mercredi 25 mai 2011

Tree of life ou la vie, ses chemins et nos instants de doute




Un film de Terrence Malick est toujours un petit événement pour les cinéphiles hardcores et psychopathes du "7ème art". Et avec ce film, ils en auront pour leur argent.


Difficile de parler de ce film sans en briser la magie, Tree of Life est n'est pas un film à scénario , mais plus une réflexion sur l'amour, la vie, la foi et le deuil et comment parfois toute ces notions coexistent avec plus ou moins de succès. Le pitch? En trois lignes:



Une famille tout ce qui a de plus simple, où les deux parents s'aiment; mais ont des philosophies de vie différentes sur l’éducation de leurs trois garçons  Puis un jour le drame arrive l'un des fils meurt à 19 ans.

Cela marquera à jamais ces membres et spécialement Jack, l'ainé de la fratrie qui depuis ce jour portera en lui un vide.


Tree of life est un film empathique sur la vie des membres de cette famille, à partir de la rencontre des parents (et un peu avant aussi), leurs aspirations, leurs rêves, leurs pensées, leurs douleurs, leur foi vacillante en eux-mêmes et en Dieu, leurs doutes et leurs peurs quant aux choix qu'il font dans la vie. C'est un film-monde qui nous rappelle que les tempêtes émotionnelles, dans lesquelles nous nous perdons tous parfois, ne sont rien comparées à l’incommensurable grandeur de l'univers et sa splendeur!
Et avec tout cela, Tree of Life reste un film principalement sur l'amour et deuil.


Ce n'est pas un film facile dans le sens où c'est émotionnellement un peu violent et très contemplatif, en plus d'être long, vraiment long.

Il y a bien sur quelques petits soucis, mais ils sont plus de l'ordre des choix artistiques personnels du réalisateur que de véritables lacunes :

  • l’extrême longueur, si vous ne vous sentez pas prêt à rester 2H20 enfermé à alterner des tranches de vie d'une famille ordinaire avec de somptueux tableaux de paysages terrestres et spatiaux alors passez votre chemin.
  • une mise en scène et un scénario difficile à suivre car volontairement un peu (beaucoup?) chaotique, à l'image de la vie, une chose amène une pensée, qui amène un souvenir qui nous donne une pensée etc. Il y a pas de fil conducteur dans Tree of Life, il y a un cours d'eau que l'on suit sans savoir ou il nous mène.
  • il n'y a pas d'action, ni suspense

Quelques petits éléments à noter, d'ordre sympathique: c'est une production Europacorp, la maison de production de Luc Besson (cocorico). Le compositeur est Alexandre Desplat, compositeur francais (recocorico) qui réussit en Amérique et est très demandé depuis 2 / 3ans. Il a fait notamment la musique de Benjamin Button, de la saga Twilight, Harry Potter et les reliques de la mort et du discours d'un roi.
Les acteur sont tous bons; mention speciale pour Hunter McCracken qui joue Jack jeune (Jack vieux est joué par Sean Penn).



Maintenant allez voir ce film si vous le souhaitez, mais vous êtes prévenus

mardi 24 mai 2011

Woody, Paris et les fantasmes

Bonsoir à tous,

Après une longue période d’absence, me revoici, et en plus, pour vous parler de quelque chose que la plupart des gens n'associent pas à ma personne: Woody Allen.
Certes, ceux qui me connaissent savent déjà que mon cœur balance vers des films à la mise en scène plus "tonique" (promis bientôt ma critique de Thor, et sitôt qu'il sort, celle de transformer 3).

Comme l'indique le titre de ce billet, nous parlerons ici du dernier film que nous livre Woody: "Minuit à Paris".
Fermez les oreilles, ouvrez les yeux, lisez et plantons le décor (petit musique de jazz lancinante) :
Gil et Inez sont fiancés, américains de passage a Paris, il profite des largesses des parents (et du poste à Paris du père) de cette dernière qui sont les archétypes du riche couple d'américains, tels que le monde entier se les imagine : de droite (républicain), sympathisant des tea party... Le père est un cadre très haut placé et la mère... et bien son seul devoir en dehors de ceux conjugaux semble être de maintenir un style de vie en dépensant les milliers de dollars que gagne son mari.

Inez, leur fille, semble habituée et approuver ce partage des tâches et on devine aisément que c'est l'avenir qu'elle se trace avec son futur époux Gil.
Gil, parlons donc de lui, le futur mari. Lui au final, c'est un rêveur, une âme poète. Scénariste à Hollywood, il gagne bien sa vie mais son rêve est de faire des romans, de côtoyer des peintres, des romancier et autres artistes. Humaniste dans l’âme, il n'est pas apprécié par ses beaux parents qui ne voient en lui qu'un "socialiste" (une insulte à leurs yeux). Il aimerait vivre comme un artiste de ses œuvres mais n'a pas le sentiment que son travail à Hollywood ait quoi que ce soit d'artistique. Du coup, il se morfond en réécrivant éternellement son premier roman, à jamais insatisfait car il passe son temps à se comparer, lui et son roman, à ses maîtres à penser.

Donc tout ce beau monde est à Paris et rencontre un couple d'amis d'Inez qui était aussi de passage ici. Les deux jeunes couples commencent à faire quelques sorties ensemble mais très vite Gil essaye de s'isoler, n'en pouvant plus du caractère pédant et "Mr-parfait-je-sais-tout" de Paul (le mec de l'autre couple, qui est un ancien flirt de fac d'Inez, histoire de rendre le tableau parfait).

Au terme d'une dégustation de vin, Gil (un peu pompette) décide de rentrer directement a pied jusqu’à l'hôtel plutôt que d'aller en boite avec les autres...
Gil marche dans paris dans la nuit, se perd forcément, et là une vielle peugeot s’arrête devant lui... et allez voir le film pour la suite

Ce film m'a beaucoup plus et j'avoue que j'avais peur de tomber juste sur une carte postale de 2h sur Paris. Mais non pas du tout (du moins pas tant que ça). On y découvre des acteurs très bons, une lumière très belle et une histoire qui nous parle du doute, de rêves, de la nostalgie fantasmée d’époque que l'on a pas vécue. Le scénario est très sympa avec une toute petite pointe de fantastique et d'humour, le tout très bien servi par des acteurs qui jubilent de jouer leur rôle (et je les comprends!).
Je n'ai pas souvent vu de films de Woody Allen mais celui-ci est, je pense, un des meilleurs que j'ai vus.

Seuls deux bémols:
1/ l'intro...
Il faut résister au 5 premières minutes qui ne sont qu'une énorme carte postale de Paris où s’enchaînent des plans larges de la ville et ses coins "pittoresques". Alors je comprends que ça peut passer auprès de gens qui ne sont jamais ou rarement allés à Paris, mais pour un natif, être dans une salle de cinéma pour voir des images de ce qu'on a dehors... non je peux pas...
2/ Marion Cottillard...
J'en ai marre de la voir tout le temps... je commence a faire une overdose, le pire est qu'elle plutôt bonne actrice (mais pas la meilleure du casting, loin de là) mais, parce que elle est la french-girl du moment, les réalisateurs se sentent en devoir de se la passer les uns les autres. Pourquoi tu fais pas une pause Marion? T'as des dettes? Les réalisateurs t'ont piqué ton passeport en maintenant tu es leur esclave cinématographique? Sincèrement, autant pour nous que pour toi, calme-toi et retourne faire un peu de série télé ou de théâtre, mais après un congé sabbatique.

vendredi 13 mai 2011

Pas de sushi? Tome III: le plus ancien restaurateur japonais de Paris

Ma cousine a eu la bonne idée de me rendre visite et de me faire découvrir le Takara (http://isaora.free.fr/). On reste entre Palais royal et Opéra pour se rendre chez le plus ancien restaurateur japonais de Paris (près de 40 ans) et classé par Pudlo en 2007 comme l'une des 1000 meilleures tables de France. L'endroit est plus cher que les autres adresses (voir ici) dont j'ai parlé (en particulier pour ce qui est des menus) mais on se laisse séduire par l'aspect traditionnel et par les mille et une petites choses à déguster sur la carte. Plutôt que de prendre des sushis, que mon palais béotien d'occidentale arriverait difficilement à distinguer de ceux de la rue Monsieur le prince, j'ai pioché dans les plats que mes personnages de mangas préférés mangent à longueur de pages et qui m'intriguaient depuis un certain temps. L'onigiri à la prune salé est une révélation! L'option dégustation « 3 entrées » (10 euro) permet de s'essayer une salade d'algues et d'un objet que j'ai classé dans le groupe des mollusques marins (sans me risquer plus loin), du brocoli au miso-blanc et des légumes coupés fins au sésame. Les portions sont minuscules mais les saveurs très équilibrées, la présentation soignée et minimaliste. Le tout est servi par de ravissantes demoiselles en kimono dans un décors bois et papiers japonais. Les fondues japonaises ont fait la réputation du lieux (compter 60 €/personne). Il est avisé de réserver le soir. Un endroit plus pour les gourmets que pour les gourmands, à moins de prévoir un budget conséquent.

lundi 9 mai 2011

Le Village aux Huit Tombes

Un nom qui sonne comme un présage funeste et pour cause.
La légende veut que, plusieurs siècles plus tôt, les villageois avides aient assassiné 8 samouraïs venus se réfugier dans les montagnes, afin de voler leur or. Le massacre fut vain, personne n'ayant réussi à retrouver le trésor. Depuis une malédiction flotte sur le village dont l'histoire est semée d'évènements tragiques.
Tatsuya est orphelin et a grandi loin du village dont sa mère s'est enfuie alors qu'il était encore un petit enfant. Mais, après la guerre, ses grands tantes le retrouvent, le supplient de rentrer au village et de prendre la direction de la maison de l'Est. Le jeune homme ignore tout des fantômes, des malédictions, des trésors, et plus encore de sa propre et tragique histoire. Quand les empoisonnements commencent à décimer les proches de Tatsuya, les villageois ne peuvent s'empêcher de murmurer qu'il a ramené la malédiction. Bientôt, il leur faudra un bouc-émissaire.

Un très bon livre policier. Dans ces terres isolées et gouvernées par la superstition, les « qu'en dira t-on » et les légendes, on a l'impression de se trouver à la frontière du moyen âge. L'écriture est fluide et belle, les personnages intéressants. Le suspens tient bon tout au long du roman.
Yokomizo Seishi (1902-1981) publie son premier roman policier à l'âge de 19 ans alors qu'il travaille comme employé de banque. Quelques années plus tard, un diplôme de pharmacie en poche, il décide de se rendre à Tokyo pour devenir écrivain, plutôt que de reprendre la boutique familiale. Son travail sera durement éprouvé par une tuberculose et par la guerre (son travail ne sera pas publié pendant toute cette période). Mais après cette sombre période, il connait un succès national, surtout au travers de son détective privé Kosuke Kindaichi (que l'on croise dans le village aux 8 tombes), un petit homme bégaillant et mystérieux. Un genre d'Hercule Poirot japonais. Je lorgne sur l'adaptation cinématographique du « clan Inugami ». Avec un peu de chance pour une prochaine chronique.

jeudi 5 mai 2011

Pas de sushi? Tome II : quelques adresses parisiennes

En France, on peut à présent déguster des sushis ou des makis presque partout, selon des formules devenues hyper-stéréotypées. Les restaurateurs ne s'y trompent d'ailleurs pas, l'effet de nouveauté est passé. Pour attirer le chaland, les makis s'occidentalisent (le fameux california maki) ou se colorent (dragon maki). Alors, comment changer du sempiternel N12?
Voici une photo probablement intitulée Jackie Chan a un gros sushi! ok je sors
Dans les « bars tournants », on choisit ses sushi dans de petites assiettes qui circulent sur un tapis roulant, puis on empile les assiettes et on paye à la sortie. Le concept est ludique et permet au client de tester des sushi légèrement atypiques (au poulpe, à l'anguille, aux oeufs de lumps...). Hélas, celui que j'ai tenté, du coté de Montparnasse, n'était ni sensationnel pour la qualité des sushis ni original. Je ne le recommanderais pas particulièrement, si ce n'est pour ceux qui ont un gros appétit et aiment le concept « à volonté » (15 euros le midi).

Pour ce qui est de la cuisine japonaise, il est avisé de trainer du coté d'Opéra et de la rue Sainte-Anne. Chez Koba, 7 rue de la michaudière, est un petit restaurant qui ne paye pas de mine. Un peu sombre, pas hyper reluisant, l'ameublement est fait de bric et de broc : on a l'impression d'être au bled, version soleil levant. Mais premier bon signe : la moitié de la clientèle est japonaise. Et en effet, je me suis régalée. En dehors des habituels sushi ou unagi (anguilles délicieusement caramélisées), le menu dégustation peut satisfaire 2 petits appétits et surtout permet de s'initier à d'autres saveurs : tempuras, teriyaki... Je conseille également le poisson « mi-cuit » fondant et délicieux que je n'ai jamais retrouvé sur une autre carte et le calpico, sorte de petit lait légèrement acide et sucré qui change du traditionnel thé vert ou de l'Asahi.

Un peu plus loin on se rend chez Higuma, 32bis rue Sainte-Anne. Le restaurant se repère facilement à la queue perpétuelle de clients devant la vitrine. Ici pas de sushi, mais des ramens, des gyozas... Les ramen, des nouilles, en soupe ou sautées, font frétiller les papilles. Charme supplémentaire, elles sont préparées devant vous par des chefs aux airs imperturbables (comme tout bons Japonais). On peut y déguster ma madeleine de Proust nippone : l'oyakodon (qui pourrait se traduire approximativement par "toute la famille est dans le plat", rapport au fait qu'on y retrouve du poulet et des œufs) -une très bonne amie japonaise m'avait fait ce plat un soir où elle souhaitait me faire découvrir la cuisine de son pays- mais également d'autres plats typiques comme du tofu et du bœuf haché au piment... Une fois qu'on a réussi à alpaguer une table, c'est bon et c'est pas cher! (rem, la photo est tirée de ce chouette blog dédié à la cuisine japonaise).

En descendant vers le Louvre, on peut enfin s'arrêter dans un bistrot japonais : le Izakaya Issé. Si les formules sont peu nombreuses le midi (boeuf, saumon ou unagi, le jour où nous y sommes allés), la cuisine est plus fine et goûteuse que dans la plupart des restaurants japonais. De plus, ma portion d'unagi était plus imposante que d'ordinaire. Résultat des courses, les papilles sont au VIIème ciel pour 2 euros de plus que dans un japonais classique (compter à partir de 12 euro le menu à midi). Mais le grand plus de cet endroit c'est qu'il propose une quantité absolument dingue de saké! Pour en savoir un peu plus: http://workshop-isse-paris.blogspot.com/
Sur ce, Itadakimasu!

Pas de sushi? Tome I : un rapide historique


C'est parti pour une série sur le Japon (voir ici)! Pour tout dire, j'écris cet article en regardant Black Butler et en mangeant des onigiri maison (c'est pas encore parfait, en particulier pour le riz vinaigré, mais ça progresse). La photo est tirée d'ici. Encore peu connue il y a une quinzaine d'années, la cuisine japonaise s'est fait découvrir au travers d'une de ses spécialités. Rapide, fin, diététique tout en étant consistant, un brin exotique, le sushi séduit.
On peut remonter l'histoire de ce met depuis environ le IIème siècle en Chine! On découvrit que le riz fermenté avait la propriété de conserver les aliments. L'idée transita jusqu'au Japon . Dès le VIIème siècle, pour acheminer le poisson jusqu'aux provinces éloignées des côtes, on l'alternait avec des couches de riz. Une fois à destination, on jetait le riz et mangeait le poisson fermenté et parfois salé (on ne peut ici qu'imaginer l'odeur de ces funazushi).

Au XVème siècle, les habitants d'Edo eurent l'idée de rajouter du vinaigre de riz, améliorant de fait la conservation, le goût et l'odeur du plat. Ainsi naquit une version plus proche des sushis actuels avec l'association « riz-vinaigre-poisson». Mais la réalisation de ces poissons semi-fermentés prend encore beaucoup de temps (6 mois pour faire un funazushi!!). A l'ère Edo, le sushi évolue. Face à la crise, Matsumoto Yoshiichi, un médecin récemment installé à Edo, eut l'idée des « sushis prêts à la commande », une tranche de poisson cru dans dans une boule de riz vinaigré. Ceux-ci firent sa fortune.

Au XIXème siècle, le poisson n'est plus servi entouré de riz, mais surmontant un agglomérat pressé, dans la rue, comme amuse-bouche : c'est le nigirisushi tel que nous le connaissons. Il devint rapidement populaire dans tout le pays. Mais après la deuxième guerre mondiale, les sushis sont contraints de rejoindre l'intérieur des restaurants, pour des raisons sanitaires évidentes.

Dans le makizushi (sushi en rouleau), l'algue Nori est enroulée autour la bouchée pour d'éviter qu'elle ne se dessèche. Certains prétendent que ce serait à l'origine des yakuzas qui, ne voulant pas de riz collant sur leur doigts quand ils jouaient aux cartes, auraient eu cette idée.
Le temakizushi a quand à lui une forme de cône, enroulé dans l'algue. Je ne sais plus d'où je tiens que c'était les cuistots qui, pour manger plus vite, avaient pris cette habitude, qui devint ensuite un plat à part entière.
Et ce n'est qu'un petit aperçu dans nos assiettes. Il existe également des formes « artistiques » de sushi, qui propose des designs complètement fous, comme le montre le livre ci-contre! Quant à la déclinaison de la garniture, elle semble presque sans fin. C'est aussi un bon moyen de varier mon régime flexitarien (voir ici)!
Si on consomme du poissons cru au restaurant, entre amis, ou lors des fêtes, et même de nos jours en barquettes conditionnées, le sushi n'est pas le plat familial typique mais plutôt un met assez haut de gamme, rapport à la fraicheur et la qualité du poisson. C'est un art dans le choix de la matière première, la découpe, le dosage du wasabi, mais aussi dans la présentation avec ce style épuré si cher aux Japonais. Il faut en théorie plusieurs années pour maitriser ce savoir-faire délicat (n'en déplaisent aux formations sur internet qui propose de devenir sushi master en 15 jours... voire trouver l'amour en prime si vous parrainez 600 personnes dans les 3 mois).
Je pense à l'expérience étonnante de De Caunes dans les « Toqués de Tokyo » (reportage excellentissime diffusé sur canal!) : il se rend dans le restaurant de l'un des chefs les plus réputés de Tokyo. Le maître est en droit de choisir quels sushis le client doit manger et à quelle vitesse . De Caunes finit submergé par les sushis, les ingurgitant les uns après les autres avec un air de plus en plus désemparé. Pas si facile à avaler finalement! (voir pour plus de détails sur l'émission ce blog)

mardi 3 mai 2011

La marche du crabe. Tome 1 : La condition des crabes

Impossible de me souvenir où j'ai découvert la couverture de cette BD pour la première fois?
Tout ce dont je me souviens c'est qu'elle ne me donnait pas franchement envie de l'ouvrir. Heureusement cette première rencontre était accompagnée d'une critique qui par contre m'a intriguée.

Cette critique renvoyait au court-métrage "La Révolution des crabes" que voici :
http://www.youtube.com/watch?v=S6xncXA3rGM
Une très jolie fable métaphorique sur la destinée. Les personnages principaux sont des crabes carrés qui ont la particularité de ne pouvoir avancer qu'en ligne droite. Une vie bien monotone à subir la destinée qui les à fait naître à cet endroit précis, à aller et venir d'un point à un autre de leur plage, sans jamais rien découvrir de nouveau.

Pas d'idée vraiment révolutionnaire mais l'éternelle question : sommes-nous obligés de subir un destin tout tracé ? Ou avons-nous toujours le choix et donc sommes-nous « trop cons » pour penser à bifurquer, à inventer nous-même notre vie ?
Une histoire qui parle aussi de conformisme bref sur nos sociétés.
Une façon originale (métaphore des crabes) de nous rappeler ces questionnements.

Mon esprit scientifique a aussi été intrigué : ces crabes existent-ils vraiment?
Et vive internet : www.mer-littoral.org
« Pachygrapsus marmoratus
Crabe marbré
Pachygrapsus marmoratus est un crustacé qui peut atteindre 36 mm de long. Sa carapace a une forme presque carrée aux côtés convexes. Elle est à bord droit entre les yeux et présente trois dents pointues de chaque côté. Une marque longitudinale en creux est souvent visible au centre de la carapace. Sa coloration varie du brun violacé au noir avec des marbrures ocre-jaune plus marquées sur les pattes. Les pinces sont robustes et de taille identique. Le crabe marbré se déplace très rapidement sur les roches au niveau de l'estran et peut se cacher vivement dans les interstices des rochers et sous les pierres.
Pachygrapsus marmoratus se rencontre le long du rivage, sur l'estran. Présent à l'origine en Méditerranée, il est désormais signalé en Atlantique jusqu'aux côtes sud de l'Angleterre en Manche orientale. »
Conclusion : oui, ils existent, mais pas de référence à leur marche rectiligne. Bien sûr ça n'enlève rien à l'idée de l'auteur, j'aurai été épatée qu'une espèce animale ait vraiment cette caractéristique!...

Bref, revenons à notre BD, on y retrouve le film mais en couleurs et en plus développé, avec scènes supplémentaires notamment avec des humains. Et ce parallèle permanent et plus explicite entre les deux mondes (humain et animal). Cette fois la destinée immuable de nos crabes va être remise en cause par deux puis trois congénères qui vont s'associer pour changer leur trajectoire. Vont-ils réussir à changer leur destinée et l'écosystème de la plage, du monde ?
Nous ne le saurons pas dans ce tome puisque deux autres tomes vont suivre. Suivra aussi apparemment un long métrage du même nom.
http://www.lamarcheducrabe-lefilm.com/


Le dessin est simple et agréable, on retrouve chez les humains le style de Arthur de Pins (Pêchés mignons).

Arthur De Pins, La Marche du crabe, tome 1 : La conditions des crabes, Soleil, 2010.