mardi 24 mai 2011

Woody, Paris et les fantasmes

Bonsoir à tous,

Après une longue période d’absence, me revoici, et en plus, pour vous parler de quelque chose que la plupart des gens n'associent pas à ma personne: Woody Allen.
Certes, ceux qui me connaissent savent déjà que mon cœur balance vers des films à la mise en scène plus "tonique" (promis bientôt ma critique de Thor, et sitôt qu'il sort, celle de transformer 3).

Comme l'indique le titre de ce billet, nous parlerons ici du dernier film que nous livre Woody: "Minuit à Paris".
Fermez les oreilles, ouvrez les yeux, lisez et plantons le décor (petit musique de jazz lancinante) :
Gil et Inez sont fiancés, américains de passage a Paris, il profite des largesses des parents (et du poste à Paris du père) de cette dernière qui sont les archétypes du riche couple d'américains, tels que le monde entier se les imagine : de droite (républicain), sympathisant des tea party... Le père est un cadre très haut placé et la mère... et bien son seul devoir en dehors de ceux conjugaux semble être de maintenir un style de vie en dépensant les milliers de dollars que gagne son mari.

Inez, leur fille, semble habituée et approuver ce partage des tâches et on devine aisément que c'est l'avenir qu'elle se trace avec son futur époux Gil.
Gil, parlons donc de lui, le futur mari. Lui au final, c'est un rêveur, une âme poète. Scénariste à Hollywood, il gagne bien sa vie mais son rêve est de faire des romans, de côtoyer des peintres, des romancier et autres artistes. Humaniste dans l’âme, il n'est pas apprécié par ses beaux parents qui ne voient en lui qu'un "socialiste" (une insulte à leurs yeux). Il aimerait vivre comme un artiste de ses œuvres mais n'a pas le sentiment que son travail à Hollywood ait quoi que ce soit d'artistique. Du coup, il se morfond en réécrivant éternellement son premier roman, à jamais insatisfait car il passe son temps à se comparer, lui et son roman, à ses maîtres à penser.

Donc tout ce beau monde est à Paris et rencontre un couple d'amis d'Inez qui était aussi de passage ici. Les deux jeunes couples commencent à faire quelques sorties ensemble mais très vite Gil essaye de s'isoler, n'en pouvant plus du caractère pédant et "Mr-parfait-je-sais-tout" de Paul (le mec de l'autre couple, qui est un ancien flirt de fac d'Inez, histoire de rendre le tableau parfait).

Au terme d'une dégustation de vin, Gil (un peu pompette) décide de rentrer directement a pied jusqu’à l'hôtel plutôt que d'aller en boite avec les autres...
Gil marche dans paris dans la nuit, se perd forcément, et là une vielle peugeot s’arrête devant lui... et allez voir le film pour la suite

Ce film m'a beaucoup plus et j'avoue que j'avais peur de tomber juste sur une carte postale de 2h sur Paris. Mais non pas du tout (du moins pas tant que ça). On y découvre des acteurs très bons, une lumière très belle et une histoire qui nous parle du doute, de rêves, de la nostalgie fantasmée d’époque que l'on a pas vécue. Le scénario est très sympa avec une toute petite pointe de fantastique et d'humour, le tout très bien servi par des acteurs qui jubilent de jouer leur rôle (et je les comprends!).
Je n'ai pas souvent vu de films de Woody Allen mais celui-ci est, je pense, un des meilleurs que j'ai vus.

Seuls deux bémols:
1/ l'intro...
Il faut résister au 5 premières minutes qui ne sont qu'une énorme carte postale de Paris où s’enchaînent des plans larges de la ville et ses coins "pittoresques". Alors je comprends que ça peut passer auprès de gens qui ne sont jamais ou rarement allés à Paris, mais pour un natif, être dans une salle de cinéma pour voir des images de ce qu'on a dehors... non je peux pas...
2/ Marion Cottillard...
J'en ai marre de la voir tout le temps... je commence a faire une overdose, le pire est qu'elle plutôt bonne actrice (mais pas la meilleure du casting, loin de là) mais, parce que elle est la french-girl du moment, les réalisateurs se sentent en devoir de se la passer les uns les autres. Pourquoi tu fais pas une pause Marion? T'as des dettes? Les réalisateurs t'ont piqué ton passeport en maintenant tu es leur esclave cinématographique? Sincèrement, autant pour nous que pour toi, calme-toi et retourne faire un peu de série télé ou de théâtre, mais après un congé sabbatique.

2 commentaires:

  1. Vu :) et adoré aussi!
    Ce qui m'épate avec Woody Allen, c'est qu'il arrive à nous faire payer et jubiler pour suivre sa psychothérapie qui dure depuis 30 ans. Et cet opus là est particulièrement pétillant.
    Après, j'aimais bien la carte postale. En effet, c'est le circuit que je fais dès qu'un américain vient me rendre visite et pour cause. Ces lieux ne sont pas devenus emblématiques sans raison, ils sont gravés dans l'inconscient collectif comme la marque d'un paris de fantasme. Woody force sur la mise en scène cliché mais c'est un jeu dans ses films, comme les artistes dans vicky christina barcelona qui peignent à grands coups de pinceau avec des airs de cocaïnomanes gonflés aux hormones. Woody connait des tonnes de peintres et sait bien que cette image du créatif n'est pas crédible. Cela dit, on prend plaisir à retrouver quand même ces images par ce qu'elle nous conforte et nous donne tout de suite le ton du film "humour gentil".
    Ce qui m'a plus gêné, c'est que dans ses comédies, 9 x sur 10, Woody met en scène Woody. Et comme il n'a plus l'âge de séduire Marion cotillard (que j'ai trouvé particulièrement délicieuse dans ce film, au contraire de la première dame qui joue comme une espadrille), il demande à Owen de jouer - que dis je- de singer Woody. J'ai trouvé çà dommage de ne pas profiter de l'opportunité pour laisser à cet acteur la place de trouver sa voie. Tout, de la démarche peu sexy aux main enfoncée dans les poches, aux manières névrotiques face aux femmes, en passant par le besoin de séduire et la peur de la mort, c'est le rôle de Woody depuis son premier film. A mon sens, il est un très bon réalisateur, un acteur assez drôle, mais faut un peu laisser de la place aux autres et arrêter 15 s de se regarder le nombril. En même temps, sans ça, est ce que ce serait encore un Woody Allen?

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  2. Idem!!
    Oui, je ne suis pas parisienne et j'ai beaucoup aimé la carte postale, je pense en effet que c'est l'effet rassurant des symboles inscrits dans notre inconscient culturel mais c'est beau et si...parisien?!
    Pareil pour le caractère des parents et de la fille si symboliquement américains, sans oublier bien sûr l'ex amour de jeunesse, particulièrement antipatique.
    Intriguée en effet par la ressemblance de jeu entre Woody Allen et son acteur... J'ai croisé une collègue qui sortait du cinéma quand j'y entrais, elle m'a dit avoir été déçue de ne pas voir Woody Allen dans son film mais rassurée qu'il ait trouvé un acteur qui lui ressemble. C'est peut être ça qu'a cherché Woody Allen et c'est en effet assez nombriliste.
    Je suis entrée dans le fantasme de la belle époque et Marion Cotillard y était pour beaucoup.
    Eh oui, tout était tellement mieux avant...
    (Et vlan! un coup de vieux!)

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