jeudi 10 février 2011

Mes amours coupables avec Jane Austen. I

Comme souvent, cette histoire d'amour a commencé d'une manière absurde. C'était il y a quelques années, alors que toutes les librairies, y compris la sérieuse COOP de Harvard square, affichaient dans leur vitrine « Pride, prejudice and zombies ». Sur la couverture, une jeune fille au teint diaphane et aux cheveux savamment relevé, portant une tunique plissée et de longs gants blancs, a la moitié du visage dézingué et maculée de sang. Il y a quelque chose de mordant et de terriblement drôle dans cette image. Il faut dire que j'entretiens depuis quelques temps une idylle avec les zombies. Quelques Romero par ci par là, mais surtout des « zombie marchs », de Boston à Paris. Le faux sang, les tee-shirts déchirés, les hurluberlues qui déambulent en boitant, bavant, grognant ça me rend tout chose. Donc, c'est le coup de foudre, sans connaître vraiment ce qui se cache derrière cette couverture aguichante (mais n'est-ce pas le propre des coups de foudre?). Dans la foulée, je me fais la promesse de ne pas acheter l'objet de mes désirs tant que je n'ai pas lu l'original. Même si je dois m'étouffer à force de guimauve romantique, supporter les monologues assommants de bourgeoises britaniques du XIXème et une prose aussi digeste que du pudding (anglais pour faire bonne mesure). J'achète « Pride and Prejudice » le jour même. De Jane Austen, je ne connais que des titres à deux battants (raison et sentiments; orgueil et préjugés) et le fait qu'ils génèrent une quantité formidable d'adaptations cinématographiques riches en costumes d'époque.

Le premier chapitre est étonnamment douloureux. Est-ce lié à l'anglais XIXème ou au fait qu'une dizaine de personnages sont mentionnés en l'espace de 4 pages, mais j'abandonne, c'est Waterloo. Quelques mois plus tard, mue par mon désir tenace de me voir ses jeunes filles en dentelles aux prises avec une horde de zombies putrides, je reprend ma lecture, calmement.

Je ne sais pas trop quand le charme a opéré. Les premiers temps, je m'ennuyait ferme. Jusqu'au départ de Bingley, je n'y voyais qu'une bande de gamines gâtées, affublées d'une mère irritante, en quête d'un prince charmant, riche si possible. Puis, j'ai commencé à raconter l'histoire à mon copain au petit dej; un jour j'ai engueulé Darcy à voix haute parce que cet incapable n'arrivait pas à exprimer correctement ses sentiments; à la suite de quoi j'ai fait un speach motivationnel à Jane; essayé de raisonner Lizzy; tremblé pour cette imbécile de Lydia; sermonné Mr Bennet ... Bref, à ce stade, je n'ai plus beaucoup lâché le livre.

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