dimanche 13 février 2011

Tron Legacy

Soyons clairs, à ce stade, certains ont pu peut-être remarquer que je suis le truc le plus proche d'une caution "geek" et "alcoolique assumé" de ce blog. Et je ne vais pas les contredire encore cette fois.

Quand j'étais tout jeune, Tron était une des rares vidéo-cassette que ma grand mère avait et donc je me la passait très souvent lorsque j'allais chez elle. Et j'en garde un souvenir émerveillé que je n'ose briser en me regardant à nouveau de nos jours cette madeleine proustienne. Du coup, plus de 28 ans plus tard la suite:

Tron legacy

Je ne vous raconte pas donc l'effet que ma fait l'annonce en 2009 avec une vidéo exclusive de présentation spécialement et uniquement réalisé pour l'occasion ( http://www.youtube.com/watch?v=kxolhNz6n4o ).

Bref speech de départ, cela fait des années que Kevin Flynn fondateur d'Encom et pionner de l'informatique a disparu, laissant son fils et son entreprise seuls: ma mère du pauvre étant décédée quelques années auparavant, ce dernier est élevé par ses grand parents, l'entreprise, elle, s'en est plutôt bien remis grâce à des gens qui sont soucieux de l'indice de satisfaction de ses actionnaires... quant a Sam, le fils, il mène une vie de dilettante grâce au confortable revenu que lui rapporte les actions héritées de son père, tout en jouant les hackeurs de haute voltige pour faire la nique à l'entreprise paternelle, bref un type de 25 ans qui n'a pas finis sa période adolescente.

Puis, un jour, le vieux beeper d'Alan (meilleur ami de Kevin Flynn et accessoirement créateur du programme Tron) sonne avec le numéro de la salle d'arcade que tenait le père de Sam à l'époque du premier film. numéro qui est déconnecté depuis 20 ans... Alan prévient Sam qui, sans trop savoir pourquoi, part là-bas avec en mémoire la nostalgie de cette époque où son père lui racontait les histoires fantastiques qu'il vivait avec ses amis Tron et CLU... il découvre dans un passage caché dans la salle d'arcade, un accès vers le labo informatique secret de Kevin... il farfouille et la tout bascule: le monde que son père lui a tant décrit est réalité... mais où sont Kevin et Tron...?


Clairement, ce film est une réussite visuelle et technologique, reste à savoir s'il vieillira biens les images sont superbes, le design élégant et les tableaux offerts splendides. De plus la 3D, quand on va le voir avec cette option, est bien présente et rajoute un intérêt en donnant de la profondeur aux décors.

Le tout servi par une bande son de Daft Punk bien construite et qui se coule tout naturellement dans l'œuvre...

Maintenant les points qui blessent:

le scénario, joli dans sa forme et son déroulé, reste très convenu et quand même bien pauvre dans le fond. On sent très vite que les scénaristes ont reçu leur cahier des charges (fan service oblige) et ont mis contraintes et idées (bonnes comme mauvaises) dans un shaker, ont regardé le résultat et ont fait ressortir les parties qui leur semblaient les plus cools: on est loin du conte technologique du premier et encore plus loin des sujets de science et de philo de nos jours autour de la singularité informatique, le transhumanisme (promis on reparlera de sa bientot), la notion de communauté ou encore d'Etat virtuel. Bref à la trappe tous ces concepts où à l'heure de Facebook, et du début du "tous connectés"... on aurait pu nous offrir une réflexion sur notre avenir à tous.

Seul subsiste un petit travail de fond dans la relation père-fils/programmeur-programme/ programmeur = dieux ou père pour les programmes? qui ici sauve (un petit peu) les meubles.

L'autre point à déplorer est le choix du réalisateur, Joseph Kosinski. Non qu'il fût un mauvais réalisateur, ce n'est malheureusement pas (pour le moment) un homme de films d'action... c'est un poseur qui aime le design et les belles courbes (je ne lui en tiendrais pas rigueur moi-même j'aime beaucoup certaines des courbes qu'il a filmées).

Donc, même si l'action est là, elle reste un peu molle. J'en veux pour exemple la scène de lightcycle dans l'arène de jeux (une des nombreuses figures imposées par le fan service de Disney au scénariste). Cette scène est visuellement splendide avec des plans léchés et sans aucun défaut, mais elle n'a pas pour moi la nervosité du premier opus.

Et au final, toutes les scènes d'action sont comme ça, il leur manque le "je-ne-sais-quoi" qui les rend magistrales... seule la scène de dogfight (combat aérien pour les anglophobes confirmés) et celle de récupération du disque de Flynn père sont réussies, et encore cette dernière parce que que l'on ne voit rien mais devine avec les bruits de combat et donc on laisse notre imagination prendre le pas sur l'absence d'idée du réalisateur!

Un film qui restera dans les mémoires pour son esthétique (et dans mon cas plus particulièrement grâce à celle d'Olivia Wilde), et un succès quasi assuré au box office... Disney semble très sérieusement plancher sur la suite et a déjà engagé certains des scénaristes qui étaient sur Tron: legacy pour réfléchir à la suite (aie...). Espérerons qu'ils lisent ce blog et sont des partisans de la critique constructive...


Verdict: un bon divertissement , mais hélas que ça.

ps: en parcourant à la recherche d'images pour illustrer mon propos, je suis tombé sur cette adresse et ces photos: je vous laisse le loisir de les apprécier (ou pas). Perso, je trouve ça plutôt joli, même si ça manque d'originalité dans la mise en scène.

http://tronlegacy.fr/images/nsfw-playboy-x-tron-legacy-lheritage-avec-irina-voronina-sasckya-porto/

4 commentaires:

  1. Haha, question de la palme des geeks, je pense que tu as une grenouille en compétition.

    D'ailleurs, nous revenons juste d'aller voir TronII, après nous être rafraichi la mémoire avec l'opus I, qui mériterait sa chronique également ici.

    A propos de ce dernier, et comme tu l'évoques justement ci dessus, enfant j'étais passé complètement à coté de son aspect philosophique, me contentant du haut de mes 3 ans, de belles courses en moto et d'une histoire d'amitié un peu étrange. Mais il y avait là du lourd, partant de l'évolution à l'auto-organisation, les possibilités d'un univers de silice sont énormes. On perd beaucoup de cette pensée dans ce second volet.
    Pourtant (attention spoiler) j'ai eu quelques espoirs à l'évocation des algorithme isomorphes. Hélas, cette piste prometteuse n'a servi qu'à fournir la bombasse de service, qui joue comme un poisson. Et on retombe dans le scénar du I pour : un programme psychorigide et mégalomaniaque qui échappe à son créateur. Thème mille fois exploité.
    Un autre truc qui m'a déçue: dans le I les programmes sont... ben des programmes. Pas de sentiments mais un but. Ici on retrouve des ambiances boite à partouse ou de stades de foot, qui contredit l'aspect a-émotionnel et utilitariste qui faisait l'essence de la différence humain-programme et le grand intérêt de cette mythologie moderne.

    Par contre, j'ai adoré les scènes d'action, en particulier la scène de course de moto qui se joue sur des dimensions improbables de la grille ou encore les pertes de repères dimensionnels. Gros point fort pour le visuel.

    Le mieux, sans aucun doute, c'est la bande son! Les Daft Punks signent un album génial qui s'intègre parfaitement au film.

    En résumé, j'ai bien aimé mais il est dommage que les scénaristes n'aient pas planché sur de idées plus novatrices. Le père aurait pu être bloqué dans un bug, ou bien tenterait désespérément de retrouver les conditions qui ont permis l'émergence des iso et entrainerait son fils dans une quête quasi-mystique, ou bien une guerre avec un autre système d'exploitation, exploiter l'idée de réseaux...

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  2. Moi à la base j'ai décidé d'aller le voir quand j'ai entendu la bande son sur Deezer, vu que je suis un peu fan des Daft Punk (cf la chronique sur Electroma: http://lesculturophageslambda.blogspot.com/2011/02/electroma.html ).

    Du coup, j'ai été super content, vu que la musique colle parfaitement film, les grandes lignes du monde ont été conservées tout en mettant à profit les avancées technologiques de ces 30 dernières années.
    Les incréments stratégiques pour l'action sont intéressants: eg, d'une grille 2D discrète on passe à une grille 3D continue, aussi bien pour les lightcycles que pour les engins volants.

    Ensuite, le scénario est léger, mais il fallait s'y attendre, ça reste quand même plus intéressant qu'Avatar, pour une qualité 3D équivalente. Et d'expérience, je me doutais qu'il serait dur de capitaliser sur un univers déjà construit: donc ce serait plus beau et moins profond, comme Matrix 2 pour Matrix 1, ou Innocence (Ghost in the Shell 2) pour Ghost in the Shell (1).

    Verdict: si je voyageais dans le passé, je me conseillerais de retourner le voir une fois au ciné en 3D (voir IMAX 3D) mais pas de l'acheter en DVD.

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  3. Bien aimé aussi, j'ai de plus en plus envie de voir le premier. La bande son est vraiment bien, le sénario n'est pas transcendant mais plein de petites idées sympas, le visuel pas mal du tout même si malheureusement je n'ai pas bénéficié de la 3D (vive la campagne...)

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  4. Ai été déçu, pour les mêmes faiblesses que soulignent Pango et Crapoto.

    TRON 1 était une claque à l'époque de l'emergence des premiers Apple 1 et ORIC...
    Un univers "in silico" et de plus un travail de création effectué avec des pionniers de l'époque du 3D (Digital Effects, MAGI). Il y avait clairement une réflexion "sociétale" (certaines scenes deletées montrent même les conséquences domotiques de l'informatique vues à l'époque).

    Ici,pour TRON 2 : rien. Que du vroum vroum et du rendu en illumination globale (superbe d'ailleurs). Rien sur la notion de reseau(x), sur celles de communautés, d'emergence, d'immergence, voire même sur les liens orga/silico (Turing, Neumann etc...).
    Comme le dit Pango, une pitite pitite amorce avec les algos isomorphes...mais l'IA est bcp bcp plus riche que cela. Ah si Wolfram avait été consultant sur ce film....

    Et je ne dis rien de la scene honteusement pompée à Matrix dans le pseudo club...

    Heureusement le Daft sauve le truc magistralement...Même si une petite analyse Chazam montre quelques similarités avec d'autres films du genre....

    Bref si je pouvais revenir dans le passé, je reverrai le 1, avec la BO du 2...

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