mercredi 31 août 2011

Un secret vosgien bien gardé


Culturophage gourmand, gourmet et carnivore, je suis ici pour dénoncer un complot honteux ourdi contre ton palais délicat et ton estomac affamé de découverte: dans les lointaines et montagneuses forêts des Vosges se cache l'un des plats les plus savoureux de l'hexagone. Pourtant qui a jamais entendu parlé de « pièce fumée »? Hein! Hein??! Voilà! Comme si en Quercy, on avait décidé de se mettre de coté le foie gras (certes qui serait une invention juive, à voir cet excellent Ted talks), comme si les japonais avaient jalousement conservé leurs sushis, comme si la pomme de terre n'avait jamais traversé l'atlantique. Pourtant leurs voisins alsaciens ont bien exporté leur choucroute, avec toutes les conséquences post-digestives déplorables qu'elle engendre, mais je soupçonne que c'était pour mieux détourner l'attention de ce secret culinaire. Car rien que son fumet me ferait saliver autant que tous les sujets de Pavlov réunis et c'est l'une des raisons qui me garde de devenir végétarienne pour de bon.
De quoi s'agit il?
D'épaule ou palette de porc fumées et légèrement saumurées.
Comment cela se prépare?
Le plus simplement du monde, on balance la viande, quelques légumes (carottes, navets, patates) et quelques aromates (laurier, quelques clou de girofle plantés dans un oignon) dans une cocotte minute, on recouvre d'eau, on referme et on attend. Plus on attend, mieux c'est; et alors que la cuisine embaume, l'attente se transforme en exercice de maîtrise de soi sialagogue. Quand la viande tombe toute seule de l'os (après au minimum 2 heures, mais les plus stoïques peuvent faire durer la torture jusqu'à 4h et plus), c'est parfait. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette viande n'est pas grasse. Le bouillon peut être réutiliser à loisir pour faire cuire de pâtes, préparer des soupes...
Ô rage, ô désespoir, je n'ai jamais croisé de pièce fumée sur les étals des boucheries parisiennes et me contente d'en récupérer quand je vais faire un tour dans les Vosges. Mais si jamais la chance vous sourit, n'hésitez pas!
La photo vient de

lundi 29 août 2011

Après Emily, Charlotte


Continuons dans notre lancée victorienne.

Jane Eyre, publié en 1847, est l'un des romans anglais les plus populaires et étudiés de nos jours. Jane, orpheline, passe une enfance malheureuse. Elevée chez une tante qui la traite comme une inférieure et martyrisée par ses cousins, elle finit par se rebeller. Elle est envoyée dans une pension pour jeunes filles pauvres, Lowood, où l'éducation est stricte et les conditions sanitaires déplorables. Cependant, après qu'une épidémie décime la moitié du pensionnat, les conditions de vie s'améliorent sensiblement. Jane devient un modèle victorien de jeune fille, modeste et appliquée, lissant son caractère rebelle et impétueux. Elle passe 8 ans à Lowood et finit par y tenir le rôle de professeur. Elle a 18 ans quand elle décide de se frotter au monde et d'accepter un poste d'institutrice auprès d'Adèle, la pupille d'un certain Rochester. Sa vie se déroule paisiblement jusqu'à ce que le maître des lieux fasse irruption à Thornfield. L'attirance de Jane pour Rochester, un homme sauvage et solaire, se développe peu à peu malgré leur différence d'âge (il a 20 ans de plus qu'elle) et de conditions sociales (il est riche, elle est pauvre). Cependant, une menace plane sur Thornfield, tout d'abord en la présence de Blanche Ingram, belle et de bonne famille, que Rochester semble vouloir épouser; mais surtout, le château abrite un secret. On entend parfois un rire terrifiant, venant d'appartements fermés à clef et Grace Poole, la servante qui y loge, est pour le moins étrange. Jane Eyre est une nuit réveillée par ce rire maléfique et trouve la chambre de son maître incendiée. Malgré cela, Grace Poole n'est pas inquiétée...

Si ce mélodrame est bien construit et se lit agréablement, je ne comprends pas trop pourquoi ce roman a eu tant de succès. Le style est inégal (la fin est bien mieux écrite que le début) et les personnages finissent par « rentrer dans le moule ». D'après les analyses que j'en ai lues, une clef de ce roman est le fait que Charlotte confronte des valeurs sincères (amour profond; vrai sentiment religieux) et des « masques » (amour de convenance, mariage de raison, appariement convenables entre des jeunes gens de même classes sociales...; lois religieuses). Si certains tabous (la bigamie, les relations parents-enfants, les conditions de vie dans les pensionnats, les barrières de classes) sont abordés, on est loin du tumulte enragé et des sentiments destructeurs des Hauts des Hurlevents. C'est un peu comme comparer une meute de chihuahua avec la chevauchée de Walpurgis. Attention, ça ne signifie pas dire que je ne l'ai pas lu d'une traite pour autant. Surtout, il donne une vision assez effarante de la position féminine de l'époque. Ainsi la description d'Adèle adulte, devenue une compagne idéale : "obligeante, docile, de bon caractère et sérieuse" résume bien les qualités qu'on attend d'une femme!

Charlotte s'inspire de sa propre existence. Le physique de l'héroïne en témoigne : petite (le cercueil de Charlotte Brontë mesurait 1m45), ses traits fades et irréguliers. Ensuite, il y a Rochester, un hybride entre Branwell, le frère débauché (ce qui rappelle les écarts de conduite de Rochester pendant sa jeunesse) et Constantin Heger, le pédagogue bruxellois et marié, dont Charlotte tombe désespérément amoureuse. On retrouve les thèmes de la déception sentimentale, de la séparation, de la différence d'âge et de statut, de l'homme inatteignable. Tout donne l'impression que Jane Eyre est une façon de vivre par procuration cet amour impossible.
Ci dessus un portrait de Charlotte, d'après description (sur Wiki)
A noter pour les adaptations cinématographique une version en 1996 avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Jane Eyre (choix judicieux) et Anna Paquin (ouioui, la jolie blonde de True blood) qui incarne l'héroïne jeune; et une version vaudou librement inspirée en 1943 (I walked with a zombie).

Surtout après tout çà, je conseille « L'affaire Jane Eyre », le roman loufoque de Jasper Fforde!

mardi 23 août 2011

Orgueil et préjugés et zombies


Après m'être régalée de l'original « Orgueil et préjugés » de Jane Austen (Merci encore Pangoline qui m'a mis l'eau à la bouche ici et ), voilà que je tombe sur cette BD parodique écrite par Seth Grahame-Smith et illustrée par Cliff Richards. Mon chéri étant fan de zombies, j'ai été plus qu'intriguée et attirée et l'ai ramenée à la maison.

Les moins :
Le graphisme est plus ou moins travaillé selon les vignettes et on a du coup parfois du mal à reconnaître les personnages féminins.

Les plus :
Je suis une fan de tout ce qui est combats à l'épée version asiatique donc j'ai été servie. (en plus ce sont des femmes !)
Le graphisme est vraiment agréable.
On retrouve bien le ton féministe, ironique et novateur de l’œuvre originale.

Plus et moins :
La parodie est beaucoup plus trash et sanglante (âmes sensibles s'abstenir même si les dessins en noir et blanc rendent l'hémoglobine moins visible), on perd donc bien sûr en finesse et en subtilité. Certaines scènes et intentions des personnages paraissent alors dénaturées mais n'est-ce pas le principe de cette parodie ? ;-)

En bref j'ai bien aimé pour ce que c'est, c'est à dire une parodie et donc loin derrière le roman original. J'ai appris peu de temps après qu'en fait l'auteur Seth Grahame-Smith en avait d'abord fait un roman. J'ai beaucoup aimé la BD mais je ne suis pas sûre que ce soit au point d'en lire le roman...

Je pense que cet interview de l'auteur éclaire un peu ses intentions...


L'homme qui voulait être heureux


Comme beaucoup, je me suis laissée prendre par un des bestsellers de l'été. Très facile et rapide à lire. On se laisse aller au grès d'une histoire pas vraiment novatrice mais agréable et qui porte bien les idées que veut faire passer l'auteur, Laurent Gounelle.
Notre homme est un enseignant en vacances à Bali. Il est déjà tout de même un peu hors normes : il n'a pas choisit les vacances en voyage organisé où on court d'un monument à l'autre et on dort dans des grands hôtels pour touristes en croyant avoir tout vu du pays. Il loue une petite case sur une plage très peu fréquentée et part à la rencontre de lui-même et des gens.
Plusieurs personnes lui ont conseillé d'aller voir un guérisseur local. Il n'est pas malade mais tout de même intrigué et y va. Le diagnostic tombe : il n'est pas heureux !
Commence alors un petit parcours initiatique où le sympathique guérisseur lui propose des épreuves/exercices pour redécouvrir les vraies valeurs de la vie et peut-être le bonheur, pour sortir de toutes ces croyances quotidiennes dans lesquelles il s'enferme.
Je ne suis pas sûre que les références scientifiques soient très sures mais l'ensemble philosophique et psychologique du livre fait office d'une bonne piqûre de rappel de certaines vérités que l'on connait mais que l'on a du mal à avoir tout le temps en tête et encore plus à appliquer...

lundi 22 août 2011

Princess Crêpes

Attention, si vous êtes allergiques à l'attraction Small world de Disney land, ce message risque de vous laisser des séquelles importantes.


Par un chaud après midi d'été, nous avions rendez-vous au Loir dans la théière, un salon de thé du Marais (auquel une prochaine chronique sera immanquablement dédiée un jour au l'autre). Arrivés à destination, nous trouvâmes porte close, la cuisine étant en rénovation jusqu'à la fin du mois.




Nous nous rabattîmes donc sur Princess Crêpes, échoppe kawaii s'il en est, sise au 3 rue des écouffes, dans le 4ème. Au menu, des crêpes, curieusement. Mais pas n'importe quelles crêpes: des crêpes avec des morceaux de fruits, de glace, de chocolat, de cheesecake etc.... Dit comme ça, ça semble indigeste, mais les petites fées japonaises qui font le service réussissent le tour de force de rendre le tout goûteux et pas lourd du tout...pour avoir tester la crêpe "Princess" avec un peu de tout (oui, glace+cheesecake+chantilly+fruits).



Les prix sont tout à fait raisonnables (de 3 à 6€ la crêpe), les crêpes sont bonnes, ainsi que leurs ingrédients, quant au lieu...Les photos vous montrent à quoi ça ressemble, mes mots ne sauraient rendre grâce à cette effusion de rose kawaiinesse tout droit sortie d'Hello Kitty.


Verdict: si j'ai de nouveau une petite faim quand je suis du coté de St Paul, je retourne me prendre une crêpe là bas!

jeudi 18 août 2011

Mes infidélités avec Emily Brönte

Comme d'habitude, je viens à la littérature par des chemins détournés. Après les zombies pour Jane Austen (ici et ), je suis venue à la jeune sœur Brönte par Jasper Fforde et sa série délicieusement absurde « Thursday Next ». J'ai bien ri dans la scène de « anger management » des hurlevents et j'étais intriguée par de Heathcliff, décrit comme un épicentre du sex appeal trash de la littérature anglaise 19ème. Je fus bien obligée de m'y atteler... et ne fus pas déçue du voyage (malgré mon insomnie de cette nuit, vu que je n'ai lâché le bouquin qu'à 3h du mat et encore à contre cœur).

J'ai adoré détester Heathcliff et vice et versa. J'ai lu ici qu'il fallait « dégothiser » les hauts des Hurlevents ; pourtant, l'ambiance graphique s'y prête à merveille : la lande glacée et inhospitalière, la sinistre demeure, la meute de chiens sauvages qui y règne, les fantômes et surtout (!!!) le regard noir de Heathcliff. Mais le fond est une saga où comment le désir, la violence et surtout un manque flagrant de communication entraînent deux familles dans une spirale de haine.

Le roman est raconté par une femme de charge sympathique et prolixe, Ellen, à un étranger, Loockwood, qui se décrit lui-même comme un asocial. Loockwood loue une maison dans ce pays montagneux pour s'éloigner du monde et doit revisiter sa définition de la misanthropie quand il rencontre son propriétaire, le despotique Heathcliff. En réalité, l'histoire commence 30 ans plus tôt, quand Earnshaw ramène en sa demeure des Hurlevents un orphelin, qu'il nomme Heathcliff. Si le fils ainé, Hindley rejète violemment cet usurpateur, favori du père; sa sœur, une petite chipie qui répond au nom de Catherine, l'adopte et devient son alliée. A la mort de Earnshaw, Heathcliff est dégradé en valet de ferme mais conserve l'affection tendre de Catherine. Les deux sauvageons parcourent la lande et se moquent du monde. Mais l'enfance s'achève et l'écart se creuse entre eux. Catherine se transforme en belle jeune fille, manipulatrice et égoïste, alors que Heathcliff avili par sa position sociale, devient de plus en plus rustre. Quand elle est courtisée par Linton un jeune notable, blond et sensible, Heathcliff ne peut le supporter. Il s'enfuit et décide de se venger de Hindley qui l'a réduit à la misère et des Lintons. Et question vengeance, on peut dire que Monté Cristo est bien enfoncé.

On est surpris par la noirceur des caractères d'Emily Brönte et par l'amour sado-masochiste entre Catherine et Heathcliff, particulièrement quand on pense que le roman a été écrit par une fille de pasteur dans l'Angleterre victorienne. Pourtant je me suis laissée entrainer par cette histoire macabre et complexe, par les descriptions magnifiques des paysages et les sentiments extrêmes des personnages.

A noter qu'il y eut beaucoup d'adaptations cinématographiques, dont une transposition dans les années 30, une au Mexique (par Bunuel) ou encore une version dans le japon médiéval... En cours d'exploration.

(photo ici)

samedi 13 août 2011

Bio ou pas Bio tome I : l'émission d'Arrêt sur Images


Il y a quelques jours, je regardais l'émission « Arrêt sur images » sur le scandale de E. coli dans les graines germées mortelles. Les journaux, qui ont pondu des titres dignes de séries Z de science-fiction (rappelez vous des «concombres tueurs espagnols ») se sont calmés quand les autorités sanitaires sont remontées à une ferme bio germanique modèle.
Sur le plateau, ou plutôt le ring, le pro et l'anti-bio (sans mauvais jeux de mots... enfin si, je assume).

J'ai été globalement déçue par l'émission. Tout d'abord parce que l'anti, remonté comme un zébulon, insistait mille fois sur des points expliqués plus tôt et faisait tenir son argumentation sur une pile de citations d'opinions. Si des citations peuvent appuyer une argumentation, l'important reste la justesse de sa démonstration. En tant que scientifique, le résultat m'importe, pas l'opinion. Dommage, car il avait commencé de manière percutante par énumérer les questions que les journalistes avaient omis de poser dans l'histoire des graines germées. De l'autre coté, le pro opposait résistance molle. Mais le plus décevant, en dehors de ce match sans surprise, a été que le débat s'est trop éloigné du traitement médiatique du bio (pourtant, l'équipe de l'émission avait fourni du matériel a discussion), pour virer sur l'intérêt du bio: le bio est-il plus savoureux? meilleur pour la santé?
C'est là que ma machine à bulles s'est mise en branle, parce que je trouve ces questions peu logiques.

Quelles sont les motivations pour manger bio? La question a été posé à des consommateurs Anglais, Irlandais, Norvégiens ou Australiens et sans surprise, les mêmes préoccupations sont citées. .../...

Bio ou Pas bio II : quelques idées en vrac


Attention, ce qui suit traduit une opinion personnelle, en aucun cas un avis d'expert.


Savoureux ou pas savoureux? Il y a du bio très savoureux et du bio dégueulasse (pensée pour les nouilles pâteuses et sucrées testées la semaine dernière). De même pour le conventionnel. Bien sûr, si l'on compare les produits de son maraîcher bio et les premiers prix d'un discount, la différence risque d'être évidente et sévère. Soyons honnêtes, ce que l'on compare, c'est la somme d'argent qu'un consommateur consent à investir dans un produit. Plus cette somme est importante, plus l'attente de qualité croît. Donc le meilleur n'est pas forcément un bon argument.

Local. Même chose, c'est idiot. Dans mon supermarché, on a des kiwis bio qui viennent d'Afrique du sud. Ce qui montre bien que l'on a amalgamé les labels sans réfléchir.

Pour être mince. On peut manger de la pizza bio et de l'hamburger bio avec des frites bio et du soda bio. Cependant, le consommateur bio, qui fait un choix couteux, est généralement dans une démarche qui inclut un aspect diététique. Mais on peut tout à fait être obèse et manger bio.

Meilleur pour la santé. Ici le problème prend du relief. Dans l'émission sus-citée, l'anti-bio insiste sur le fait que certaines bactéries, qui sont éliminées dans la filière conventionnelle (par traitement au chlore ou chauffage), passent au travers du filet dans le bio. Argument intéressant. Cependant on peut se demander combien de morts sont à imputer aux pesticides. Il n'existe peut être pas d'étude claire, en santé humaine, reliant un meilleur état santé et une alimentation bio, donc avec moins de produits chimiques (et encore, à fouiller). C'est difficile quand il s'agit de maladies multifactorielles comme le cancer, l'obésité, le diabète.
En premier lieu, peut-on réellement comparer ces deux populations? Comme le montre cette étude néo-zélandaise (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095032939700044X), l'alimentation bio est une part d'un mode de vie généralement plus sain pour une clientèle plus soucieuse de son indice de masse corporelle et de sa santé en général. Donc a priori, non.
Mais le problème est-il vraiment là? J'ai le sentiment que nous avons l'impression qu'il existe une justice mystique dans la maladie. Combien de fois ai-je entendu :« si tu fumes, tu auras un cancer ». Non : fumer augmente grandement les risques de cancer. Ca, c'est une vérité (affichée derrière les paquets de cigarettes). Nous parlons de statistiques. Or le cancer frappe même des non fumeurs-non buveurs qui mangent bio et font du sport. Il n'y a pas de sauf-conduit que l'on peut acheter par un bon comportement. A l'échelle de la population, ça marche. Mais quand la maladie est là, on sort des statistiques -inapplicables à l'individu, n'est ce pas Asimov?- et c'est toujours un drame. Donc, on peut manger bio et être malade.


Alors, pourquoi manger bio? Un premier argument (certes un peu léger) est la diversité des produits bio. On trouve des déclinaisons de céréales, de tofus, de légumes rarement offertes dans les produits issus de l'alimentation conventionnelle (et pour avoir un régime flexitarien et un gros faible pour les topinambours, je suis bien contente d'avoir un magasin bio pas loin). Donc pour sortir de l'ordinaire.
Mais surtout, surtout, pour l'environnement. Ma pomme? Je vis dans une ville polluée, j'ai fumé pendant 10 ans, j'ai fait des boulots stressants et je mange du saumon fumé. Je ne me fais pas trop d'illusions sur mon capital cancer, qui vivra verra. Mais par contre, les effets désastreux des pesticides sur la flore, la faune, la vie dans les sous-sols, la biodiversité... ont été démontrés. Pas la peine d'attendre. Or, on en fait déjà suffisamment baver à notre planète comme ça. Comme le montre la carte ci-dessous, on peut mieux faire.




Pour plus d'infos :
voici un livre assez académique sur le sujet : Agricultural pollution de Merrington et al (en anglais) à feuilleter sur google books.
Même le gouvernement chinois, qui semble privilégier le développement économique à l'écologie, est préoccupé par les conséquences sur la qualité de l'eau, comme le montre cet article (source : site du ministère français de l'agriculture) :
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Note_veille_35.pdf

mercredi 10 août 2011

The cake is a lie!

Les aficionados du jeu vidéo l'auront déjà deviné, cette chronique est dédiée à la franchise "Portal", de Valve, la société qui nous avait déjà offert la série des Half-life et des Team Fortress Classic.


Pour ceux qui n'ont rien reconnu à cette avalanche de name dropping, dont on pourrait croire qu'il s'agit des paroles du dernier Vincent Delerm, voilà le pitch:


Portal est un jeu vidéo de type casse-tête, plus au sens puzzle qu'au sens massue de troll. L'idée est que vous devez aller de l'entrée d'une salle de test à sa sortie, mais qu'en chemin, vous devez éviter les gouffres trop larges pour les enjamber, des grilles au maillage trop étroit pour être traversé, des tourelles qui tirent à balles réelles et autres lasers tranchants. Pour vous aider à survivre: une paire de bottes qui amortissent vos chutes quelle qu'en soit la hauteur et surtout un double générateur de portail, d'où le nom.


L'idée c'est que si vous entrez dans le portail bleu, vous ressortez par le rouge et vice-versa, comme si vous marchiez à travers une porte entre 2 pièces. Du coup, ça vous permet de contourner les obstacles sus-mentionnés. 


Mais là où c'est fort, c'est que ça conserve le moment (ie le produit de la masse par la vitesse). Je m'explique: si vous quittez une pièce en courant, vous n'entrez pas dans la pièce suivante en marchant...ici, de la même façon, si vous entrez dans un portail avec une certaine vitesse, vous sortez de l'autre portail avec la même vitesse, ce qui vous permet, dans certaines configurations, de gagner de la vitesse pour vous projeter ensuite! Le trailer est super explicatif à ce sujet.


Pour vous entraîner à "penser avec des portails", vous pouvez essayer le petit jeu en Flash localisé disponible gratuitement sur le net. Si ça vous a plu, je vous conseille de jouer au reste, qui utilise les mêmes principes mais se déroule dans un univers complètement 3D, régi par le moteur de réalité physique Havok, utilisé par Valve dans ses autres jeux (cf supra). Sont disponibles Portal 1 et Portal 2, et la prequel non officielle (mais de qualité) Portal Prelude, qui se déroule avant Portal 1. Personnellement, j'ai fait Portal 2, 1 puis prélude, et c'est tout à fait faisable comme ça, mais pour mieux comprendre certaines allusions du 2, il vaut mieux commencer par le 1 (parce que oui, y'a des scénarios en plus :) ). Par contre, gardez dans tous les cas Portal Prelude pour la fin, parce qu'il est beaucoup plus difficile que les deux autres.


Jeu par jeu les points forts et les points faibles


Portal, Flash version
+ Gratuit
+ Bonne façon de tester l'univers de portail
- Graphisme sommaire
- 2D


Portal prelude
+ Gratuit
+ Scénario bien construit et salles diversifiées
- Plus de dextérité et moins de réflexion que les autres


Portal 1 (Il y a une démo jouable du 1 si vous voulez)
+ Pas cher (8,99€ en téléchargement direct via Steam, la plateform logicielle de Valve)
+ Novateur
+ Super ludique, puzzles bien conçus
- Rapide à finir en solo (moins de deux heures pour moi)
- Scénario léger par rapport au 2


Portal 2
+ Campagne solo plus longue, très bien scénarisée, au rendu graphique somptueux
+ De nouveaux éléments de jeu avec lesquels interagir (ponts de lumière, tube d'énergie, gel répulsif, propulsif etc...) et différentes époques
+ Mode coopération pour jouer avec un(e) pote
- Plus récent donc plus cher (29.99€)
- Très linéaire


Et pour finir: possibilité d'acheter le 1 et le 2 en bundle (~35€ au lieu de 39), un comics en ligne pour comprendre certaines salles cachées du 1 et du 2, les bandes-son du 2 disponible en ligne...


Bref, un univers complet, des jeux super bien conçus...du bonheur de gamer!


PS: et maintenant, vous pouvez comprender ça!

mercredi 3 août 2011

Troll Hunter


Voici le meilleur film dans son genre... en fait probablement le seul. La fiction-documentaire-horreur-troll. Et pour tout dire, on est sorti du film d'excellente humeur. On s'attendait à voir un film d'horreur avec des monstres norvégiens; mais on s'est vite rendu compte qu'il s'agit d'un faux documentaire; filmé à la blair witch par des étudiants en journalisme (ce qui a l'indicible avantage qu'ils savent tenir une caméra); mais on passe également par la théorie du complot ou le drame écologique. Cette mixture scandinave est, contre toute attente, drôle.

L'histoire : des journalistes en herbe suspectent un bonhomme solitaire de braconner des ours. Or cette chasse est strictement réglementée en Norvège. Lors de pitoyables tentatives d'interviews, les trois acolytes se heurtent au silence buté du chasseur qui les envoie paître. Mais les gamins sont têtus; ils décident d'observer ses habitudes, planquent un micro dans sa caravane, le filent lors de ses sorties nocturnes. C'est lors de l'une d'elles que les choses basculent. Une bête énorme et non identifiée mord l'un des étudiants et ils retrouvent leur voiture complètement défoncée. Clairement, un ours ne peut pas faire ça. Alors???



Les trolls sont connus dans la péninsule scandinave. Ces géants de silice, qui se divisent en trolls des bois et trolls des montagnes, fertilisent l'imagination de tous les petits norvégiens. Un peu comme nos garous, nos ankou, nos sorcières. Mais voilà, si ces créatures mythiques décidaient de se dégourdir les pattes en dehors des livres pour enfants, on n'en mènerait pas large.
Commençons par les quelques défauts du métrage. Effectivement, le scénario tient sur un mouchoir de poche replié mais, en fait c'est pas grave, parce que l'exercice ici est de prendre une idée simple et de l'exploiter, de la développer, aussi loin que possible et de manière originale. Ce qui conduit au deuxième défaut du film, la première demi-heure peut sembler un peu longuette.
Après, le casting est génial, surtout Hans, la chasseur bourru, sérieux et imperturbable joué par Otto Jespersen qui poursuit sa mission tout en râlant après la couverture sociale miteuse de son job de chasseur de trolls et la bureaucratie; il doit être le cousin germain d'un autre Hans, éminent chercheur tyrolien spécialiste de l'écologie du Dahut (voir ici pour en savoir plus http://www.youtube.com/watch?v=BDtvzCgPlEc ). Les effets spéciaux de Troll Hunter sont inégaux (les ours, qui ressemblent à une descente de lit), mais les effets sonores sont hallucinants. Avis spécial, si vous vous décidez a voir ce film -ce que je conseille- optez pour une salle avec une bonne balance sonore, pour profiter pleinement.
En bref, un film qui rend l'ordinaire extraordinaire et vice et versa.
et pour ceux qui veulent en savoir plus sur les mœurs de trolls : http://www.squidoo.com/troll-of-norway