lundi 14 février 2011

Mr Nobody ou l'homme de Schrödinger



« On rate toujours au moins une vie dans une vie » me disait philosophiquement un ami, lors d'une soirée bien arrosée. Ou bien était-ce une pause café-cigarette? … bref, à un moment d'intoxication quelconque. Effectivement que se serait il passé si j'avais fait un master à l'étranger? Si j'avais envoyé balader parents et prof de math pour partir en 1L avant de me laisser pousser des dread lox et me lancer dans le théâtre? Si j'avais décidé de ne pas sortir en boite ce soir là évitant une foulure de la cheville/ la rencontre avec un futur ex-mari? Les vies et les moi possibles se développent à l'infini.



Ne plus faire de choix et explorer toutes ces voies. C'est la décision que prend Nemo Nobody à 9 ans quand on lui demande de faire un choix impossible : partir avec sa mère ou rester avec son père. On retrouve Mr. Nobody la veille de sa mort, fripé comme une vieille prune. Il est alors le dernier mortel, perdu au milieux d'individus botoxés jusqu'aux sourcils, qui perdent la notion de la mémoire, tout ému qu'ils sont d'être devenu éternel (je sais, cette phrase est beaucoup trop longue). Des psychiatres monotones et des journalistes tenaces tentent de comprendre l'histoire de Nemo. Mais ils se perdent dans le patchwork infini de ses souvenirs, de toutes ces vies qu'il a décidé de non-choisir et d'accepter : des belles histoires d'amour aux destins les plus sordides, de la richesse à la mendicité, de la passion à l'ennuie... Mr Nobody navigue dans la mémoire, sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit de fantasme, de réalité ou de fiction.

C'est un film beau et complexe, à la frontière entre SF, drame et surréalisme. Assez décousu au premier abord, j'ai vite renoncé à tout replacer dans des suites logiques pour me laisser porter par la poésie et la diversité des concepts abordés. On évoque la physique kantique, l'amour et le cerveau, l'inné et l'acquis... La mise en scène est impeccable, mais je donnerai peut être plus de détails en commentaire, ne voulant pas gâcher ici le plaisir de la découverte. Enfin, les acteurs sont bons -et je suis partiale étant notoirement insensible aux grands bleus de Jared Leto-. Spéciale palme aux jeunes acteurs, tous excellent. Seul hic, le rythme est parfois un peu trop lent, se laissant couler dans la mélancolie.

Je le rangerai dans mon étagère à coté du fantastique « Eternal Sunshine of Spotless Mind ». Même s'il lui manque le coté tonique et drôle de ce dernier (et il faut bien avoué je suis amoureuse de Clémentine), Mr Nobody est un film novateur, atypique étrange, et évocateur.

http://www.imdb.com/title/tt0485947/

7 commentaires:

  1. Yep, très bon film, ça fait du bien de devoir se concentrer pour suivre un film et essayer d'ordonner l'arborescence des possibles :)

    Crapoto, qui aime bien les impératifs superposés de la physique kantique. A exprimer en novlangue? ;)

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  2. Je l'ai raté mais vous me mettez l'eau à la bouche!

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  3. bon j'attendrais que tu l'aies vu avant de mettre des commentaires sur la mise en scène : ) on pourra en discuter.

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  4. Vu! Et en effet très apprécié!
    Esthétique et qui porte réfléchir.
    A revoir afin de déméler un peu mieux car au début on essaie de déméler, retenir, comprendre pour ensuite se laisser porter.
    Souvent envie de choisir pour lui, parfois envie d'accélérer ou de ralentir certaines scènes.

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  5. pareil : )
    Je crois qu'un acteur a essayer de compter combien il y a de vies et il tombe à 12 ou 13, mais il y a sans doute d'autres micro-arborescences. Ils ont du bien s'éclater avec le scénar.

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