samedi 30 avril 2011

Ellroy et les femmes


Ceux qui ont lu ou vu « le Dahlia noir » ou « L.A. confidential » se doute bien du fait que Ellroy, monument du roman noir américain, a quelques menus problèmes avec le beau sexe. Dans ces œuvres, les femmes, fragiles et fatales, sont soumises à la violence et aux désirs des hommes. Si leurs tripes (comme celles du Dahlia) ou leurs fesses (les prostituées de luxe de LA) sont bien en évidence, leurs cœurs restent éternellement insondables, hors de la portée des hommes.

Et bien en lisant « Ma part d'ombre », on comprend pourquoi. Jean Ellroy, mère de James, a été découverte le matin du 22 juin 1958 étranglée avec son bas dans la petite bourgade d'El Monte, à quelques km de L.A. L'auteur n'a alors qu'une dizaine d'année. Ma part d'ombre est le récit de l'histoire de Jean et de James. Le noyau d'une vie est là, dans le cliché noir et blanche du corps d'une femme « quarante ans/rousse/yeux noisette/ 1m67/60kg » retrouvée sur les abords d'un terrain de sport. Bonjour l'œdipe.

Le livre se scinde en plusieurs parties. Tout d'abord, l'enquête de 1958, précise et chronologique. Pas d'internet pour trouver les suspects, pas de tests ADN, l'enquête revient à user ses chaussures et les témoignages forment l'essentiel des preuves. On retrace les dernières heures de « la Rouquine ». Pourtant, on ne trouvera jamais de suspects convenables.

La deuxième partie retrace la descente aux enfers de James Ellroy, qui avant d'être écrivain à succès fut fils de divorcée, orphelin de mère, voleur à la petite semaine, menteur, tocard, voyeur, obsédé sexuel, drogué, fou pour finir contre toute attente en cadi dans les golfs chic de LA. Les romans policiers et les meurtres sordides de femmes deviennent une véritable obsession, une drogue, qui le rattache à sa mère tout en lui permettant de la désincarner. Le récit est cru, sale.

Enfin, Ellroy raconte l'enquête qu'il a mené en 1994 avec Bill Stoner de la criminelle. Les deux hommes ont repris entièrement le dossier Jean Ellroy. L'occasion pour l'auteur de confronter enfin le fantôme de sa mère et de s'y fondre.

Il m'a fallut un temps infini pour lire ce livre; il est long, très long, pour moi trop long. La première partie est très intéressante. Le style haché et froid permet de contempler ces meurtres de façon chirurgicale, sans pathos et c'est tant mieux. Mais le dernier chapitre (qui couvre 250 pages), on se perd dans une multitude de noms, de témoins, de retour à 0, de répétition. Si cela mime très efficacement les frustrations d'une enquête (qui dure plusieurs mois), j'ai eu du mal à rester accroché.

Un voyage très noir et sans complaisance au cœur d'une certaine Amérique de la fin des années 50, où le rêve se fissure.

2 commentaires:

  1. Tu m'en avais déjà parlé et il faudra vraiment que je te l'emprunte au moins pour la première partie.

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  2. même chose que pour incendie : si un jour tu as envie de mettre à la poubelle ta bonne humeur, c'est une excellente méthode lol! Mais çà reste intéressant, en particulier le coté première main qui est narré avec la maitrise d'Ellroy. Sinon prépares toi des hello kitties en secour hihi

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