dimanche 6 mars 2011

Et qui y a t'il sous les pavés de Londres?


Si vous aimez le fantastique, vous avez forcément croisé la route de Neil Gaiman. Cet auteur britannique a percé avec la nouvelle graphique « the Sandman » à la fin des années 80. Mais peut-être le connaissez-vous pour « Stardust » (avec De Niro) ou encore le film d'animation « Coraline »; ou bien pour sa collaboration avec le génialissime Terry Pratchett (qui mériterait qu'on invente un superlatif rien que pour lui) : « Good Omens ». Sinon faut sortir de votre grotte le Samedi. Romans, comics, nouvelles, scénarios de série télé ou adaptations cinématographiques, rien n'échappe à ce touche-à-tout. Il génère des univers personnels et envoutants : intégrant des données de notre quotidien et du rêve, détournant les codes du conte initiatique, construisant de nouvelles mythologies, oscillant du punk au fantastique, Neil Gaiman aime l'autre coté du miroir. J'ai décidé de commencer probablement pas par le meilleur mais par un ovni télé-romanesque : « Neverwhere », exemple quasi-académique du « fantaisie urbaine ». Pour tout dire, c'est le premier du genre traduit en France; c'était en 1998.
Neverwhere est tout d'abord une mini série télé anglaise en 6 épisodes, sortie en 1996. D'après le site fluctua-net; l'auteur, déçu du résultat, écrivit le roman quelques années plus tard.
Un synopsis tout d'abord. Vous êtes vous déjà demandé ce que faisaient les gens qui murmurent bizarrement dans le métro? Où vont les rames sombres qui filent à vive allure sans s'arrêter à quai? Comment on entre dans une station désaffectée? Où vivent les souris qui courent entre les rails? Comment les mendiants en sont arrivés là? Toutes ces questions trouvent leurs réponses dans « le Londres d'en bas », une ville miroir tentaculaire qui se développe entre les égouts, les couloirs du métro, les failles de notre réalité. C'est là que vivent ceux que « le monde d'en haut » a oublié. C'est ce Londres d'en bas que Richard découvre bien malgré lui. Il vit jusque là une existence monotone d'homo-urbanis; quand un soir, il récupère une jeune fille aux abois, sale et dépenaillée, qui semble sortir de nul part. Dès lors, sa vie se délite : sa fiancée le quitte, ses collègues ne le reconnaissent plus, sa carte de crédit ne fonctionne pas... Il ne lui reste qu'une seule solution : retrouver la jeune fille « Porte » et l'aider dans sa quête pour découvrir l'assassin de ses parents (de gauche à droite : Porte, Chasseur, Richard).
Malgré un scénario en béton, des rebondissements ingénieux et des personnages hauts-en-couleur (spéciale dédicace au Marquis de Carabas), la série pêche un peu. Et c'est justement ce que j'aime. Ce projet BBC aurait mérité un budget 3 fois supérieur, particulièrement pour les décors. Mais il ne fait pas oublier que nous sommes en 1996, les sommes allouées aux séries ne dépassaient pas encore le PNB d'un pays en voie de développement. En premier lieux, il y a ce grain caméra « typiquement british », genre DV. Ensuite, le jeu des acteurs est parfois tangent, avec un coté déclamatoire qui n'est pas sans rappeler les pièces de fin d'année du club de théâtre; même si pour le physique, le casting colle à merveille (oui Marquis, celle-là aussi est pour toi). Mais zut, tant pis, au bout de deux épisodes, on oublie tout pour plonger dans cette intrigue originale.
Enfin, Neverwhere fournit, pour moi, le couple de méchants les plus méchants, vicieux, effrayants de l'histoire de la série télé. Mr Croups et Mr Vandemar, genre de Laurel et Hardy des ténèbres, qui détruisent des monastères médiévaux pour le plaisir, égorgent des animaux mignons pour passer le temps et tuent occasionnellement des particuliers pour payer les factures. Quand on pense aux grands méchants, on évoque Hannibal, Mme Bates, le Joker ou Coeur-dur mais pour moi ces derniers personnages sont contenus, que ce soit géographiquement, par leur obsession, par leur modus operandi. Jamais « Mme » Bates ne quittera sa pension minable pour me découper sous la douche; je suis polie avec les vieux messieurs, ce qui me met à peu prêt à l'abri d'Hannibal; le Joker n'existe qu'en réponse à Batman... Mais Mr Croups et Mr Vandemar n'ont rien de logique et vivent à jet d'eurostar de chez moi, entre plusieurs réalités. Ils sont l'incarnation du croque mitaine, avec un costume démodé et un air ridicule. Ces deux personnages étaient au départ façonnés pour une nouvelle pour enfants que Gaiman avait imaginée en 78; je suis bien contente qu'il ait modifié son projet et évité de traumatiser au passage toute ma génération.
Le livre est sans doute plus abouti, mais la série garde son charme. A noter enfin qu'il existe depuis peu une version graphic novel, mais je ne l'ai pas encore lue.

6 commentaires:

  1. hum... du coup je me demande, c'est qui vos grands méchants à vous?
    Ici une jolie brochette:
    http://www.linternaute.com/cinema/diaporama/06/pires-mechants-histoire-cinema/1.shtml

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  2. Encore une bonne raison de pester contre ma vitesse de téléchargement... ;-)
    Pour les méchants, je penche plus vers les mauvais esprits, insaisissables et imprévisibles. Je pense que c'est leur manière de se déplacer qui me fait le plus froid dans le dos (Exorciste, The Ring)

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  3. téléchargé tue les artistes! alors ne flingué pas ceux que vous aimé, acheté leurs œuvres!
    et choisissez biens vos cibles!

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  4. hum il ne me semble que je n'ai jamais vu la série en question dans les bacs. N'ayant pas été traduite, je ne pense pas qu'on la trouve facilement en France!

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Ouaip, c'est ce qui me semblait surtout par chez moi. Parce que sinon en effet j'achète. Là où je suis frustrée aussi c'est que je ne peux rien télécharger légalement, débit trop bas... Je croyais avoir trouvé un moyen de compenser l'éloignement de la ville. Alors finalement vive les boutiques en ligne!

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