverwhere fournit, pour moi, le couple de méchants les plus méchants, vicieux, effrayants de l'histoire de la série télé. Mr Croups et Mr Vandemar, genre de Laurel et Hardy des ténèbres, qui détruisent des monastères médiévaux pour le plaisir, égorgent des animaux mignons pour passer le temps et tuent occasionnellement des particuliers pour payer les factures. Quand on pense aux grands méchants, on évoque Hannibal, Mme Bates, le Joker ou Coeur-dur mais pour moi ces derniers personnages sont contenus, que ce soit géographiquement, par leur obsession, par leur modus operandi. Jamais « Mme » Bates ne quittera sa pension minable pour me découper sous la douche; je suis polie avec les vieux messieurs, ce qui me met à peu prêt à l'abri d'Hannibal; le Joker n'existe qu'en réponse à Batman... Mais Mr Croups et Mr Vandemar n'ont rien de logique et vivent à jet d'eurostar de chez moi, entre plusieurs réalités. Ils sont l'incarnation du croque mitaine, avec un costume démodé et un air ridicule. Ces deux personnages étaient au départ façonnés pour une nouvelle pour enfants que Gaiman avait imaginée en 78; je suis bien contente qu'il ait modifié son projet et évité de traumatiser au passage toute ma génération.
Le livre est sans doute plus abouti, mais la série garde son charme. A noter enfin qu'il existe depuis peu une version graphic novel, mais je ne l'ai pas encore lue.

samedi 5 mars 2011

Bière testing tome I : rencontre de culturophages, matériel et méthode.


L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE

Voici une bonne occasion de parler d'une boutique dont nous raffolons et qui a ouvert il y a peu : «Chop'In». Dans le 14ème, rue de Gergovie (M Pernety), ce magasin vend pour un prix très raisonnable des bières fines (compter 15 euros pour une dizaine de bouteilles). Il y en a pour tous les goûts : des breuvages aromatisés aux fruits rouges jusqu'à la mousse qui fait pousser du poil au torse, des belges, des françaises, des américaines, des blondes, des brunes, des rousses, des douces et des traîtres... Les vendeurs sont adorables, la boutique très agréable. Une excellente adresse pour les amateurs de bières et les curieux parisiens.
Procédons de manière scientifique (ou presque). Le principe de la soirée : les 10 bières sont emballées dans du papier journal, numérotées puis goûtées dans un ordre aléatoire. Chaque culturophage a 2 verres pour une comparaison en parallèle et peut redemander à n'importe quel moment à en regoûter une. Sa mission: choisir sa préférée et deviner les arômes. Une grille permet à chacun de désigner le vainqueur du match, de mettre quelques commentaires et une appréciation globale.

Vendredi soir, 21h : l'œil vif, l'estomac bien accroché, de jeunes culturophages courageux se lancent dans l'aventure. Dans la cuisine, une série de bouteilles, des flammeküches, des gougères, des macarons. On se saoule à la bière, oui, mais avec distinction.
Vendredi soir, 21h40: après 4 bières différentes, on commence à avoir un peu de mal à distinguer les goûts. Ce qui amène à des notations binaires en « j'aime/yak ».
Vendredi soir 22h: ça existe vraiment une bière à la viande?
Vendredi soir 22h20: bon alors le tableau commence à ressembler un peu à rien du tout. Un macaron- tasting s'enclenche en parallèle, il n'y a pas de limites à l'investigation gustative!
Vendredi soir 22h41: on réalise que l'ordre des bières changent toute la donne; certaines ne ressemblent finalement plus autant à du destop quand celle qui précède n'est pas du jus de sucre. Certains hésitent à reprendre tout le classement et tout regoûter. Ca, c'est de l'expérimentateur.
Vendredi soir 22h58: celle-là, rien qu'à la couleur, c'est de la cerise. Zut alors ça veut dire que l'autre c'était quoi. Bon, ben, faut regoûter.
Vendredi soir 22h67: l'œil un peu moins vif qu'au début, chaque culturophage recompile sa fiche avec plus ou moins de difficultés, face aux petits écarts de logiques de classement, qui ne serait finalement pas si grave si on vivait effectivement dans un univers en forme de tasse à café. Hélas, ce n'est pas le cas.
Vendredi soir 23h15: A chaque position dans le classement est attribuée un score. On rassemble toutes les données, calcule la note globale de chaque bière pour établir l'ordre final. Enfin, roulement de tambour, on découvre qui est qui.
Ce qui nous donne : suite dans la chronique suivante!

Bière testing II : les résultats.

Dans l'ordre croissant (les notes sont données sur 10):
Avec une note de 2.33 (écart type 1.51) : la Triple Karmeliett. C'est la plus amère des bières en compétition. Certains y ont perçu un goût de racine ou même de bergamote. Elle a été testée en 4ème. Cette bière belge existe depuis 1996 ; l'anecdote veut que la recette soit inspirée de la boisson des moines carmélites de Dendermonde. Sa particularité est d'avoir un degré d'alcool élevé : 8.4% (source wiki).

Avec une moyenne de 3.17 (écart type 1.72) : la Telenn Du. Presque tout le monde a reconnu une brune (certain ont rajouté : avec un goût de steak). Cette mousseuse bretonne est faite à base d'orge maltée et de sarrasin (info sur le site brasserie lancelot). Elle a été goutée en 8ème.

En 8ème position, la Bière de Miel avec une moyenne de 4.17 (écart type 3.82). Certains y ont peut être vue une ambrée, de manière générale, on y a essentiellement identifié un goût de... « bière ». Exit pour le miel que personne n'a senti. A noter que cette bière existait déjà en 1880 et jusqu'en 1920. Puis elle a disparu pendant 75 ans avant de reparaître sous sa forme actuelle . Cette une bière bio a été ouverte en 7ème (source : site des brasseries Dupont).

Tout proche, on découvre la Cuvée des Trolls avec une moyenne de 4.67 (écart type 2.8). On y a tous vu une bière blonde légère, pour certains rafraichissante, pour d'autres de la pisse d'âne. Elle titre 7% en alcool et elle est parfumée d'écorces d'oranges séchées (dixit leur site plutôt bien fait et rigolo...à noter qu'aucun culturophage n'a pensé aux agrumes). Elle fut goutée en 6ème.

Vient ensuite la Blanche Foudroyante (moyenne 5.83, écart type 2.64). On a majoritairement reconnu une blanche, parfois une blonde. Dans l'ensemble, on ne peut pas dire qu'elle ait déclenché des masses de créativité question commentaires. Elle fut essayée en 9ème. Mais nous allons revenir aux Foudroyantes.

La suite a vu le triomphe des bières aux fruits et au sucre, avec en 5ème position la Kriek Foudroyante, avec une moyenne de 6 (écart type 3.3). Elle embaume littéralement la cerise, personne ne s'y est trompé. Les appréciations vont du très descriptif «fruité» à «super». Cette bière belge a une couleur rouge très riche. Le club des amateurs de bières la qualifie de bière grand public mal équilibrée. Pour nous, elle rentre dans la partie haute du classement. Elle a été testée en dernier.

Ensuite notre première Faro : la Lindemans (moyenne 6.17; écart type 1.94). Le secret : une bière au sucre. Elle nous a bien emmêlée le palais : on a pensé framboise, miel, cassis, avec des ratures et des points d'interrogation un peu partout. Autrement dit, trouvant le sucre, nous avons chercher le fruit. Ce fut la deuxième à être ouverte.
Par contre, tout le monde a reconnu le goût très prononcé de granny de la Pomme Lindemans. Elle obtient la 3ème position au classement et une moyenne de 6.67 (écart type 2.42). Elle est légère, sucrée et très fruitée, même un peu trop pour les amateurs de «vraies» bières. Cela ne fait que 5 ans que Lindemans la commercialise, elle est inspirée des bières celtiques (source lindemans), d'où son petit côté cidre.

La médaille d'argent revient une autre création de Lindemans, la Framboise (moyenne 7.83, écart type 1.83). Le goût a bien été identifié par tous les culturophages. Sa couleur est somptueuse.

Je vous sens frémir d'impatiente alors qu'approche le verdict final. Roulement de tambour bis.... la gagnante est …. la Faro Foudroyante. Toujours dans les bières au sucre, celle-ci ne présente plus aucune amertume et a été décrite comme plus rafraichissante que la Faro lindemans.
Quelles sont les grandes tendances qui se sont dégagées lors de la soirée :
  1. Nous ne sommes pas des amateurs de "bières pur jus". Un seul d'entre nous apprécie les bières amères, sinon dans l'ensemble ce sont les "bières de nénettes" qui l'ont largement remportées;
  2. Il n'y avait pas de biais statistique purement lié aux expérimentateurs (test de Friedman, p=0.94)
  3. Les plus matheux auront remarqué que les seuls les extrêmes ont des écarts-types réduits. En effet lorsque l'on réalise un test statistique de Friedman, on se rend compte que la seule différence significative dans ce classement distingue la Faro Foudroyante de la Karmeliett, c'est à dire les deux extrêmes du spectre de l'amertume (p=0.01).
  4. D'ailleurs, la Karmeliett a été testée juste après la Faro. Regoûtée plus tard, la Karmeliett a retrouvé quelques adeptes, comme quoi l'ordre du test a probablement largement influencé le classement.
  5. Les macarons dans n'importe quel ordre, c'est bon.

Je sens poindre la question de l'échantillon. Et bien non ce n'était pas que des nanas : il y avait 2 garçons pour 4 filles et un témoin négatif qui n'a que senti les bières. C'est une fille qui a le plus apprécié les bières amères alors que les garçons avaient élu n°1 la Faro Foudroyante ou la Lindemans Framboise. Autant pour les stéréotypes.

Pour de plus amples informations houblonesques:
et enfin le site de Chop In : http://www.futsetbieres.fr/

Les Culturophages

jeudi 3 mars 2011

Warehouse 13 ou quand un monde d'éternel émerveillement s'ouvre à vous (dixit miss Fredericks)


Warehouse13

Sous ce nom un peu curieux se cache une des pépites du paysage télé de ces dernières années. Une qui a la chance de vivre sa vie tranquillement sans se faire truster par les mastodontes tel que CSI (les experts en français), ou encore le génial et à jamais mythique BattleStar Galactica (la version post-an 2000).

L'histoire:
Deux agents des services secrets américains (Peter Latimer & Myka Bering), à la suite d'évènements étranges qu'ils ont contribué à endiguer et dont ils sont témoins, vont se retrouver réaffectés dans une branche de la nébuleuse des services secrets américains qui n'est connue que d'un tout petit nombre de gens: le Warehouse13.
La mission de ce service: collecter, étiqueter, ranger des artefacts.

Ils intègrent donc une équipe déjà existante sous les ordres d'un vieux chef pantouflard grincheux et un peu excentrique, ils vont parcourir le monde pour mettre la main sur ces artefacts et couvrir les conneries qui pourraient avoir lieu, le tout sous la houlette d'une grande patronne mystérieuse et inquiétante: miss Fredericks.

Je sens pointer la question mais qu'est-ce donc un artefact?
C'est un objet qui, ayant appartenu ou ayant été en contact avec une personne célèbre, à un moment fort de la vie de cette personne, a été doté  de pouvoirs étranges, e.g. au cinéma : l'arche d'alliance d'Indiana Jones, ou encore la lance de Longinus dans Constantine. Toutefois, dans la série,  ces objets ne tiennent pas au départ de reliques religieuses, ce sont le plus souvent des objet usuels qui ont des liens avec des personnages historiques. Imaginez:
un peigne ayant appartenu a Lucrèce Borgia, un portefeuille d'Houdini, le miroir de Lewis Caroll, la lame de la guillotine qui décapita Marie-Antoinette, et j'en passe de biens meilleures...

En plus, histoire d'en rajouter une couche, cette série est délicieusement mâtinée d'une patine rétro/steampunk. En effet les inventeurs du warehouse13 étant tous des inventeurs du siècle dernier, ils ont laissé toute une ribambelle d'objets et d'armes utilisables pour aider les agents. On retrouve ainsi des pistolets électriques conçus par Tesla, des visiophones old school inventés par Farnsworth (je vous laisse chercher dans la wiki pour celui-ci), etcetcetc...

Ainsi, nos compères se retrouvent à récupérer des

artefacts détectés, couvrir et enquêter sur des crimes commis avec ces artéfacts, sauver le monde, ou parfois traquer les renégats (car il y en a).


La serie est courte, 13 épisodes par saison, et va bientôt commencer sa 3ème saison, elle est bien rythmée et c'est un véritable plaisir à regarder, sans parler des guests qui y passent (si vous n'êtes pas un fan absolu de séries US ou un geek fini, ces derniers ne vous diront rien alors je ferai l'impasse sur les noms). Les personnages sont parfois un poil caricaturaux mais l'ambiance et la générosité des acteurs gomment ces petits défauts. J'aime beaucoup cette série et son côté rafraîchissant, pas (trop) prise de tête, et en même temps bourrée de plein de bonnes idées scénaristiques. En plus, les auteurs ont décidé de ne pas faire dans la solution de facilité en nous faisant une variation du "théorème Highlander" comme l'ont fait les experts:
*** aparté***
dans la série de Highlander presque tous les épisodes sont construits selon un schéma fixe.
un épisode = minimum un méchant immortel = un duel.
Dans les experts, la formule de base est la même:
un épisode = minimum une enquête de préférence un peu compliquée ou crade = un face a face (généralement en salle d'interrogatoire) avec le coupable pour le confondre.
D'ou le "théorème Highlander"
*** fin d'aparté***

Donc non! Les scénaristes n'ont pas succombé aux sirènes de la facilité en faisant un vulgaire "copier-coller" du schéma un épisode = un artefact à récupérer = un dénouement heureux.
Ils ont creusé le mythe des warehouses ( pourquoi celle-là est n°13?), les fils narratifs des personnages pour donner de la profondeur à ce récit et nous amener à en rêver...
Alors résumons, une série où des agent enquêtent pour récupérer des objets tous plus fous les uns que les autres, ils sont équipés de matos steam, et tout leur QG est comme ça, les scénarios sont variés et sympas. Que demande le peuple?
Pas assez ok alors teasing de malade dans la saison 2:
H.G. Wells débarque!