vendredi 11 février 2011

Faites le mur (Exit through the gift shop) : le film qu'annule l'art

Dans la vie, tout le monde a une passion. Pour Omar Shariff, c'est les courses. Pour Franky Vincent, c'est les fruits (pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle). Et ben pour moi, c'est les Space Invaders. Pas le jeu des années 80*, mais les céramiques que l'artiste Invader colle sur le murs de toute la planète, je les photographie. Vienne, Amsterdam, Paris, Londres... Partout!

Pourquoi vous raconter ma vie alors que vous voulez une chronique de film? Parce que c'est ce que vous aurez en allant voir se film: quelqu'un qui raconte sa vie au lieu de faire un film.

A la base, un film qui devait être par Thierry Guetta (illustre inconnu accroc à la caméra et cousin d'Invader) sur l'art de rue en général et Banksy en particulier se retourne comme un renard chassé par le baron de Münchhausen** pour devenir un film de Banksy sur Thierry Guetta.

Dans une très bonne première partie, on voit TG filmer des artistes de rue pendant 10 ans. Attention, quand je dis "artiste de rue", c'est des jongleurs à deux balles ou des montreurs de poules...non, moi je vous parle d'Invader, de Shepard Fairey ou de Banksy. Du coup, ça fait un documentaire sur une décennie de cet art sous exposé (et être sous exposé avec 10 de temps de pose, c'est une belle performance).

Et là, c'est le drame.

Le film change de perspective, se focalisant sur TG, qui tout aussi dénué de talent que de sens critique pour s'en apercevoir, décide de se lancer dans l'art. Il est tout bonnement insupportable.

Ce qui est intéressant c'est qu'en sortant du film, on ne sait pas si le marché de l'art est tellement vain qu'un artiste aussi médiocre peut réellement percer ou si c'est Banksy lui-même qui a organisé un immense canular (d'où le titre de cette chronique), pour dénoncer à quel point les hipsters sont des moutons et que pour vendre de l'art, il ne sert à rien d'avoir du talent, il suffit juste d'une bonne campagne de com'.

D'un autre coté, même si cette démonstration à plus d'un million de dollars est convaincante, c'est pas vraiment nouveau: tant que des consommateurs sans goût achètent les productions d'artistes sans talent, on a un écosystème viable... y'a qu'à regarder la carrière de Franky Vincent.

Verdict: si je voyage dans le passé, je me conseille au moins d'acheter le DVD.

* enfin si, aussi
** vas-y, essaie de placer un mot avec 2 "h" consécutifs dans un chronique, sans faire de faute d'orthographe...

Exit through the gift shop/Faites le mur, Banksy 2010

1 commentaire:

  1. je relis ta chronique aujourd'hui et décidément la trouve vraiment très chouette. L'avantage du DVD c'est qu'on n'est pas obligé de suivre jusqu'au bout les aventures de TG, qui me donnent envie de lui faire bouffer son chapeau. Mais effectivement, c'est sans doute la partie la plus cruciale du film qui montre à quel point nous sommes des moutons

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