jeudi 18 août 2011

Mes infidélités avec Emily Brönte

Comme d'habitude, je viens à la littérature par des chemins détournés. Après les zombies pour Jane Austen (ici et ), je suis venue à la jeune sœur Brönte par Jasper Fforde et sa série délicieusement absurde « Thursday Next ». J'ai bien ri dans la scène de « anger management » des hurlevents et j'étais intriguée par de Heathcliff, décrit comme un épicentre du sex appeal trash de la littérature anglaise 19ème. Je fus bien obligée de m'y atteler... et ne fus pas déçue du voyage (malgré mon insomnie de cette nuit, vu que je n'ai lâché le bouquin qu'à 3h du mat et encore à contre cœur).

J'ai adoré détester Heathcliff et vice et versa. J'ai lu ici qu'il fallait « dégothiser » les hauts des Hurlevents ; pourtant, l'ambiance graphique s'y prête à merveille : la lande glacée et inhospitalière, la sinistre demeure, la meute de chiens sauvages qui y règne, les fantômes et surtout (!!!) le regard noir de Heathcliff. Mais le fond est une saga où comment le désir, la violence et surtout un manque flagrant de communication entraînent deux familles dans une spirale de haine.

Le roman est raconté par une femme de charge sympathique et prolixe, Ellen, à un étranger, Loockwood, qui se décrit lui-même comme un asocial. Loockwood loue une maison dans ce pays montagneux pour s'éloigner du monde et doit revisiter sa définition de la misanthropie quand il rencontre son propriétaire, le despotique Heathcliff. En réalité, l'histoire commence 30 ans plus tôt, quand Earnshaw ramène en sa demeure des Hurlevents un orphelin, qu'il nomme Heathcliff. Si le fils ainé, Hindley rejète violemment cet usurpateur, favori du père; sa sœur, une petite chipie qui répond au nom de Catherine, l'adopte et devient son alliée. A la mort de Earnshaw, Heathcliff est dégradé en valet de ferme mais conserve l'affection tendre de Catherine. Les deux sauvageons parcourent la lande et se moquent du monde. Mais l'enfance s'achève et l'écart se creuse entre eux. Catherine se transforme en belle jeune fille, manipulatrice et égoïste, alors que Heathcliff avili par sa position sociale, devient de plus en plus rustre. Quand elle est courtisée par Linton un jeune notable, blond et sensible, Heathcliff ne peut le supporter. Il s'enfuit et décide de se venger de Hindley qui l'a réduit à la misère et des Lintons. Et question vengeance, on peut dire que Monté Cristo est bien enfoncé.

On est surpris par la noirceur des caractères d'Emily Brönte et par l'amour sado-masochiste entre Catherine et Heathcliff, particulièrement quand on pense que le roman a été écrit par une fille de pasteur dans l'Angleterre victorienne. Pourtant je me suis laissée entrainer par cette histoire macabre et complexe, par les descriptions magnifiques des paysages et les sentiments extrêmes des personnages.

A noter qu'il y eut beaucoup d'adaptations cinématographiques, dont une transposition dans les années 30, une au Mexique (par Bunuel) ou encore une version dans le japon médiéval... En cours d'exploration.

(photo ici)

2 commentaires:

  1. Je viens de le relire pour la énième fois. Bien qu'étant une vieille dame, je suis toujours aussi touchée par ce bouquin. Nom d'une pipe, quel pied!

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  2. Tout pareil ici! Malheureusement, je n'ai pas vu pour le moment d'adaptation ciné à la hauteur, mais je ne désespère pas

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