samedi 13 août 2011

Bio ou Pas bio II : quelques idées en vrac


Attention, ce qui suit traduit une opinion personnelle, en aucun cas un avis d'expert.


Savoureux ou pas savoureux? Il y a du bio très savoureux et du bio dégueulasse (pensée pour les nouilles pâteuses et sucrées testées la semaine dernière). De même pour le conventionnel. Bien sûr, si l'on compare les produits de son maraîcher bio et les premiers prix d'un discount, la différence risque d'être évidente et sévère. Soyons honnêtes, ce que l'on compare, c'est la somme d'argent qu'un consommateur consent à investir dans un produit. Plus cette somme est importante, plus l'attente de qualité croît. Donc le meilleur n'est pas forcément un bon argument.

Local. Même chose, c'est idiot. Dans mon supermarché, on a des kiwis bio qui viennent d'Afrique du sud. Ce qui montre bien que l'on a amalgamé les labels sans réfléchir.

Pour être mince. On peut manger de la pizza bio et de l'hamburger bio avec des frites bio et du soda bio. Cependant, le consommateur bio, qui fait un choix couteux, est généralement dans une démarche qui inclut un aspect diététique. Mais on peut tout à fait être obèse et manger bio.

Meilleur pour la santé. Ici le problème prend du relief. Dans l'émission sus-citée, l'anti-bio insiste sur le fait que certaines bactéries, qui sont éliminées dans la filière conventionnelle (par traitement au chlore ou chauffage), passent au travers du filet dans le bio. Argument intéressant. Cependant on peut se demander combien de morts sont à imputer aux pesticides. Il n'existe peut être pas d'étude claire, en santé humaine, reliant un meilleur état santé et une alimentation bio, donc avec moins de produits chimiques (et encore, à fouiller). C'est difficile quand il s'agit de maladies multifactorielles comme le cancer, l'obésité, le diabète.
En premier lieu, peut-on réellement comparer ces deux populations? Comme le montre cette étude néo-zélandaise (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S095032939700044X), l'alimentation bio est une part d'un mode de vie généralement plus sain pour une clientèle plus soucieuse de son indice de masse corporelle et de sa santé en général. Donc a priori, non.
Mais le problème est-il vraiment là? J'ai le sentiment que nous avons l'impression qu'il existe une justice mystique dans la maladie. Combien de fois ai-je entendu :« si tu fumes, tu auras un cancer ». Non : fumer augmente grandement les risques de cancer. Ca, c'est une vérité (affichée derrière les paquets de cigarettes). Nous parlons de statistiques. Or le cancer frappe même des non fumeurs-non buveurs qui mangent bio et font du sport. Il n'y a pas de sauf-conduit que l'on peut acheter par un bon comportement. A l'échelle de la population, ça marche. Mais quand la maladie est là, on sort des statistiques -inapplicables à l'individu, n'est ce pas Asimov?- et c'est toujours un drame. Donc, on peut manger bio et être malade.


Alors, pourquoi manger bio? Un premier argument (certes un peu léger) est la diversité des produits bio. On trouve des déclinaisons de céréales, de tofus, de légumes rarement offertes dans les produits issus de l'alimentation conventionnelle (et pour avoir un régime flexitarien et un gros faible pour les topinambours, je suis bien contente d'avoir un magasin bio pas loin). Donc pour sortir de l'ordinaire.
Mais surtout, surtout, pour l'environnement. Ma pomme? Je vis dans une ville polluée, j'ai fumé pendant 10 ans, j'ai fait des boulots stressants et je mange du saumon fumé. Je ne me fais pas trop d'illusions sur mon capital cancer, qui vivra verra. Mais par contre, les effets désastreux des pesticides sur la flore, la faune, la vie dans les sous-sols, la biodiversité... ont été démontrés. Pas la peine d'attendre. Or, on en fait déjà suffisamment baver à notre planète comme ça. Comme le montre la carte ci-dessous, on peut mieux faire.




Pour plus d'infos :
voici un livre assez académique sur le sujet : Agricultural pollution de Merrington et al (en anglais) à feuilleter sur google books.
Même le gouvernement chinois, qui semble privilégier le développement économique à l'écologie, est préoccupé par les conséquences sur la qualité de l'eau, comme le montre cet article (source : site du ministère français de l'agriculture) :
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Note_veille_35.pdf

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