jeudi 10 février 2011

Mes amours coupables avec Jane Austen. II Orgueil et Préjugés

Au delà de l'histoire d'amour, on s'attache aux personnages de Jane Austen. Elle décrit avec finesse leurs émotions et réflexions qui évoluent au rythme des saisons et du roman. Elle raconte, non sans humour, la situation des femmes de la petite bourgeoisie de campagne qui passent de la tutelle d'un père à celle d'un mari, ou qui, si elles finissent vieilles filles ou veuves, doivent compter sur la mansuétude de leurs proches pour survivre. D'où, l'obsession de Mme Bennet à voir ses filles mariées -et elle en a 5- La belle et douce Jane 23 ans; Lizzy 21 ans, savante et pleine de répartie; Mary, ni très jolie ni très spirituelle qui se voue à l'étude du piano; enfin, Kitty et Lydia qui doivent avoir 17 et 15 ans, deux têtes folles qui ne pensent qu'aux rubans et aux beaux officiers. Pour clore le portrait familial, Mr Bennet, qui adore ses filles, en particulier Elizabeth, mais préfère lire dans son bureau plutôt que de s'occuper de cette joyeuse pagaille. Si Mme Bennet a peu d'esprit, celui-ci est entièrement voué à trouver à ses demoiselles de bons partis et à assurer leur avenir, compromis par quelques dispositions testamentaires. Lorsqu'un jeune homme bien né, riche, beau, jeune et célibataire (pourquoi ça n'arrive jamais dans la vrai vie?) décide de s'installer à Longbourn, c'est l'émoi dans la bourgade. Malheureusement, il est accompagné de ses deux sœurs, à qui je tordrais bien le cou, et de Darcy, un homme taciturne, solitaire et vaguement méprisant. Si Bingley remporte les suffrages de tout le monde par son bon esprit et son agréable caractère, c'est loin d'être le cas de Darcy, malgré sa prestance et son immense fortune. Tout ce petit monde se croise lors d'un bal où Bingley ne peut quitter des yeux la ravissante Jane, alors que Darcy dédaigne Lizzy, qu'il juge trop quelconque. Cette dernière note avec ironie « Je pourrais facilement pardonner son orgueil s'il n'avait mortifié le mien. ». Ses préjugés à l'égard du maître de Pemberley ne font que croître quand un officier de passage, le séduisant Whickham, émet des réserves au sujet de Darcy, qu'il connait depuis l'enfance. De son coté, Darcy ne peut s'avouer qu'il est intrigué par la vivacité de cette fille de petite fortune dont la famille parait aussi inconséquente. Et alors, que Jane et Bingley semblent être très épris et prêts à se fiancer, celui-ci quitte brusquement Longbourn, au grand désespoir Mrs Bennet qui voyait l'affaire déjà conclue. Jane Austen sème des rebondissements intéressants, en particulier dans la seconde partie. Je me suis sentie comme une sœur Bennet pendant quelques jours.

Depuis j'ai eu le temps d'en apprendre un peu plus sur l'auteur. Née en 1775, Jane Austen est une femme intelligente et drôle, à l'image de ses héroïnes. Toute jeune, elle régale sa famille de romans et de pièces de théâtre, puis alors qu'elle a à peine 20 ans, décide de devenir écrivain professionnel. Elle a vécu le dilemme du mariage, qui ressemble plus à l'époque à un engagement commercial qu'à un acte d'amour. Éloignée du seul jeune homme qui lui ait plu, elle a fini par décliner la demande qui lui est faite pour finir vieille fille, chez ses frères. « Orgeuil et préjugés » est son roman qui a connu le plus de succès. Je mets ma main au feu que Darcy n'y est pas pour rien. J'ai compté plus d'une dizaine d'adaptations télévisuelles et plusieurs films. Si j'ai bien aimé la version avec Keira Knightley, que je trouve parfaite en Elizabeth, mes amis puristes austenniens me soutiennent qu'il faut que je vois le téléfilm de 95.

Depuis, mon plaisir des romans d'Austen ne s'est pas démenti. J'ai commencé Mansfield Park et lu récemment Lady Susan, un roman très court. Ce dernier raconte dans des flots croisés de lettres, les manigances d'une magnifique veuve, Lady Susan, décrite comme un véritable prédateur sexuel. En 1800 fallait le faire! Quant aux zombies, je les ai un peu oubliés...

6 commentaires:

  1. Curiosité aiguisée...? Faudra que tu me montres.

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  2. Je rachète Orgeuil et préjugé (j'ai laissé l'autre à Boston), de toute façon, je veux le relire un jour (Crapo pense que je suis maso)

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  3. J'attaque et pour l'instant je m'y laisse vraiement prendre ;-)

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  4. Fini!
    Petite anecdote d'abord : quand je suis allée acheter le livre, je suis tombée par hasard sur un vendeur qui est un vrai fan de Jane Austen, dès que j'ai demandé le livre, ses yeux se sont mis à briller. Il ne tarit pas d'éloges sur cette auteur, pour lui une des premières féministes.
    J'ai beaucoup aimé ce livre, surtout le dermier tiers que j'ai dévoré sans pouvoir presque m'arrêter. C'est étrange comme on peut facilement s'identifier et imaginer des personnages équivalents à notre époque...J'en ai détesté certains et adoré d'autres. On imagine vraiment que Jane Austen a dû mettre un peu de sa vie dans ses romans, elle décrit si justement les caractères et les émotions de ses personnages.
    J'attaque bientôt Emma. (après une pause vers un autre auteur, il faut bien varier!)

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  5. Je suis super contente :)Une autre fan d'Austen vient de naître -c'est émouvant :) Faut que je lise "raison et sentiments" mais je voulais faire un tour chez les soeurs brönte et je dois finir le fantôme de l'opéra. C'est l'année : revoyons nos classiques.

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