mercredi 20 juillet 2011

Deux thrillers coréens



« J'ai rencontré le diable » s'apprête à sortir discrètement des salles sombres et nous donne l'occasion de nous intéresser un peu aux thrillers coréens. Comme l'explique cet article très complet, http://www.ecranlarge.com/article-details-20435.php, il y a de petits bijoux à glaner dans la péninsule asiatique.
Avec, à l'affiche, le très perturbant Choi Min-sik, ahurissant dans Old Boy (second métrage de la trilogie Vengeance de Park Chan-wook -une des plus belles claques cinématographiques de ces dix dernières années si on demande mon avis-), on pouvait attendre beaucoup de « j'ai rencontré le diable ». Hélas, cet opus a de bons ingrédients mais ne prend pas. Un tueur en série s'attaque par hasard à la petite amie d'un agent secret qui ferait passer Jack Bauer pour un enfant de coeur. Ce dernier promet de faire souffrir au moins 10 000 fois plus le psychopathe qui a découpé sa fiancée en morceaux et met au point une traque vicieuse, alliant souffrance physique et torture psychique. Seulement, il sous estime son adversaire. Un scénario très Nietzschien : doit on devenir un monstre pour en tuer un (« si tu regardes longtemps au fond de l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi »)? La photographie est excellente et certaines scènes de bagarre (doux euphémisme) sont à couper le souffle (lieux oppressants et espaces confinés) et se vautrent littéralement dans la violence (avis : déjeuner léger avant d'aller voir le film). Le réalisateur réussi à glisser quelques sourires entre des hauts le cœur, bel exploit, ce qui fait passer les 2h20 de film. Lee Byung-hun qui joue le fiancé nihiliste est très agréable à regarder quand à Choi Min-sik, il est toujours aussi renversant. Cependant, le scénario pêche par endroit, ce qui décrédibilise l'ensemble. C'est dommage. Donc, un avis mitigé, moi j'ai pas marché.

J'ai largement préféré «Memories of murder », sorti en 2003. Ce film est certes plus lent , mais l'histoire est impeccablement ficelée et les acteurs -jusqu'au petit lampiste au fond à droite- tous excellents. En 1986, on retrouve le corps d'une jeune femme dans la campagne. Deux mois plus tard, les assassinats se multiplient. La rumeur d'un tueur en série enfle. Une équipe spéciale est mise en place alliant un flic local très old school -qui n'hésite pas à tabasser les suspects et force sur le saké- à un enquêteur spécialement dépêché de Séoul -qui aime ses chemises bien repassées et la paperasse. Un duo rat des ville-rats de champs, version policière. Mais en absence de preuves et de moyens techniques, les deux hommes commencent à douter. Ce film réaliste et amer s'inspire de faits réels. Entre 1986 et 1992, le premier tueur en série officiel de la Corée du Sud viola et tua 10 femmes dans un rayon de 2 km; la plus âgée ayant 71 ans, la plus jeune 13. Malgré les 3000 personnes interrogées et les 300 000 policiers mobilisés pour l'enquête, personne n'a jamais été inculpé pour ces crimes.

Avis aux amateurs du genre: il ne faut pas hésiter à fouiller dans le polar made in Corée, en gardant à l'esprit qu'il ne connait pas de happy end.

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